Le Liban continue de figurer parmi les pays les plus corrompus au monde, selon le Corruption Perceptions Index (CPI) 2024 publié par Transparency International. Classé 154e sur 180 pays, le Liban enregistre un score de 24 sur 100, révélant une gouvernance affaiblie par la corruption systémique, l’impunité et l’absence de réformes institutionnelles.
Un classement qui illustre la détérioration du climat politique et économique
La corruption est depuis longtemps un facteur aggravant de la crise économique libanaise, alimentant le clientélisme politique, la mauvaise gestion des finances publiques et le détournement de fonds publics. Avec une note de 24/100, le Liban reste dans la catégorie des pays à risque élevé, au même niveau que des pays en conflit ou souffrant d’instabilité politique chronique.
Année | Classement mondial | Score CPI (/100) |
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2019 | 137e | 28 |
2020 | 149e | 25 |
2021 | 154e | 24 |
2022 | 150e | 26 |
2023 | 154e | 24 |
2024 | 154e | 24 |
Le classement du Liban parmi les pays arabes est également alarmant. Il se positionne 15e sur 18 pays, devancé par des pays comme le Maroc (99e mondial, 38/100) et l’Égypte (130e mondial, 30/100), mais juste devant la Syrie (178e mondial, 13/100) et le Yémen (176e mondial, 16/100).
Les secteurs les plus touchés par la corruption
Selon Transparency International, la corruption au Liban affecte plusieurs secteurs clés :
- Le secteur public : La mauvaise gestion des finances publiques et l’évasion fiscale pèsent lourdement sur l’économie.
- Le secteur judiciaire : Le manque d’indépendance de la justice entrave les poursuites contre les personnalités impliquées dans des affaires de corruption.
- Les marchés publics et les infrastructures : De nombreux contrats d’État sont attribués sur la base de considérations politiques, au détriment des critères de transparence.
- Le secteur bancaire : Les pratiques opaques et le manque de régulation ont facilité l’effondrement financier du pays.
Pourquoi le Liban ne parvient pas à enrayer la corruption ?
Plusieurs facteurs expliquent l’incapacité des autorités à lutter contre la corruption :
- Un système politique basé sur le confessionnalisme qui favorise le clientélisme et la répartition des postes en fonction des affiliations religieuses plutôt que des compétences.
- L’absence de réforme judiciaire, qui permet à de nombreuses personnalités politiques et économiques d’échapper aux poursuites.
- Le manque de transparence dans la gestion des fonds publics, notamment dans les subventions, les projets d’infrastructure et l’aide internationale.
Conséquences économiques de la corruption
La corruption au Liban a des répercussions économiques lourdes :
- Un déficit budgétaire chronique, lié aux détournements de fonds et à la mauvaise gestion fiscale.
- Un climat d’investissement détérioré, les entreprises étrangères étant réticentes à opérer dans un environnement instable et opaque.
- Une crise sociale aggravée, avec une population qui perd confiance dans les institutions et un État incapable d’assurer les services de base.
Les pistes pour améliorer la transparence au Liban
Pour sortir de cette spirale, plusieurs réformes sont indispensables :
- Renforcement des institutions de lutte contre la corruption, notamment en donnant plus de pouvoir à la Commission nationale de lutte contre la corruption.
- Réforme du système judiciaire, pour garantir l’indépendance des juges et accélérer le traitement des affaires de corruption.
- Mise en place d’un cadre légal strict sur la transparence des marchés publics, avec des mécanismes de contrôle renforcés.
- Pression internationale, notamment de la part des bailleurs de fonds et des organisations financières, pour exiger des réformes en échange d’aides économiques.