Le Saint-Siège a officiellement confirmé, ce mardi 7 octobre 2025, le premier voyage apostolique du pape Léon XIV hors d’Italie, qui inclura une étape au Liban du 30 novembre au 2 décembre. Cette annonce, faite par le bureau de presse du Vatican, intervient dans un contexte de tensions régionales persistantes et marque un geste symbolique fort envers les communautés chrétiennes du Proche-Orient. Le souverain pontife, premier pape américain de l’histoire, effectuera auparavant une visite en Turquie du 27 au 30 novembre, avant de se rendre au pays du Cèdre pour une durée de trois jours. Bien que le programme détaillé pour le Liban n’ait pas encore été dévoilé, cette tournée régionale souligne l’engagement du Vatican en faveur de la paix et du dialogue interreligieux dans une zone marquée par des conflits et des défis socio-économiques.
Cette confirmation survient après des mois de spéculations et de préparations discrètes, avec une invitation formelle émanant du président libanais Joseph Aoun et des autorités ecclésiastiques locales. Le pape Léon XIV, élu plus tôt cette année, choisit ainsi pour son premier déplacement international deux pays emblématiques des enjeux géopolitiques actuels : la Turquie, où il commémorera le 1700e anniversaire du concile de Nicée à Iznik, et le Liban, souvent décrit comme un modèle fragile de coexistence confessionnelle. Le directeur du bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, a déclaré que ce voyage permettra au pape de « s’exprimer sur la paix au Moyen-Orient et sur la situation des chrétiens dans la région ». Cette déclaration met en lumière les priorités du pontificat naissant, axé sur la solidarité avec les minorités persécutées et la promotion d’un dialogue inclusif.
Dans ce cadre, la visite papale prend une dimension particulière. Le Liban, avec sa population chrétienne représentant environ un tiers des habitants, a souvent servi de pont entre l’Orient et l’Occident. Les communautés maronites, grecques-orthodoxes et arméniennes, entre autres, attendent de ce déplacement un soutien moral face aux défis économiques et sécuritaires. Le patriarche maronite, par exemple, avait évoqué dès août 2025 la possibilité d’une visite pontificale avant la fin de l’année, soulignant l’importance d’un tel geste pour renforcer l’unité nationale. Le pape Léon XIV, connu pour son engagement en faveur des minorités, devrait aborder la situation des chrétiens au Moyen-Orient, marquée par des migrations massives dues aux conflits régionaux. Selon des estimations de l’ONU datant de juin 2025, plus de 300 000 Libanais, dont une proportion significative de chrétiens, ont quitté le pays depuis 2023 en raison de la crise économique.
Les préparatifs pour cette visite interviennent alors que le Liban gère des tensions frontalières avec Israël, exacerbées par des échanges sporadiques impliquant le Hezbollah. Le ministère de la Défense, sous Michel Menassa, a renforcé les déploiements militaires au sud du pays, en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), dont le mandat a été renouvelé en août 2025 par la résolution 2705 du Conseil de sécurité. Cette force, comptant plus de 10 000 casques bleus, vise à maintenir la paix le long de la Ligne bleue, mais des incidents récents, comme des tirs de roquettes en septembre 2025, ont mis en lumière les fragilités. Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a rappelé lors d’une conférence de presse le 1er octobre 2025 que « toute escalade pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour la population civile ». Dans ce contexte, la visite du pape pourrait servir de plateforme pour des appels à la désescalade, bien que le Vatican n’ait pas encore précisé les thèmes prioritaires.
Du côté turc, la première partie du voyage est centrée sur la commémoration historique. Iznik, anciennement Nicée, abrita en 325 le premier concile œcuménique, qui définit le Credo nicéen-constantinopolitain, fondement de la foi chrétienne. Le pape Léon XIV, en se rendant sur ce site, marque l’anniversaire de 1700 ans, un événement préparé en collaboration avec les autorités turques et le patriarcat œcuménique de Constantinople. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué cette visite comme un « geste de dialogue interreligieux », selon un communiqué officiel daté du 7 octobre 2025. Cette étape précède directement le Liban, où le pape atterrira le 30 novembre, potentiellement à Beyrouth, pour entamer un programme qui pourrait inclure des rencontres avec les leaders religieux et politiques.
Les implications immédiates pour le Liban
Au Liban, l’annonce de cette visite a suscité des réactions au sein des cercles ecclésiastiques et politiques. Le président Joseph Aoun, dans un communiqué diffusé le 7 octobre 2025, a exprimé sa « satisfaction » face à cette confirmation, soulignant que le voyage renforcera les liens entre le Liban et le Saint-Siège. Les autorités maronites, grecques-orthodoxes et arméniennes ont également accueilli positivement la nouvelle, avec des préparatifs déjà en cours pour des cérémonies liturgiques.


