« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas. »

Monsieur le Président,

Je dénonce et j’accuse ! Certains faits et pratiques, durant votre visite d’Etat de trois jours à Paris, sont passés sous silence.

Nous avons été nombreux à suivre votre intervention à L’ONU, lors de la 72e Assemblée Générale des Nations Unies et attendions votre venue à Paris. Votre déclaration à l’ONU en tant que Chef d’Etat défendant la souveraineté du pays, comme l’avait déjà fait, le Président, Général Michel Sleiman, en septembre 2008, lors de la 65e AG de l’ONU, mérite d’être saluée.

Le jour J de votre arrivée à Paris, je pensais qu’on allait être nombreux à accueillir « Le Président de la République Libanaise ». Je pensais qu’on pouvait, tous, nous rassembler et dépasser nos divergences. Notre appartenance à un Liban souverain reste notre unique espoir, nous aussi les exilés, les hors frontières. Une occasion unique qui s’est présentée à nous mais qui nous a échappée à tous. « Paris ne serait pas Paris sans les Franco-Libanais qui vivent dans notre métropole » (citation de Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris). Où étions-nous ?

L’honneur qui vous a été rendu par la France dépasse largement l’organisation et la volonté de rassembler autour de vous. Certes, il y avait vos fidèles. Mais combien étaient-ils par rapport à ces 80000 franco-libanais de la région parisienne ?

Votre visite nous concernait nous tous franco-libanais qui tenons encore à nos liens, à nos racines et nos symboles, espérant encore et encore dépasser nos clivages pour un avenir meilleur. « Nous pensons l’un et l’autre, que le Liban doit pouvoir, dans un Moyen-Orient troublé, continuer de servir de modèle de tolérance, de pluralisme et de démocratie qui est le sien ». Confirmeriez-vous cette citation de notre Président de la République Française, M. Emmanuel Macron, en date du 26 septembre dernier ? Pensez-vous que les invitations adressées aux franco-libanais avaient respecté notre modèle de tolérance, de pluralisme et de démocratie ? S’appropriant votre retour « glorieux » à Paris après tant d’années, ceci ne pouvait rester l’exclusivité d’un parti et leurs amis.

Sachez Monsieur le Président, qu’en dépit de toute « ségrégation à la libanaise », qu’elle soit politique, confessionnelle ou autre, vous ne pouvez qu’être fier de tous vos compatriotes, de ces franco-libanais, toutes catégories confondues, « musulmans soient-ils ou chrétiens » avec ou sans étiquette politico-libanaise. Nous tous, avions fuit la guerre fratricide, de notre pays natal. Si vous, vous êtes rentré au pays après tant d’années d’exil, la France, pays hôte est devenue pour nous autres, notre Patrie, celle de nos enfants. Nous sommes une communauté bien intégrée, active et respectueuse des principes de l’Etat Français, ne créant aucun souci d’intégration ou d’assimilation au sein du pays, nous fédérons à ses principes étatiques, laïques et citoyens.

Pris au piège par ce souvenir d’exilé et ce retour « glorieux » à Paris après tant d’années, les organisateurs ont vu en vous, le retour du chef, « le leur » et non pas celui du Président, « le nôtre ». Votre dimension de «Chef d’Etat », « Bayy el-Kill » – بي الكل, (Père de Tous), « Imad el Joumhuriyya » – عماد الجمهورية (le socle de la République), s’est trouvée ainsi réduite à quelques personnes, mises dans la confidence, dans les secrets de Dieu, triant et radiant des noms de franco-libanais déjà inscrits, depuis plus de 15 ans, sur les listes de notre ambassade du Liban en France.

L’acte n’est pas anodin, M. le Président, il en dit long… Radier, c’est exclure, c’est ôter, faire disparaître, barrer, éliminer … Un acte discriminatoire. Si dans le passé, des libanais se sont entretués en fonction de leur religion figurant sur leur carte d’identité, s’égorgeant les uns et les autres, pratiquant ainsi l’abominable des massacres éthnico-religieux, ceux qui se sont permis cet acte, de nos jours, radier et/ou ignorer volontairement les noms des franco-libanais déjà enregistrés sur la liste, ceux-là, ont pratiqué l’élimination éthnico-politico-religieuse sur leurs concitoyens, et j’ose le dénoncer publiquement en m’adressant à vous, M. le Président, qu’en déplaise à certains, sinon qu’on me donne la preuve du contraire.

Tolérer l’intolérable est juste abominable. La loi du plus fort pratiquée sur des citoyens, cela s’appelle de l’abus et ça s’est fait, sous votre mandat, à l’occasion de votre première visite à Paris, coïncidant avec la date d’arrivée de notre nouvel ambassadeur du Liban en France ; les listes ayant été préparées largement à l’avance.

Vos organisateurs n’avaient-ils pas le devoir et l’obligation de rassembler et de réunir les Libanais autour de vous ? « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas. » (Mc 10, 14). Eux qui ne jurent que par leur foi, ont-ils oublié la consigne du Christ ? Si quelques représentants des partis politiques étaient de la fête, ces « personæ non gratæ », radiées, évincées ont tous un point commun entre eux, lequel ?

Des Français d’origine libanaise, ne portant pas l’étiquette politique « Orange » ou « RPL » mais qui portent bien le Liban dans leur cœur, bien intégrés dans leur pays, la France, actives sur le terrain, présidents d’associations françaises loi 1901, des chefs d’entreprises françaises, des élus locaux, des citoyens, des compatriotes ayant encore en leur possession leur passeport libanais, s’ils ne sont pas membres de votre parti au Pouvoir, ils reconnaissent, au moins, en vous votre statut de Chef d’Etat, « Le Président de l’Etat libanais ».

« En signe de la force de l’amitié entre nos deux pays », notre Président français, Emanuel Macron, s’était réjouit « que cette visite d’Etat, votre visite d’Etat en ce début de mandat, soit la première qu’il a souhaité accueillir ». Nous aussi nous l’en étions.

L’image que je retiens de vous lors de cette visite, c’est celle s’inclinant en toute humilité devant le monument du Soldat Inconnu au pied de l’Arc du Triomphe, un cliché mémorable, celui d’un homme au visage marqué et ému que les caméras de télévisions ont pu bien transmettre… Et ô combien j’aurai aimé que vos proches soient à votre image ce jour là..

En route pour l’Elysée, quand la Garde Républicaine devançait votre voiture, je n’ai entendu que les claquements de sabots des chevaux qui vous ouvraient glorieusement le chemin, avec tout l’honneur rendu. Mais, des deux côtés de l’avenue, j’ai constaté avec le plus grand regret, le vide et l’absence de foule. Est-ce ainsi qu’on accueille et qu’on organise la venue du Général, Président de la République ?

Où-étaient vos fidèles ? Etes-vous posé cette question à travers la fenêtre de votre voiture longeant cette avenue hissée de nos deux drapeaux français et libanais, que le vent faisait flotter avec fierté en écho à l’absence imposante d’ovation ? Votre retour triomphant à Paris, votre « NON » à l’ONU, ne vous valait-il bien une OVATION parisienne ? Malheureusement, hormis ces étendards, la foule n’était pas au rendez-vous. Et si tout était bien prévu par le protocole français, à la perfection française, en grande pompe, je regrette que l’organisation, côté libanais, soit passée outre.

Quant à ceux qui prétextent le nombre limité des invitations aux cérémonies, ils se sont accaparés le prestige du paraître laissant de côté, la rue vide lors de votre passage derrière ce défilé glorieux de notre Garde Républicaine française. Qui est Responsable de votre rendez-vous raté avec la diaspora ? Est-il acceptable que cette Diaspora si active et si dynamique soit limitée à quelques têtes d’invités triés ? Est-ce ainsi qu’ils fêtent le retour du « fils glorieux » après tant d’années ?

Non, la priorité avait été donnée à vos sympathisants et leurs amis. Si 1500 personnes ont été invitées au Pré-Catelan, combien étaient-ils à la Mairie de Paris, au Sénat ? Et combien étaient-ils dans la rue, sur l’Avenue des Champs Elysées ? L’inauguration de la « Promenade de Gibran Khalil Gibran ne méritait-elle pas un grand regroupement ? Dois-je vous rappeler ici quelques lignes de notre poète pour qui en son nom l’inauguration avait eu lieu ? « Vous avez votre Liban avec son dilemme… Votre Liban est un nœud politique que les années tentent de défaire. Mon Liban est fait de collines qui s’élèvent avec prestance et magnificence vers le ciel azuré. »

Le tri et le mépris subis par ces franco-libanais ont été en partie, compensé par des français. Le Sénat, la Mairie de Paris et la Mairie du 15e arrondissement, y compris l’Élysée, avaient, de leur coté, invité des «citoyens» sans passer par la case « étiquette politico-confessionnelle », échappant ainsi aux mailles du filet. La ségrégation communautaire, partisane et cet esprit de clans et de clivages sont les vrais blocages qui empêchent les libanais d’aller en avant. En France la valeur du « Citoyen » dépasse largement toute autre notion ségrégationniste.

Mauvaise organisation, manipulation ou appropriation ?
Ce n’est que le 20 septembre, à 13h puis à 15h (et après que l’écho des invitations distribuées dans les boîtes à lettres et par courriel, en date du 16 septembre ont fait jazzer entre invités et non invités, qui a reçu quoi ? Pourquoi toi, pourquoi pas moi ?… Certains mêmes se ventant ces trophées multiples, voire triple ou quadruple, décrochés au nombre des cérémonies, à toutes les occasions, d’autres les recevant en doublons, …) que le site de l’ambassade du Liban en France, sur sa page facebook, avait communiqué sur le sujet de votre venue à Paris :

« RENDEZ-VOUS LE LUNDI 25 SEPTEMBRE 2017 A 16H, A L’ARC DE TRIOMPHE, POUR ACCUEILLIR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE LIBANAISE.
Dans le cadre de sa visite d’Etat en France, le Président de la République, Son Excellence le Général Michel Aoun, déposera une gerbe de fleurs sur la Tombe du Soldat inconnu. L’Avenue des Champs-Elysées sera pour l’occasion pavoisée aux couleurs du Liban.
Nous vous y attendons tous nombreux le lundi 25 septembre à 16 heures, drapeaux libanais à la main, pour vivre ensemble ce grand moment qui marquera l’histoire des relations si profondes qui unissent depuis toujours le Liban et la France. »

« INAUGURATION DE LA PROMENADE GIBRAN KHALIL GIBRAN LE MARDI 26 SEPTEMBRE 2017, EN PRESENCE DE LA PREMIERE DAME DU LIBAN, MADAME NADIA AOUN.
Le Liban et sa culture seront mis à l’honneur à Paris, dans le cadre de la Visite d’Etat en France du Président de la République libanaise, Son Excellence le Général Michel Aoun.
La Promenade Gibran Khalil Gibran sera inaugurée le mardi 26 septembre 2017 à 17 heures, en présence de la Première Dame du Liban, Madame Nadia Aoun, de la Maire de Paris, Madame Anne Hidalgo, et du Maire du 15ème arrondissement, Monsieur Philippe Goujon.
Nous vous invitons tous à vous joindre à nous au 26 Quai André Citroën, pour célébrer ensemble l’hommage rendu à ce poète et artiste peintre libanais et si cher dans le cœur de tous ses compatriotes. »

Un simple message sur facebook. Vos organisateurs ont-ils réalisé tardivement qu’ils leurs manquaient des «badauds» pour occuper la rue ou le plein air ? Avaient-ils besoin de figurants ou s’agit-il d’une simple invitation publique, à titre informatif, sans organisation aucune, alors que d’autres avaient les places de choix?

Cet acte commis à notre égard, nous franco-libanais, reste une erreur grave. Certes, les Libanais entre eux ne sont pas tendres, ils ne se font pas de cadeaux et la course à celui qui veut être mieux reconnu, mieux placé, ou celui qui a reçu le trophée, ce carton au Cèdre doré, bât son plein. Mais il n’est permis en aucun cas, de radier par un simple trait de crayon, ce que nous sommes réellement et ce que nous produisons sur le terrain, en France, notre pays aussi.

Comment a été organisée votre venue à Paris sachant que votre rencontre avec le Président français, M. E. Macron, était bien programmée à l’avance ?

De retour de vacances fin août et connaissant la date de votre venue à Paris, j’avais adressé, le 4 septembre, un message en inbox, à notre Ambassade du Liban, dont le texte est le suivant : « Bonjour, j’ai appris que notre Président sera à Paris le 24 et le 25 septembre. Est ce que vous avez prévu un événement pour qu’on puisse le rencontrer ? D’autre part, j’aimerai dire au revoir à notre ambassadeur, chargé d’affaires et son équipe, aviez-vous prévu quelque chose ou dois-je prendre rendez-vous ? Merci d’avance, Cordialement. »

Le lendemain, 5 septembre dans la matinée, une employée de l’ambassade m’avait appelée me disant que «Rien n’est prévu pour les adieux à l’ancienne équipe, ils sont très occupés par la venue du Président et M. Ghady El-Khroury ne pourra pas vous recevoir ». Quant aux invitations aux événements, elle m’avait confirmée les recevoir par mail. Je prends soin de lui faire vérifier mon adresse mail, je note aussi son nom que je ne citerai pas ici.

N’ayant reçu aucun mail au sujet des ces cérémonies (hormis une adressée au nom de mon époux français), le 20 septembre, j’écris à nouveau, en inbox, à notre ambassade : « Bonjour, Puis-je savoir sur quel critère des libanais ont été invité par la mairie de Paris à l’occasion de la venue de notre Président, sachant que la Mairie a reçu une liste de noms communiquée par l’ambassade ? Merci de votre réponse. Bonne journée », m’obligeant ainsi à lui rappeler malheureusement, mes titres, mes fonctions et mes responsabilités, lui précisant n’avoir rien eu mon nom et lui demandant des explications.Le 24 septembre, silence radio à ma requête, je leur écris « Dommage car ça crée une division entre les libanais au moment où ns devons être tous rassemblés »

Y-a-t-il eu volonté de radier, d’exclure et de quel droit ? Plusieurs radiés et/ou  oubliés, ont pu par la suite se faire pêcher par des amis membres du de votre parti, qui eux pouvaient leur envoyer des invitations à la dernière minute, par mail ou par SMS. Comment cela est-ce possible ? Des invitations lancées et envoyées par courrier au nom de notre nouvel ambassadeur, se trouvaient dans les SMS et les e-mails des personnes hors cadre diplomatique et qui avaient valeur équivalente aux invitations officielles ? Je connais bien ces fameuses listes de l’ambassade, des listes bien faites triées et réparties par métier, par catégorie socioprofessionnelle, dans lesquelles des noms et des adresses figurent dans plusieurs répertoires.

Quant à ceux qui osent justifier ces radiations ou ces manipulations en disant qu’à chacun son « Ahd », et maintenant c’est celui de « Aoun », « A chacun son tour, aujourd’hui c’est nous qui décidons », c’est aussi préjudiciable pour vous, M. le Président, et pour la réputation de notre ambassade et son équipe. Un nouveau « Ahd » sous le signe de la discrimination et la ségrégation citoyenne et civile, par simple rature de nom, faute de couteau ? 

Si l’on peut accepter que la liste soit réduite, nous ne pouvons pas tolérer ce genre de pratiques volontaires, notamment à l’occasion de votre visite d’Etat. Qui dit visite d’Etat, dit aussi une prise en charge des frais par l’Etat Français, c’est à-dire, aux frais du contribuable que nous sommes aussi.

A titre comparatif, et afin de mesurer ce qui s’est passé, je vous invite M. le Président à imaginer les organisateurs français de ce dîner d’Etat en votre honneur à l’Élysée, radier de la liste de vos «Happy few» tous ceux qui, en tant que français, avaient fait campagne contre le Président Macron ? Plusieurs de ceux qui étaient à vos côtés lors de ce dîner, des cadres du RPL venant d’Europe et aussi des franco-libanais ayant participé à la campagne française et aux élections  présidentielles. Ils avaient fait un choix, autre que celui du mouvement « En marche » et pourtant ils ont bien été reçus par l’Elysée. Quelle aura été votre réaction s’ils avaient été privés de ce dîner seulement à cause de leur choix politique français ?

Si ces radiations sont passées inaperçues à vos yeux, ma lettre m’adressant à vous, vous réclame clarification et explication. Et si le soir du 26 septembre, je n’ai pas été au Pré-Catelan, picorer dans les assiettes, me rassasier de quelques kibbés et trinquer à votre santé, c’est en soutien à tous mes compatriotes actifs efficacement sur le terrain qui ont été privés, sciemment, de faire partie de la fête. Honte à tous ceux qui sont à l’origine de ces manipulations. Ainsi, une rencontre avec notre Chef d’État a été transformée, par certains, en coups bas, des règlements de comptes en douce et avec lâcheté.

Outre votre visite à Paris, nous apprenons par le biais des réseaux sociaux, que notre ministre du Tourisme, M. Avenis Guidanian, avait organisé un dîner, la veille de votre venue en France, le 24 septembre, à Paris, en conviant quelques chefs de partis libanais et quelques responsables d’associations.

Avec tout le respect que je dois à notre ministre et toutes ces personnes ayant été présentes, comment notre ministre a pu procéder dans son choix si sélectif et très peu représentatif ? Quel rôle pourrait jouer ces conviés dans le secteur du tourisme et la promotion du Liban, que d’autres ne le feraient pas ou ne le font pas? Et toutes ces associations qui avaient participé aux JDL (Les Journées du Liban) trois ans consécutifs, organisé par l’ULCM France, et les autres présidents d’associations qui ne font que porter haut le nom du Liban, la promotion de son terroir, de sa culture, de ses traditions, de sa mémoire populaire, qui ont déjà fait leurs preuves sur le terrain, que deviennent-ils ?

De quelle notoriété, reconnaissance, soutien ou piston devrions-nous nous munir dans l’avenir pour que notre travail, nous libanais de la Diaspora soit aussi reconnu, soutenu et pris au sérieux ? Des projets, des réalisations, des publications, nous en avons… Et si personnellement je continue à œuvrer dans mes travaux en pensant le « Liban autrement », c’est justement pour maintenir ce pont entre nos deux rives ). L’exclusion volontaire de certaines personnes seraient-elles dans l’avantage des autres ?

« Sur le plan culturel, nous avons également beaucoup à faire ensemble car nous avons un passé commun et je veux ici redire combien je tiens à la francophonie, à la francophilie de votre pays et à la vôtre, Monsieur le Président […]  Nous travaillons actuellement à l’élaboration d’une feuille de route pour la francophonie visant à pérenniser la place privilégiée qu’occupent la langue et la culture française au Liban, tant dans l’éducation que dans les arts et la presse […].»

Rien qu’en m’appuyant sur cette citation, ci-dessus, de notre Président français et sans citer l’ensemble de mes activités et projets connus, je tiens à vous préciser qu’on est plusieurs à nous sentir impliqués dans ce domaine. Un ouvrage linguistique, un dictionnaire bilingue, scellant nos deux langues parlées, le français et le libanais, avait été publié par mes soins (dont la 3è édition est d’actualité), justement au nom de cette francophonie et francophilie entre nos deux pays (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jinane_Chaker-Sultani_Milelli).

Vos collaborateurs, vos organisateurs ne pourront en aucun cas rayer ou faire disparaître mes travaux ni mes projets en cours à cause d’une casquette ou une couleur que je ne porte pas. C’est vrai, la couleur orange est une couleur estivale qui me va à ravir, mais je préfère de loin, porter le blanc.

Monsieur le Président, j’ai honte et j’ai mal de cette réalité amère qui me rappelle bien celle de notre guerre fratricide, celle des clans et des pistons toujours ancrée dans l’esprit des libanais. Celle qui ramène le libanais, toujours à sa case de départ, naissance sous un signe religieux (tu es d’où, ton nom de famille, chrétienne ou musulmane), appartenance à une idéologie politique, à un parti, à un clan… Tout, sauf cette appartenance nationale, citoyenne fédératrice autour de nos symboles et nos institutions. En France, l’être humain est respecté pour ce qu’il est et non pas pour qui, il est. La citoyenneté laisse un goût délicieux dans la bouche de ceux qui la savourent.

Que se passe-t-il réellement en coulisse ? Ce passé douloureux des libanais, « éliminer », est-il en train de se reproduire sur des listes ou lors des rencontres à huis-clos ? Faute de tuer en fonction de nos cartes d’identité, ou entre partis adverses, ils tuent en éliminant ou effaçant des noms sur une liste qui, normalement, doit rester intacte, une liste qui doit évoluer et non pas restreindre ?

Vous seul, Monsieur le Président, seriez en mesure de me donner une réponse fiable et correcte. Honte à ceux qui sont à l’origine de ces manipulations. Ceux qui œuvrent sur le terrain pour le Salut de notre pays, ont été écartés volontairement par ceux qui œuvrent pour leur propre Salut. Votre retour à Paris, comme un ouragan, laisse derrière lui un champ de reconstruction. Il appartient à notre nouvel ambassadeur, SE. M. Rami Adwan, à qui je souhaite la bienvenue, de nous réunir et nous rassembler. Et il vous appartient, Monsieur le Président, en tant que Chef de la Nation, de garantir la souveraineté du pays et aussi la neutralité de nos ambassades, seul lieu d’attache pour tous les enfants de la diaspora.

Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].