Le ministère de l’Energie et des Ressources Hydrauliques a lancé le processus de pré-qualification pour les compagnies intéressées par la construction de nouvelles centrales de production d’électricité conformément au plan de restructuration de ce secteur adopté par le conseil des ministres en avril 2019.

Il s’agira notamment d’assurer à la population libanaise, la fourniture d’électricité 24h sur 24 d’ici 1 an.

Ce appel d’offre concerne la construction de 2 des 6 nouvelles centrales électriques prévues dans le cadre de ce plan. Elles devraient être ainsi construites à Zahrani au Sud Liban et à Selaata au Nord du Liban et rajouter 1 500 mégawatts à une production totale actuelle de 1 900 mégawatts. Pour rappel, la consommation totale dépasse 3 500 mégawatts, provoquant un large rationnement de la distribution d’électricité sur l’ensemble du territoire.

La Ministre de l’Energie, Nada Boustani, a invité les companies intéressées sur Twitter à soumettre “demandes de classement”, ou des documents prouvant leurs capacités techniques et financières à entreprendre les projets faisant l’appel d’un prochain appel d’offre.

Ce processus sert notamment à juger de l’intérêt des entreprises à conduire ce genre de projets au Liban.

Parmi les critères de sélections, la capacité de ces dernières à mener également des solutions à court terme pour augmenter la production d’électricité jusqu’à la mise en oeuvre de ces nouvelles centrales de production d’électricité dont le raccordement au réseau est prévu en 2022.

Pour l’heure Mitsubishi, General Electric et Siemens ont fait part de leurs intérêts respectifs dans ce projet. Cependant, il reviendra à leurs représentants au Liban de répondre à l’appel d’offre.

L’un des objectifs dans la construction de ces centrales est de faire appel à de nouvelles technologies visant à réduire les coûts de production d’électricité, qui coute actuellement 17 cents et qui est revendue aux consommateurs à 9 cents, la différence étant subventionnée par les finances publiques.

Ainsi, les subventions à la production d’électricité atteignent désormais 40% – soit entre 1.5 à 2 milliards de dollars – des dépenses d’un budget qui a été largement déficitaire en 2018.

La réduction de ce déficit fait parti des principales conditions à la mise en oeuvre du plan d’aide économique au Liban et intitulé CEDRE, d’un montant de 11 milliards de dollars.

Cependant, la mise en oeuvre de ce plan reste pour l’heure suspendue suite à une décision du Conseil Constitutionnel après une plainte de 10 députés libanais membres de l’opposition au gouvernement. L’institution estime que les appels d’offre à venir devraient être examinée par l’Autorité Nationale de Régulation de l’Electricité dont la constitution est prévue depuis l’adoption d’une loi en 2002 et non par le ministère de l’Energie ou le gouvernement lui-même.

Pour rappel

Le plan adopté par le Conseil des Ministres Il s’agira d’augmenter la capacité de production de l’Electricité du Liban qui se monte actuellement à 1900 mégawatt à plus de 3 500 mégawatts dans un premier temps, soit la demande maximale actuelle.

L’un des principaux objectif de ce plan – outre le fait d’augmenter la capacité de production – est de diminuer le déficit public causé par l’Electricité du Liban. Il se monte désormais à plus de 2 milliards de dollars, en raison d’un coût de production de 17 cents par kilowatt alors que le prix aux consommateurs est inchangé depuis 1994 et fixé à 9 cents le kilowatt.

Dans un premier temps, selon ce plan, il s’agira de diminuer les pertes techniques et notamment les vols d’électricité et d’optimiser les infrastructures actuelles. Cette étape devrait être mise en place après publication des appels d’offres d’ici 3 mois et devrait être effective dans les 6 mois qui suivront.

La mise en place de plan dépend cependant de la volonté politique de le poursuivre à long terme.

Pour l’heure, le momentum en la matière montre une certaine convergence entre les partis libanais pour résoudre cette crise qui a débuté lors de la guerre civile. Il dépend également des conditions géopolitiques plus globales comme le règlement de la crise civile syrienne, la présence des réfugiés syriens par exemple, privant la population libanaise de 6 heures d’électricité quotidiennement, ou encore le paiement d’arriérés dûs par les camps des réfugiés palestiniens.

À court terme, l’Electricité du Liban devrait poursuivre l’exploitation d’unités de production temporaires pour une durée de 3 à 5 ans jusqu’à la construction d’unités définitives. Un appel d’offre devrait être lancé pour parvenir à fournir un maximum de 3 500 mégawatts soit la consommation maximale actuellement d’ici 1 an.

Cependant, selon les informations préliminaires, le recours aux barges de production semble être écarté. Les barges turques actuelles devraient ainsi quitter le Liban en 2022.

La solution devrait être présentée et probablement adoptée devant le Conseil des Ministres qui aurait lieu ce vendredi. Une fois que le rationnement d’électricité serait réduit à 20 heures par jour, le tarif devrait être augmenté à 217 Livres Libanaises par kilowatt heure et désormais lié aux variation du prix des matières premières.

Dans le viseur de cette mesure, une diminution immédiate du déficit public. Cette hausse devrait être compensée par une baisse de la consommation des générateurs de quartier, indique la feuille préliminaire qui a été rendue publique.

Ce rapport estime même que la facture globale pour les foyers libanais devrait diminuer. Parallèlement à la mise en place de cette première étape, l’Electricité du Liban devrait améliorer la collecte de ses factures.

Il s’agira de faire rentrer dans les caisses plus de 555 milliards de Livres Libanaises de factures impayées par les ressortissants libanais, 444 milliards de Livres Libanaises impayées des foyers présents au sein des camps palestiniens ou encore 1 800 milliards de Livres Libanaises des administrations publiques.

Pour cet objectif, par ailleurs, les Forces de Sécurité Intérieure et l’Armée Libanaise devraient coopérer avec l’Electricité du Liban afin de mettre fin aux vols que subit le réseau de distribution et de collecte des factures.

L’un des objectifs de réduction des vols s’accompagnera de la mise en place de solutions afin d’optimiser ce même réseau. L’installation de compteurs intelligents fait également parti des solutions qui devraient être mises en place. L’EDL pourrait ainsi couper la fourniture d’électricité à distance pour les foyers ne payant pas leurs factures.

Cette partie serait déjà financée par un prêt à taux bonifié de la Banque Mondiale à hauteur de 400 millions de dollars et serait achevé en 2021.

À plus long terme, 6 nouvelles centrales pour une capacité de 3 000 mégawatts devraient être construites. L’objectif est d’augmenter la capacité de production totale à 5 695 mégawatt d’ici 2030 contre 1 950 mégawatts actuellement. 30% de cette énergie devrait être issue d’énergies renouvelables.

D’ici 2020, 170 mégawatts devraient ainsi être obtenus à partir de parcs solaires et 200 mégawatts seront d’origine éolienne. De nouvelles centrales seront ainsi construites à Deir Ammar, Zahrani et Salaata dans un premier temps.

Dans un deuxième temps, celles de Zouk Mosbeh, Hreisheh près de Enfeh ou de Jiyyeh seront remplacées par de nouvelles unités de production. En premier lieu, une nouvelle centrale d’une capacité de 360 megawatts sera construite à Deir Ammar en 2021.

Sa capacité sera portée à 550 mégawatts en 2022. À cette date, les nouvelles unités de Zahrani et de Selaata devraient être également connectées, augmentant la capacité de production à 720 mégawatts.

Parallèlement, les centrales actuelles de Zouk et de Jiyeh devraient être décommissionnées et déconstruites, pour pouvoir être remplacées. La diminution du coût de production devrait s’accompagner avec le recours au Gaz Pétrole Liquéfié (GPL) à partir de 2021.

Ces mesures visent à permettre à l’EDL de renouer avec des profits en 2022. Les projections actuelles indiquent que l’établissement public devrait ainsi effectuer 118 millions de dollars de profits.

En 2023, la capacité de production de Zahrani et de Selaata devrait être portée à 1100 mégawatts. Parallèlement, 400 mégawatts d’origine renouvelables devraient s’ajouter à la capacité totale.

En 2024, les nouvelles unités de production de Zouk Mosbeh et de Hreisheh avec respectivement 360 mégawatts et 300 mégawatts devraient être connectées au réseau.

Elles seront suivies par celle de Jiyeh en 2025. À cette date, la capacité de production de Zouk sera porté à 550 mégawatts.

Le plan s’achèvera en 2026, avec la capacité de production de Jiyyeh portée à 550 mégawatts et le démantèlement d’unités diverses obsolètes de 1 450 mégawatts.

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