jeudi, mars 27, 2025

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Le Liban inaugure le gouvernement Nawaf Salam

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Un nouveau gouvernement au Liban : entre espoirs de changement et défis persistants

Un accord inespéré après des années de vide institutionnel

Après plus de deux ans sans gouvernement fonctionnel, le Président Joseph Aoun a signé un décret acceptant la démission du gouvernement sortant de Najib Mikati et un autre désignant Nawaf Salam pour former un nouveau cabinet. À l’issue de longues négociations, un accord a été trouvé pour la formation d’un gouvernement de 24 ministres, une avancée qui soulève à la fois des espoirs et des interrogations sur sa capacité à relever les défis du pays.

Depuis 2022, le Liban était sans exécutif opérationnel, plongé dans une impasse politique qui a paralysé toute tentative de réforme économique et sociale. Les divisions profondes entre les forces politiques ont rendu impossible l’émergence d’un consensus, retardant les négociations avec les institutions financières internationales et laissant les citoyens livrés à eux-mêmes face à la crise.

Un équilibre politique fragile dans la répartition des ministères

Comme toujours au Liban, la composition du gouvernement repose sur un équilibre confessionnel et politique complexe, condition sine qua non pour éviter de nouveaux blocages. Les ministères régaliens (Défense, Intérieur, Finances et Affaires étrangères) ont été répartis entre les différentes forces politiques, selon une logique de compromis et de partage du pouvoir.

Le gouvernement de Nawaf Salam comprend des technocrates censés garantir une gestion plus efficace, mais aussi des figures politiques issues des principaux blocs traditionnels. Cette présence de l’ancienne garde politique suscite des critiques quant à la réelle indépendance de l’exécutif et renforce les doutes sur sa capacité à mener des réformes ambitieuses.

Des défis économiques urgents

Ce gouvernement prend ses fonctions dans un contexte d’effondrement économique sans précédent. Depuis 2019, le Liban traverse l’une des pires crises financières de son histoire, marquée par l’effondrement de la livre libanaise, une inflation galopante et l’effondrement du secteur bancaire.

L’une des priorités du gouvernement Salam sera de relancer les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), qui exige en contrepartie des réformes majeures, notamment sur la restructuration du secteur bancaire, la transparence des finances publiques et la lutte contre la corruption. Cependant, les précédents gouvernements n’ont jamais réussi à imposer ces réformes, freinés par les résistances internes des élites politiques et financières.

Sans aide internationale et sans réformes structurelles, le Liban risque de rester enfermé dans une spirale de pauvreté et d’instabilité économique, tandis que les investissements étrangers continuent de fuir le pays.

Une instabilité politique persistante

Si la nomination du gouvernement met fin à une longue période de vide institutionnel, elle ne garantit pas pour autant une stabilité durable. Les tensions entre les différents blocs politiques restent vives, et plusieurs dossiers sensibles risquent de diviser profondément les membres du cabinet.

Parmi les sujets les plus conflictuels figurent :

  • La réforme du secteur bancaire, toujours bloquée malgré l’effondrement des banques.
  • La reconstruction du port de Beyrouth, sujet hautement polémique après l’explosion de 2020.
  • Les élections présidentielles à venir, qui pourraient provoquer de nouveaux désaccords au sein du gouvernement.

Si Nawaf Salam ne parvient pas à gérer ces dossiers de manière efficace et rapide, le pays risque de replonger dans une nouvelle phase d’instabilité gouvernementale, renforçant ainsi la défiance des citoyens envers les institutions.

Une société civile sceptique et en attente d’actions concrètes

Après des années de blocage, la société civile attend des actions immédiates et concrètes. L’exode massif des jeunes et des talents, la dégradation des services publics et la pauvreté grandissante rendent l’urgence sociale et économique plus pressante que jamais.

Cependant, les Libanais restent profondément sceptiques quant à la capacité de ce gouvernement à agir. Les précédentes tentatives de réformes ont systématiquement échoué, et l’influence persistante des partis politiques traditionnels laisse peu d’espoir pour un véritable changement.

Ce gouvernement pourra-t-il réellement briser le cycle de crises qui frappe le Liban depuis des années ? Ou bien sera-t-il un nouvel exécutif paralysé par les jeux de pouvoir internes ? L’avenir du pays dépendra de sa capacité à mettre en place des réformes rapidement et efficacement.

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Newsdesk Libnanews
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