Depuis octobre 2023, le sud du Liban est le théâtre d’échanges de tirs intermittents entre le Hezbollah et Israël, suite à l’assassinat du commandant du Hezbollah, Fouad Chokr, par Israël. Ces événements font suite à l’attaque de grande envergure d’Israël sur Gaza, entraînant des ripostes du Hezbollah, mais sans escalade majeure en guerre totale. Plusieurs sources expliquent que, malgré la violence initiale des affrontements, la situation a récemment évolué vers une stabilisation temporaire, principalement due aux négociations en cours autour d’un cessez-le-feu à Gaza.
Le journal Asharq Al-Awsat rapporte que la communauté internationale, notamment via des interventions diplomatiques américaines et européennes, tente d’apaiser les tensions. Un cessez-le-feu élargi pourrait empêcher une guerre à grande échelle, mais pour l’instant, chaque partie se limite à des frappes ciblées. Cette accalmie relative a permis à des milliers de Libanais de regagner leurs habitations dans le sud, encouragés par le Hezbollah à rentrer chez eux, comme l’a confirmé son secrétaire général, Hassan Nasrallah.
Cependant, Israël continue de mener des frappes aériennes sporadiques sur les infrastructures du Hezbollah, tandis que celui-ci revendique des attaques sur des équipements militaires israéliens situés dans des zones stratégiques. Selon l’Agence nationale de l’information (NNA), un incident majeur s’est produit le 28 août 2024, avec trois blessés dans le village de Majdal Shams, après des bombardements israéliens.
La scène politique libanaise et ses réactions
Face à ces violences, la scène politique libanaise est profondément divisée. Le Parti Kataëb a appelé à l’arrêt immédiat des opérations militaires, avertissant que la situation risquait de détourner les combats vers l’intérieur du pays, avec un potentiel usage de la force pour des gains politiques internes. Cette inquiétude est partagée par plusieurs partis politiques, qui craignent une instrumentalisation du conflit par des groupes puissants au Liban pour renforcer leur domination interne. Ce sentiment est renforcé par les préoccupations de la population concernant l’usage excessif de la force et l’implication d’acteurs régionaux, comme l’Iran et la Syrie.
En parallèle, les efforts diplomatiques entre le Liban et les États-Unis se sont intensifiés, comme en témoigne une rencontre entre le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, et l’ambassadrice américaine au Liban, Lisa Johnson, où il a été question du renouvellement du mandat de la FINUL (Forces intérimaires des Nations unies au Liban). Le quotidien « Al-Joumhouria » souligne que le Liban cherche à prolonger cette mission sans modifications majeures de ses prérogatives.
Les négociations autour de Gaza et le rôle du Liban
Les négociations entre Israël et les factions palestiniennes, orchestrées par des médiateurs internationaux, notamment l’Égypte et le Qatar, restent incertaines. Asharq Al-Awsat souligne que ces pourparlers sont cruciaux pour limiter l’étendue des combats au sud du Liban, car un cessez-le-feu à Gaza pourrait empêcher la propagation du conflit au Liban. Le général américain Charles Q. Brown a récemment déclaré que les risques d’une guerre régionale élargie semblaient diminuer, une déclaration corroborée par des responsables israéliens.
Cependant, les enjeux stratégiques demeurent. Israël continue de renforcer ses positions autour de Gaza et multiplie les frappes aériennes. Le quotidien « Al-Diyar » rapporte que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, intensifie ses efforts pour détruire les capacités militaires de Gaza, en dépit des pressions internationales pour un cessez-le-feu.
L’influence iranienne et les menaces potentielles
L’Iran joue un rôle central dans cette équation. Le quotidien libanais « Al-Akhbar » a souligné que l’assassinat du commandant en chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, à Téhéran, a déclenché une série de menaces de représailles de la part de l’Iran. Les responsables iraniens ont indiqué que ces représailles seraient à la fois « soudaines et proportionnées ». Ce contexte place Israël dans une position défensive, car il doit à la fois contenir le Hezbollah au Liban et se préparer à une réponse iranienne potentielle.
Réactions diplomatiques mondiales
L’ONU et les principales puissances mondiales continuent de faire pression pour une résolution diplomatique. Le journal « Le Figaro » rapporte que la France, via son ambassadeur au Liban, Hervé Magro, tente de réactiver les négociations autour de la présidentielle libanaise, en dépit du conflit actuel. Il semble que des progrès soient réalisés, bien que la situation sécuritaire reste un obstacle majeur à toute avancée significative.
Les négociations pour la prolongation du mandat de la FINUL représentent également un enjeu critique. Le quotidien « An-Nahar » souligne que la France, en tant que « porte-plume » des discussions à l’ONU, a réussi à obtenir un consensus autour d’une prolongation d’un an du mandat sans modifications significatives, malgré des pressions israéliennes pour revoir les conditions d’intervention de la FINUL dans le sud du Liban.
Impacts sur la population civile
Sur le plan humanitaire, la situation reste catastrophique, notamment à Gaza où les bombardements israéliens ont fait plusieurs milliers de morts ces derniers mois. Selon les estimations relayées par Asharq Al-Awsat, plus de 35 000 Palestiniens ont été tués depuis le début des hostilités en octobre 2023. De plus, le déplacement massif des populations s’intensifie : environ 100 000 personnes sont actuellement déplacées au nord d’Israël, et plus d’un million d’Israéliens ont fui le pays depuis le début du conflit.
Le journal « The Daily Star » souligne que de nombreux Israéliens, surtout ceux ayant une double nationalité, envisagent de ne pas revenir, exacerbant ainsi une crise démographique en Israël, qui risque de s’étendre sur plusieurs années.