lundi, mai 12, 2025

Les derniers articles

Articles liés

Levée progressive des interdictions de voyage vers le Liban : les pays du Golfe amorcent un retour

- Advertisement -

Vers une réouverture diplomatique et touristique avec les États du Golfe

Le Liban se prépare à un réchauffement notable de ses relations avec les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dans un contexte diplomatique en mutation. Après une rupture entamée en 2021, marquée par le retrait d’ambassadeurs et la suspension de plusieurs coopérations, le retour progressif des touristes et des échanges diplomatiques semble amorcé. Le 7 mai 2025, les Émirats arabes unis ont officiellement levé l’interdiction de voyage qui pesait sur leurs ressortissants depuis plus de trois ans. Ce signal fort pourrait être suivi rapidement par d’autres capitales du Golfe, dont Riyad et Manama, alors que des rencontres intensives ont lieu à Beyrouth pour accélérer ce processus.

Le contexte de la rupture de 2021 : tensions régionales et isolement libanais

En 2021, les Émirats arabes unis, suivis par l’Arabie saoudite, Bahreïn et le Koweït, avaient imposé une série de sanctions diplomatiques à l’encontre du Liban. En cause : les propos d’un ministre libanais qui avait critiqué l’intervention militaire saoudienne au Yémen. En solidarité avec Riyad, les EAU avaient retiré leur ambassadeur, interdit à leurs ressortissants de se rendre au Liban et limité l’octroi de visas. Cette rupture faisait suite à une décennie de détérioration progressive, notamment en raison de l’influence croissante du Hezbollah sur les institutions libanaises, perçue comme une menace directe pour les intérêts sunnites dans la région.

Un signal fort des Émirats arabes unis

La décision annoncée le 5 mai 2025 par l’agence officielle WAM marque un tournant. À compter du 7 mai, les citoyens émiratis pourront à nouveau visiter le Liban. Cette annonce intervient après une rencontre entre le président libanais Joseph Aoun et son homologue émirati, Mohamed ben Zayed, à Abou Dhabi. Le communiqué émirati évoque une volonté conjointe de « tourner la page », dans un contexte où le Hezbollah, affaibli par sa confrontation avec Israël en octobre-novembre 2024, semble avoir reculé sur plusieurs fronts institutionnels. Les EAU ont salué les réformes sécuritaires mises en œuvre à l’aéroport de Beyrouth et le long des axes menant à la capitale, en réponse à des inquiétudes exprimées depuis 2022.

Le rôle central des mesures sécuritaires au cœur de l’aéroport

Selon Nidaa al-Watan, la levée de l’interdiction émiratie est le fruit de plusieurs mois de préparation discrète. Des réunions sécuritaires intensives ont été organisées à Beyrouth entre les autorités libanaises et les ambassades du Golfe. Le Premier ministre Nawaf Salam devait rencontrer ce mardi les ambassadeurs du CCG pour leur présenter les mesures de sécurisation de l’aéroport de Beyrouth, de ses abords et des routes d’accès. Ces entretiens visent à rassurer les partenaires du Golfe sur la capacité du Liban à protéger ses infrastructures stratégiques et à garantir un accueil sûr à leurs ressortissants. Des réunions techniques sont également prévues avec des hauts responsables sécuritaires pour lever les derniers blocages juridiques.

Vers un assouplissement coordonné au sein du CCG

Les autres membres du Conseil de coopération du Golfe semblent enclins à suivre l’exemple émirati. L’Arabie saoudite, qui avait annoncé en mars 2025 une réévaluation des obstacles aux importations libanaises et des conditions de sécurité liées au tourisme, pourrait lever son interdiction de voyage d’ici fin mai. Le Bahreïn et le Koweït ont également intensifié leurs échanges avec le ministère libanais des Affaires étrangères. Le Qatar, qui n’avait pas imposé de mesures restrictives contre les voyageurs, joue un rôle de médiateur discret dans ce dossier. Le retour des touristes du Golfe au Liban représenterait un signal économique positif, dans un pays où le secteur touristique pèse plus de 18 % du PIB selon les dernières données de la Banque mondiale.

Touristes arabes au Liban : un recul massif depuis 2021

Avant la crise diplomatique de 2021, les ressortissants des pays du Golfe représentaient une part essentielle du tourisme entrant au Liban. En 2018, plus de 500 000 touristes originaires du CCG avaient visité le pays, selon le ministère du Tourisme libanais. Les Saoudiens et les Koweïtiens formaient à eux seuls 30 % des arrivées internationales. Les Émiratis, bien que moins nombreux, figuraient parmi les touristes les plus dépensiers, avec une moyenne de séjour de 8 jours et une consommation quotidienne estimée à 350 dollars par personne. Ces chiffres se sont effondrés après l’interdiction de 2021, privant le Liban de revenus estimés à plus de 1,2 milliard de dollars par an en devises étrangères. La réouverture actuelle, si elle s’étend à l’ensemble du CCG, pourrait rétablir ces flux dès l’été 2025.

Impact économique attendu pour le Liban

La reprise des flux touristiques en provenance du Golfe constitue une opportunité cruciale pour l’économie libanaise en crise. Entre 2010 et 2019, les visiteurs saoudiens, koweïtiens et émiratis figuraient parmi les plus dépensiers au Liban, représentant jusqu’à 40 % des recettes hôtelières durant l’été. Depuis 2020, cette manne s’était tarie. Le retour d’une clientèle solvable et fidèle pourrait stimuler les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, des transports et des services haut de gamme. À titre d’exemple, le Syndicat des hôteliers libanais prévoit un doublement des réservations dans les établissements de Beyrouth, Broummana et le Metn dès le mois de juin 2025. L’aéroport international Rafic Hariri, récemment rénové, devrait voir sa fréquentation dépasser les 4 millions de passagers cette année, selon les prévisions de la Direction générale de l’aviation civile.

Une stratégie diplomatique progressive du président Aoun

Le président Joseph Aoun poursuit une diplomatie de réengagement régional. Après ses déplacements au Caire, à Doha et à Abou Dhabi, il prépare une visite officielle à Riyad début juin. Cette stratégie vise à repositionner le Liban comme un partenaire stable, loin des clivages qui l’ont isolé sur la scène arabe. À Abou Dhabi, Joseph Aoun a insisté sur la « volonté d’ancrer le Liban dans un axe de neutralité active », en rompant avec l’image d’un État sous influence d’un acteur armé non étatique. Son discours a été bien accueilli par les Émirats, qui privilégient désormais une approche pragmatique et sectorielle dans leurs partenariats bilatéraux.

Le Hezbollah en retrait, une condition implicite

Le changement de ton du Golfe s’explique aussi par une réalité géopolitique nouvelle. Affaibli par le conflit frontalier avec Israël à l’automne 2024, le Hezbollah a dû repositionner ses troupes, réduire son exposition médiatique et limiter ses interventions sur la scène politique intérieure. Cette baisse de visibilité, combinée à une pression internationale constante sur ses circuits de financement, a permis à Beyrouth de renouer avec certains alliés du Golfe sans que cela soit perçu comme une trahison des équilibres internes. Les chancelleries du Golfe, en particulier celle d’Abou Dhabi, auraient reçu des garanties quant à la non-ingérence du Hezbollah dans les mécanismes de sécurité aéroportuaire et douanière.

Le retour des investissements arabes est-il possible ?

Le retour progressif des touristes pourrait annoncer celui des investissements. Selon l’Association des Banques du Liban, plus de 12 milliards de dollars de dépôts d’origine saoudienne et koweïtienne sont toujours gelés dans les comptes libanais. Des émissaires économiques du Golfe auraient entamé des discussions exploratoires avec la Banque centrale pour évaluer les conditions d’un déblocage partiel ou d’une réinjection progressive via des projets ciblés, notamment dans les énergies renouvelables, l’agroalimentaire et les télécoms. Le ministre de l’Économie a déclaré le 3 mai dernier que « le retour des flux touristiques précèdera nécessairement celui des flux financiers ». Mais la prudence reste de mise.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

A lire aussi