Le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL). Crédit Photo: NNA.
Le siège de l'Association des Banques du Liban (ABL). Crédit Photo: NNA.

Les banques libanaises auraient bénéficié de 250 millions de dollars de l’aide destinée aux réfugiés et aux personnes vulnérables face à la crise économique, indique un rapport de de la fondation Thomson Reuters. Les établissements bancaires auraient ainsi perçu ces sommes via la différence entre taux de change officiel et taux de change parallèles mis en place par la Banque du Liban, soulignerait un rapport interne aux Nations-Unies.

Ainsi, si l’aide internationale versée aux réfugiés syriens était de 27 USD par mois soit 40 500 LL avant la mise en place de taux de change parallèles, celle-ci n’équivaudrait aujourd’hui plus qu`à 7 USD soit 100 000 LL/USD versés par mois par les banques, cette différence étant au bénéfice du secteur financier pourtant très critiqué au Liban.

Ainsi, si les réfugiés syriens présents au Liban bénéficient d’un programme d’un coût de 400 millions de dollars depuis 2018, presque la moitié se serait évaporée par les opérations de conversion principalement conduites par la Banque du Liban et les banques locales.

Cette information pourrait mettre plus encore en exergue le rôle de la Banque du Liban alors que la Banque Mondiale aurait refusé d’accorder des prêts pour financer le programme d’aide aux personnes vulnérables au Liban et notamment des ressortissants libanais dont plus de 65% vivent désormais sous le seuil de pauvreté. En cause, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé aurait indiqué en mai dernier souhaiter verser cette aide à hauteur d’une parité de 6 450 LL/USD alors que la Banque Mondiale exige qu’elle soit versée en équivalent en Livres Libanaises à valeur réelle des devises étrangères soit au taux du marché noir ou directement en devises étrangères pour éviter ces opérations conversions forcées.

Par ailleurs, également accusée comme bénéficiant de ces pratiques, l’Association des Banques du Liban indique ne pas avoir utilisé ces fonds pour financer la hausse de capital conformément aux circulaires de la Banque du Liban.

Focus

Le rapport publié en 2020 par la Foundation for Defense of Democracies et intitulé Crisis in Lebanon, Anatomy of a financial Collapse estime toutes les banques libanaises étudiées comme étant insolvables. Elles sont également menacées par des procédures judiciaires, accusées de blanchiment d’argent et en raison du lien de certains établissements avec le Hezbollah aux USA.

• Bank Audi S.A.L.
• Bank of Beirut S.A.L.
• Bank of Beirut and the Arab Countries S.A.L.
• Bankmed S.A.L.
• Banque Libano-Française S.A.L.
• BLOM Bank S.A.L.
• Byblos Bank S.A.L.
• Crédit Libanais S.A.L.
• Fenicia Bank S.A.L.
• Fransabank S.A.L.
• IBL Bank S.A.L.
• Lebanon and Gulf Bank S.A.L.
• MEAB Bank S.A.L.
• Société Générale de Banque au Liban S.A.L.

Parmi les banques citées:

Au total, les 14 banques prises en compte nécessiteraient un apport de 67 milliards de dollars, ce qui est bien éloigné des sommes maximales que le Liban pourrait obtenir dans le cadre d’une aide internationale, soit 26 milliards de dollars (15 milliards de dollars de prêts via le FMI et 11 milliards de dollars via CEDRE à condition de mettre en place les réformes économiques, monétaires et financières nécessaires pour les débloquer).

Selon les calculs effectués par un expert étranger, tous les établissements nécessiteraient des injections massives de fonds, allant jusqu’à 11.9 milliards de dollars pour la BLOM seulement, suivie de 11 milliards de dollars pour la Banque Audi, des sommes aujourd’hui impossibles à trouver au Liban même. Le risque de faillite ou encore de shutdown complet est donc présent pour ces établissements avec d’importantes pertes pour les actionnaires actuels.

Ils ne pourraient survivre qu’à condition de fusionner ou encore de procéder à des haircuts sur les dépôts.

Un commentaire?