Après dix décennies « d’existence ». Ce n’était pas le miracle libanais, c’était la politique de l’autruche. On s’est caché la face et on a soutenu hardiment les véreux qui nous gouvernent jusqu’à devenir comme eux. « Piètre disciple, qui ne dépasse pas son maître ». Pourquoi blâmer seulement les gouverneurs et décideurs de ce pays, on doit aussi blâmer son peuple qui est aussi pourri et putréfié qu’eux. Il les a non seulement porté, vénéré et adulé mai aussi leurs a léché les bottes jusqu’à épuisement. Ce peuple irresponsable et égoïste n’était jamais sorti de sa zone de confort pour réclamer et exiger ses droits les plus basiques. Il vivait dans le déni de la réalité, heureux, beat et repu.

Ce peuple corrompu et perverti ne ratant aucune occasion juteuse pour acheter, dénigrer et rabaisser son prochain, se croyant tout permis pour des raisons que je ne connais pas, ne vaut pas mieux que ses dirigeants, issus du peuple ou fils de…  « La corruption de l’état est une violation inexcusable et celle de son peuple est un péché impardonnable ».

Un système économique, juridique, social et éducatif en totale faillite, tombé entre de mauvaises mains et qui pourrait mener des générations de libanais à leurs pertes sinon à l’exil irréversible. En tout temps, on promet des pseudos experts pour gérer le pays mais on nomme des larbins qui ne sont intéressés qu’à servir et obéir à leurs maitres et bien sûr à puiser allègrement et impunément dans les caisses de l’état défiant toute loi… Tout se mélange, tout se déchaîne, tout s’enchaine assez lamentablement en un hideux nœud de vipères.

Ce Libanais qui s’est toujours cru au-dessus de ces dites lois, n’a jamais ou très peu respecté les bases de l’Etat parce qu’il était souvent protégé et couvert par une soi-disant puissance qui n’avait d’égale que la faiblesse de l’ensemble des autres. 

Arrêtons de se leurrer et de jeter des accusations. Le soleil se lève chaque matin sur un nouveau scandale et pas des moindres. Escroquerie, Corruption ou Abus de pouvoir. On s’offusque, on se choque, on blâme l’autre et on oublie et ce depuis de très nombreuses décennies. Parce que quelque part tout le monde s’en foutait jusqu’au jour où en un claquement de doigts les comptes bancaires étaient bloqués et confisqués, et le libanais avait droit à un argent de poche, une petite somme hebdomadaire imposée par son banquier. Et toucher au portefeuille a un effet d’électrochocs. On a tapé là où ça fait mal! Grosses crises économiques et bien non, grosse casse du siècle. Chapeau ! Le tour est bien joué. Les pistonnés et les privilégiés continuent leur vie de upper-caste normalement et les autres mendient aux portes des banques et dans les poubelles publiques. Désolée mais on a même envie de se réjouir tant que l’humiliation est méritée, et la leçon pas retenue. Les abus du système bancaire ont appauvri, paralysé le pays, et ceux qui ont mené la révolte du 17 octobre 2019 n’ont pas été à la hauteur. Retour à la case zéro.

Quel héritage pour nos enfants ? Quel exemple leur a-t-on donné ? L’éducation se fait, non-seulement par le précepte, mais encore par l’exemple. La jeunesse qui est la période de la vie  durant laquelle s’acquièrent les compétences et les virtualités sociales en vue des responsabilités et rétributions de la vie d’adulte, est souvent confrontée au laisser-aller, à la pusillanimité et au laxisme qui nullifient ses ainés tel l’exemple peu glorieux d’un parent tricheur, menteur, voleur et veule. Le problème des jeunes pose celui de la société globale et de son avenir. La jeunesse tient plus qu’une place symbolique ou décorative dans notre histoire. Elle joue un rôle important et essentiel. Comment lui enseigner la rigueur, l’honnêteté, la justice et la modestie. Comment apprendre à toute une génération les valeurs républicaines et l’Etat de droit, quand dans notre régime démocratique on ne respecte pas la séparation des pouvoirs. Quand les pouvoirs exécutif, législatif et/ou religieux empiètent, outrepassent et couvrent le système judiciaire.

Le peuple libanais a de redoutables et gigantesques responsabilités historiques parce que de graves incertitudes pèsent sur les sociétés présentes et futures. Et surtout sur l’existence et la pérennité de son Pays s’il n‎’y a pas un éveil immédiat et imminent d’une conscience patriotique.

Nadine Naccache