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Revue de presse du 30/05/25: Pressions croissantes autour du dossier des armes

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Le dossier des armes du Hezbollah a dominé les titres des principaux journaux libanais, révélant des tensions internes croissantes. Al Joumhouriyat (30 mai 2025) rapporte que le Premier ministre Nawaf Salam, en visite à Damas, a été critiqué par des figures politiques pour des propos jugés provocateurs sur la nécessité de désarmer les factions armées. Cette position a été perçue comme une tentative de répondre favorablement aux exigences de certains acteurs internationaux, notamment en amont de la visite de Morgan Ortagus.

Le président de la République, Joseph Aoun, a tenté de désamorcer la crise en adoptant une posture de modération. Selon Ad Diyar (30 mai 2025), Joseph Aoun aurait explicitement demandé au Premier ministre de ne pas inclure la question des armes dans les délibérations du Conseil des ministres pour éviter une explosion politique. Ce compromis a été relayé par le ministre de l’Information, Paul Morcos, qui a précisé que la question du désarmement relève constitutionnellement du président.

Cependant, Al Akhbar (30 mai 2025) note que cette stratégie de modération présidentielle s’inscrit dans une logique plus large de rééquilibrage diplomatique, visant à éviter l’isolement du Liban dans la conjoncture régionale.

Offensive israélienne et réponses libanaises

La presse s’est également largement concentrée sur les bombardements israéliens sur le sud du Liban. Al Diyar (30 mai 2025) décrit ces raids comme une « mécanique routinière de la mort », déplorant la banalisation des frappes israéliennes, alors que trois jeunes ont trouvé la mort la veille dans une localité frontalière. Le journal critique l’indifférence des autorités centrales, tout en accusant certains responsables de préparer la saison touristique comme si de rien n’était.

Le même journal souligne que cette situation a été évoquée indirectement lors du dernier Conseil des ministres, où des différends sur les priorités nationales ont émergé entre le Hezbollah et le gouvernement. Le mouvement chiite exige le maintien de la question de la libération du territoire et la défense des captifs comme éléments non négociables de l’agenda national.

Diplomatie régionale : vers une détente entre Syrie et Israël ?

Plusieurs journaux, dont Al Sharq Al Awsat (30 mai 2025), ont relayé les efforts diplomatiques menés par l’émissaire américain Steve Witkoff, qui a proposé un plan de cessez-le-feu temporaire entre Israël et le Hamas. Le projet, qui inclut la libération graduée de prisonniers, a été accepté par Israël, mais reste en cours d’examen par le Hamas.

Dans ce contexte, le journal souligne également un changement de ton dans les relations syro-israéliennes. En effet, l’ambassadeur américain Thomas Barak, arrivé à Damas, a hissé le drapeau de son pays et évoqué un éventuel accord de « non-agression » entre Israël et la Syrie. Cette déclaration a été accueillie avec prudence mais aussi intérêt, dans un climat de reconstruction politique syrienne post-Bachar al-Assad, marquée par l’ascension d’Ahmad al-Sharaa.

Al Bina’ (30 mai 2025) rappelle cependant que la proposition de Witkoff a été modifiée à la dernière minute par le gouvernement israélien, notamment en supprimant la clause garantissant la poursuite du cessez-le-feu au-delà des 60 jours initialement prévus. Cette modification pourrait compromettre l’accord, et le Hamas a exprimé son scepticisme.

Position libanaise face aux flux de déplacés syriens

Autre sujet majeur en une : la question du retour des déplacés syriens. Al Joumhouriyat (30 mai 2025) et Ad Diyar (30 mai 2025) rapportent que le président Joseph Aoun a abordé cette problématique lors d’une rencontre avec les émissaires de l’ONU. Il a plaidé pour une solution rapide permettant aux réfugiés syriens de retourner dans leur pays, alors que les conditions s’améliorent et que des sanctions ont été levées à l’encontre de Damas.

Les deux quotidiens soulignent que la position libanaise s’appuie sur une dynamique régionale nouvelle : l’Union européenne, les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite ont recommencé à investir en Syrie. Le projet émirati de 850 millions de dollars pour restaurer le port de Tartous est souvent cité comme emblématique de cette réhabilitation.

Une présidence confrontée à des défis internes et diplomatiques

La figure de Joseph Aoun s’impose dans la presse comme celle d’un président pragmatique. Selon Al Sharq (30 mai 2025), il a déclaré : « Nous ne permettrons pas d’interrompre le train de l’État », lors d’un Conseil des ministres qui a validé plusieurs nominations et débloqué des aides financières pour l’armée.

Nahar (30 mai 2025) souligne pour sa part que 90 % des efforts du président sont orientés vers la lutte contre la corruption, insistant sur le fait que « le Liban n’est pas en faillite, mais volé ». Cette déclaration vise à restaurer la confiance dans l’État, dans un contexte où l’économie reste fragile malgré les promesses d’aides internationales.

Al Akhbar (30 mai 2025) aborde un autre angle, en évoquant les difficultés liées aux nominations diplomatiques. Le partage confessionnel des postes, notamment celui d’ambassadeur à Washington, a provoqué des tensions entre le président et le Premier ministre. Les deux hommes auraient échangé des noms, dont celui de Najad Fares pour Washington, révélant l’importance symbolique et politique des postes à l’étranger.

Tensions sociales et colère populaire

La situation économique continue d’alimenter la frustration sociale. Nahar (30 mai 2025) rapporte l’inquiétude de syndicats et de représentants des services publics sur la cherté de la vie, l’absence de hausses salariales et les blocages institutionnels.

Dans la même veine, Al Liwa’ (30 mai 2025) critique la gestion des aides humanitaires et les retards dans la reconstruction des infrastructures. L’article met en parallèle les investissements massifs engagés en Syrie avec l’état de délabrement persistant du port de Beyrouth.

Politique locale : rivalités institutionnelles, nominations contestées et équilibres fragiles

Tensions à la tête de l’exécutif

Les divergences entre le président de la République Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam se sont accentuées ces derniers jours, selon plusieurs sources. Al Akhbar (30 mai 2025) évoque un désaccord profond sur la répartition des postes diplomatiques, notamment celui de l’ambassadeur libanais à Washington, un poste hautement symbolique. Joseph Aoun aurait proposé plusieurs noms qui ont été rejetés ou retardés dans leur approbation par le chef du gouvernement.

Ad Diyar (30 mai 2025) confirme que Joseph Aoun a choisi de « retirer le détonateur » en évitant d’imposer les nominations contestées au Conseil des ministres. Cette décision est présentée comme un geste d’apaisement dans un contexte de forte polarisation politique, où chaque bloc tente de préserver ses prérogatives institutionnelles.

Al Joumhouriyat (30 mai 2025) souligne que Nawaf Salam, bien qu’affirmant son autorité, préfère pour l’instant éviter un affrontement frontal avec la présidence. Son entourage le décrit comme un « président du Conseil non conventionnel », adoptant une stratégie de contournement en sollicitant l’opinion publique sur certains dossiers plutôt que d’imposer ses choix dans l’arène gouvernementale.

Blocages autour des nominations

Plusieurs articles mettent en lumière la paralysie du processus de nomination dans les hautes fonctions publiques. Al Akhbar (30 mai 2025) révèle que le ministre des Affaires étrangères, Youssef Raji, aurait délibérément gelé plusieurs propositions de Joseph Aoun pour des postes à l’étranger. Cette décision, bien que présentée comme technique, traduit en réalité un refus politique de céder le contrôle symbolique des relations extérieures à la présidence.

Selon Al Bina’ (30 mai 2025), le Conseil des ministres, réuni sous la présidence de Joseph Aoun, a néanmoins validé une série de nominations administratives importantes : Georges Maarawi a été confirmé comme directeur général du ministère des Finances, et Ahmed Oueidat comme directeur de l’organisme public de télécommunications Ogero. Ces nominations, bien que consensuelles en apparence, ont été critiquées pour leur caractère clientéliste.

Nahar (30 mai 2025) met en lumière les tensions internes au sein du gouvernement autour de ces décisions, rappelant que certains ministres ont dénoncé l’absence de transparence dans les critères de sélection. L’article évoque des accusations d’entrisme politique dans des administrations-clés, ce qui pourrait compromettre l’efficacité des réformes promises.

Le rôle de l’armée et de la sécurité dans l’équilibre politique

La place centrale accordée à l’armée dans les équilibres politiques du Liban a été soulignée dans plusieurs tribunes. Al Bina’ (30 mai 2025) rapporte que le président Joseph Aoun, ancien commandant en chef de l’armée, continue de jouir d’un soutien institutionnel fort, notamment au sein du commandement militaire. Ce soutien renforce sa position dans les négociations internes, en particulier sur les questions de sécurité et de défense.

Al Akhbar (30 mai 2025) analyse la nomination récente de généraux aux postes-clés comme un signal envoyé aux puissances régionales, en particulier à la Syrie et à l’Iran, sur la capacité du Liban à préserver une stabilité sécuritaire autonome. Cette orientation est perçue par certains comme une tentative d’équilibrer l’influence du Hezbollah, qui reste un acteur central de la défense du territoire sud.

Cependant, Al Joumhouriyat (30 mai 2025) souligne que cette stratégie ne fait pas l’unanimité. Certains ministres proches de formations chrétiennes ou centristes s’inquiètent d’un « glissement militaire » de l’administration présidentielle. Le journal rapporte qu’un groupe de députés aurait saisi la commission parlementaire de l’administration pour exiger un encadrement plus strict des nominations militaires.

Dossier des réfugiés et crispations politiques

La question des réfugiés syriens demeure un sujet de discorde majeur. Selon Ad Diyar (30 mai 2025), Joseph Aoun a réitéré sa position en faveur d’un retour progressif des déplacés, lors d’une réunion avec des représentants de l’ONU. Il a affirmé que « les conditions en Syrie s’améliorent », s’appuyant sur les récentes levées de sanctions internationales et les investissements des Émirats dans les infrastructures syriennes.

Mais cette position est contestée par plusieurs partis politiques. Al Akhbar (30 mai 2025) rapporte que le Courant patriotique libre et le Parti socialiste progressiste ont dénoncé une approche unilatérale, estimant que le retour des réfugiés doit s’accompagner d’un processus de réintégration encadré par des garanties internationales.

Nahar (30 mai 2025) ajoute que le ministère de la Santé a officiellement déclaré ne plus pouvoir financer les soins médicaux pour les réfugiés à partir de 2026, faute de moyens. Cette annonce a suscité des manifestations à Tripoli et dans la plaine de la Bekaa, où la densité des camps est la plus forte. Des ONG ont exprimé leur inquiétude quant à une dégradation rapide des conditions humanitaires.

Un gouvernement sous pression populaire

L’opinion publique semble de plus en plus désabusée face à l’inefficacité gouvernementale. Nahar (30 mai 2025) souligne que les promesses de réformes économiques et sociales restent lettre morte. L’indexation des salaires des fonctionnaires n’a pas été adoptée, malgré les revendications syndicales. Le journal parle d’une « gouvernance par l’attente » qui mine la crédibilité du gouvernement.

Al Joumhouriyat (30 mai 2025) évoque pour sa part une série de sondages indiquant que 62 % des Libanais ne font pas confiance à l’exécutif actuel pour résoudre les crises majeures. Le même article cite une étude de la LAU selon laquelle les jeunes de moins de 30 ans n’excluent plus une reprise de l’émigration massive vers l’Europe et le Canada.

Al Bina’ (30 mai 2025) consacre également une page aux manifestations de Beyrouth, qui ont rassemblé plusieurs milliers de personnes contre les « nominations politiques et l’immobilisme institutionnel ». Le président Aoun a tenté de calmer la situation par une allocution télévisée, dans laquelle il a affirmé que « le Liban traverse une phase critique où l’unité nationale est plus que jamais nécessaire ».

Citation et discours des personnalités politiques : posture sécuritaire, mémoire nationale et rivalités institutionnelles

Nabeh Berri dénonce les frictions avec la FINUL

Le président de la Chambre, Nabeh Berri, a pris la parole pour condamner les incidents répétés entre la FINUL et les habitants du Sud. Dans des propos rapportés par Al Joumhouriyat (30 mai 2025), il a déclaré : « Nous ne tolérerons pas que des forces internationales traitent nos citoyens comme des intrus. La souveraineté nationale est une ligne rouge. » Berri a aussi exprimé son attachement au rôle stabilisateur de l’armée libanaise, insistant sur la nécessité d’une coordination étroite avec la FINUL dans le cadre de la résolution 1701.

Ce discours intervient dans un contexte d’augmentation des tensions sécuritaires dans le sud du pays, exacerbées par les frappes israéliennes récurrentes et les mouvements de résistance. La prise de position de Berri est largement perçue comme une tentative de calmer les inquiétudes locales tout en rappelant le rôle des institutions libanaises dans la gestion du territoire.

Naim Kassem réaffirme la ligne stratégique du Hezbollah

Lors d’un discours tenu à Baalbek, le secrétaire général du Hezbollah, Naim Kassem, a réaffirmé l’importance du maintien de l’arsenal militaire du mouvement. Al Akhbar (30 mai 2025) le cite : « Le désarmement n’est pas une option tant que l’ennemi est aux portes. Toute négociation qui l’ignore est stérile. » Ce discours intervient alors que des appels au désarmement de la résistance se multiplient dans certains milieux politiques.

Kassem a aussi critiqué les déclarations de certains ministres qu’il a qualifiés d’« alignés sur les exigences de l’ennemi », en allusion indirecte à des propos du Premier ministre Nawaf Salam. Ce discours montre que le Hezbollah se positionne de plus en plus comme un acteur légitime de la défense nationale, en parallèle des institutions étatiques.

Joseph Aoun évoque l’équilibre institutionnel

Le président Joseph Aoun, dans une allocution prononcée lors d’une réunion avec des représentants diplomatiques, a insisté sur l’importance de respecter les équilibres entre institutions. Selon Ad Diyar (30 mai 2025), il a déclaré : « L’État ne peut fonctionner dans la confrontation. Le dialogue institutionnel est la seule voie. » Il a ajouté que les nominations diplomatiques et administratives devaient être fondées sur la compétence et non sur les affiliations politiques.

Dans un contexte marqué par des tensions persistantes avec le chef du gouvernement, cette intervention est apparue comme une tentative de recentrer le débat sur les institutions, tout en réaffirmant le rôle prééminent de la présidence dans les arbitrages fondamentaux.

Nawaf Salam justifie ses choix

Le Premier ministre Nawaf Salam, interrogé en marge d’une visite officielle, a déclaré que son gouvernement faisait face à « une complexité exceptionnelle ». Dans des propos rapportés par Al Akhbar (30 mai 2025), il a précisé : « Notre responsabilité est de préserver la stabilité tout en préparant les réformes structurelles. Cela ne se fait pas dans le vacarme, mais dans le travail quotidien. »

Il a aussi répondu implicitement aux critiques relatives aux blocages dans les nominations, affirmant que « chaque décision est le fruit d’un équilibre, pas d’un caprice personnel. » Cette déclaration vise à tempérer les critiques de ses opposants, notamment celles venues du camp présidentiel.

Hommage unanime à Jean Obeid

Un moment rare de consensus politique a eu lieu lors de la cérémonie de lancement de l’ouvrage « Jean Obeid : six décennies pour la patrie », comme rapporté par Al Akhbar (30 mai 2025). Le président Joseph Aoun y a salué « un homme d’État exemplaire », tandis que Nawaf Salam a évoqué « un modèle de civilité politique que le Liban doit retrouver ». De nombreuses figures de l’opposition et de la majorité ont assisté à l’événement.

Cette cérémonie a été marquée par une série d’hommages soulignant la capacité de Jean Obeid à incarner le dialogue dans un pays fragmenté. L’ancien président Amine Gemayel a parlé d’« un Libanais dans l’âme, plus qu’un partisan », et l’ancien ministre Tarek Mitri a évoqué sa « finesse d’analyse et sa loyauté à la République ».

Réforme judiciaire : divergence entre magistrature et exécutif

La réforme de la justice a fait l’objet d’une tension notable entre la magistrature et le gouvernement. Le président du Conseil supérieur de la magistrature, Souheil Abboud, a déclaré dans une interview à Nahar (30 mai 2025) que « toute réforme commence par l’indépendance effective de la justice ». Il a plaidé pour un nouveau mode de nomination des juges, ainsi qu’un renforcement du Conseil de discipline judiciaire.

Interrogé à ce sujet, le ministre de la Justice Adel Nassar a répondu que « la réforme est une priorité, mais elle ne doit pas être menée par des injonctions médiatiques ». Il a précisé que son ministère travaille sur un projet de loi en coordination avec les commissions parlementaires compétentes. Nassar a également déclaré que « la justice ne peut devenir un champ de bataille politique ».

Diplomatie : blocages dans les nominations, alignements géopolitiques et tensions régionales

Nominations diplomatiques : un bras de fer institutionnel

Al Akhbar (30 mai 2025) révèle que les nominations diplomatiques sont toujours gelées en raison d’un profond désaccord entre le président de la République, Joseph Aoun, et le Premier ministre Nawaf Salam. Le différend porte principalement sur les affectations dans les ambassades les plus stratégiques, notamment à Washington, Paris et Bruxelles. Le journal évoque une volonté du chef de l’État d’exercer pleinement son droit de regard sur les postes les plus sensibles, face à un Premier ministre qui s’oppose à toute personnalisation du choix diplomatique.

La situation est d’autant plus complexe que certaines des propositions de nomination n’ont pas été discutées en Conseil des ministres, ce qui aggrave la tension entre les deux têtes de l’exécutif. Le ministre des Affaires étrangères, Youssef Raji, aurait tenté de servir de médiateur, mais sans succès pour l’instant. Al Joumhouriyat (30 mai 2025) parle même d’un « blocage politique à effet retard » susceptible de nuire à la représentation du Liban à l’étranger, notamment à un moment où le pays cherche à rassurer ses partenaires internationaux.

La stratégie égyptienne face à la crise de Gaza

Concernant le conflit à Gaza, Al Akhbar (30 mai 2025) consacre un large espace à la position égyptienne. L’Égypte traite la proposition américaine de cessez-le-feu comme une « base de négociation », selon le journal. Le Caire est favorable à une désescalade progressive, mais refuse de considérer ce plan comme un accord définitif. L’article précise que les autorités égyptiennes insistent sur la nécessité d’un engagement clair de toutes les parties, y compris Israël, pour parvenir à une trêve durable.

La médiation égyptienne est soutenue par la Jordanie, mais se heurte aux divisions internes israéliennes. Al Bina’ (30 mai 2025) ajoute que les autorités du Caire craignent que l’échec de ces négociations n’aboutisse à une reprise plus violente des hostilités, ce qui compromettrait la sécurité du Sinaï. Le journal souligne également que le Liban observe de près ces développements, dans la mesure où tout embrasement dans le Sud pourrait avoir des répercussions sur sa propre stabilité.

Israël, Gaza et les implications régionales

Al Bina’ (30 mai 2025) publie une analyse sur les conséquences régionales de l’enlisement à Gaza. Le quotidien cite des sources israéliennes indiquant que l’armée a échoué à désarmer le Hamas, malgré une campagne militaire intense. Le vice-chef d’état-major israélien aurait reconnu en privé que le Hamas conserve ses capacités de riposte, notamment grâce à ses tunnels et à son réseau de soutien populaire.

Cette situation pousse Tel-Aviv à maintenir une pression maximale sur la bande de Gaza, tout en évitant une invasion terrestre de grande ampleur. Le journal note que cette position aggrave les tensions avec le Liban, notamment avec le Hezbollah, qui pourrait interpréter l’affaiblissement de l’armée israélienne comme une opportunité stratégique.

Le Liban, acteur secondaire mais concerné

Ad Diyar (30 mai 2025) indique que le Liban n’a pas été directement sollicité dans les négociations en cours sur Gaza, mais suit de très près l’évolution du dossier. L’article rapporte que le ministère libanais des Affaires étrangères a reçu plusieurs communications de ses homologues arabes, notamment égyptien et qatari, pour assurer un alignement minimal sur les positions arabes communes.

Toujours selon Ad Diyar, le Liban a préféré une position de neutralité prudente, évitant toute déclaration publique qui pourrait être interprétée comme un soutien à l’un ou l’autre camp. Cette prudence s’explique par la présence du Hezbollah dans la coalition gouvernementale, ainsi que par les équilibres internes très fragiles du pays.

Dialogue indirect sur la démarcation maritime

Par ailleurs, Al Akhbar (30 mai 2025) évoque la reprise de contacts indirects entre le Liban et Israël sur la démarcation maritime au sud. Ces discussions se dérouleraient par l’entremise d’acteurs tiers, notamment les Nations unies et certains diplomates européens. Bien que la question ne soit pas prioritaire dans l’agenda actuel, certains hauts fonctionnaires libanais estiment qu’un accord sur les frontières maritimes pourrait ouvrir la voie à de nouvelles coopérations économiques, notamment dans le secteur gazier.

L’initiative serait soutenue discrètement par les États-Unis, mais rencontrent encore une forte opposition politique à Beyrouth, notamment de la part du Hezbollah, qui refuse toute normalisation indirecte avec Israël, même sous couvert de médiation technique.

Absence de consensus à l’ONU sur les réfugiés syriens

Enfin, la question des réfugiés syriens demeure une épine dans la diplomatie libanaise. Nahar (30 mai 2025) rapporte que l’ONU n’est pas parvenue à un consensus sur le financement de l’aide médicale destinée aux réfugiés. Le journal explique que les pressions exercées par certains pays européens pour réduire leur contribution ont conduit à la suspension de plusieurs programmes.

Le Liban, par la voix de ses diplomates à Genève, aurait dénoncé une politique de « désengagement irresponsable » et plaidé pour une « approche multilatérale contraignante ». Le quotidien précise que la délégation libanaise insiste sur le fardeau économique que représente cette population pour les infrastructures nationales, en l’absence d’un plan de retour crédible.

Politique internationale : Ukraine, nucléaire iranien et recompositions stratégiques

Moscou et la contre-offensive ukrainienne : vers une nouvelle phase du conflit

Ad Diyar (30 mai 2025) rapporte que la Russie appelle à des négociations « sérieuses » à Istanbul dans un contexte de montée en puissance des opérations militaires dans l’est de l’Ukraine. Le journal se demande si l’on est à l’aube de la « bataille de l’été » pour la reconquête de l’est ukrainien. Les autorités russes considèrent que la contre-offensive ukrainienne, bien qu’énergique, n’a pas obtenu les résultats escomptés. Moscou met en avant les pertes humaines et matérielles du côté ukrainien, et appelle à une médiation turque qui se veut plus engagée.

Les diplomates russes, selon les sources d’Ad Diyar, affirment que les conditions pour un cessez-le-feu doivent inclure une reconnaissance de la souveraineté russe sur les territoires déjà annexés. En retour, l’Ukraine insiste sur une intégrité territoriale non négociable, ce qui bloque tout compromis à court terme. L’article souligne que la Turquie tente de maintenir un équilibre entre ses intérêts stratégiques avec la Russie et son rôle dans l’OTAN.

Israël et les tensions avec les États-Unis : une diplomatie sous pression

Al Joumhouriyat (30 mai 2025) annonce que le gouvernement britannique envisage des sanctions contre deux ministres israéliens, accusés de propos et d’actions exacerbant la violence en Cisjordanie. Dans le même temps, un sommet houleux entre des diplomates américains et israéliens aurait mis en évidence les divergences croissantes sur la gestion de la crise à Gaza.

Le journal fait état d’un climat de tension entre l’administration de Donald Trump et le gouvernement israélien. Les autorités américaines souhaitent un contrôle plus strict de l’action militaire israélienne, notamment en ce qui concerne les frappes aériennes sur des zones densément peuplées. Cependant, Tel-Aviv défend une politique de « sécurité proactive », qu’elle estime indispensable face aux menaces constantes du Hamas.

Iran : relance d’un accord nucléaire par étapes ?

Al Akhbar (30 mai 2025) dévoile les contours d’un « accord provisoire » proposé par Oman entre les États-Unis et l’Iran. Ce plan prévoit un encadrement strict des activités nucléaires iraniennes, en échange d’un allègement progressif des sanctions économiques. Le journal décrit ce schéma comme une relance partielle de l’accord de Vienne, sans en reprendre l’intégralité des clauses.

Le principal obstacle à ce compromis reste la confiance entre les parties. L’article précise que Téhéran réclame des garanties contraignantes, tandis que Washington exige une supervision renforcée par l’AIEA. Ce contexte rend toute percée diplomatique incertaine, d’autant plus que des acteurs régionaux comme Israël et l’Arabie Saoudite s’opposent fermement à tout relâchement des sanctions.

Syrie : initiatives énergétiques et normalisation progressive

Ad Diyar (30 mai 2025) signale un accord entre le gouvernement syrien et un « consortium de compagnies énergétiques » non nommé, visant à relancer l’exploitation pétrolière dans les zones contrôlées par Damas. Cet accord, selon le journal, est interprété comme un signe de normalisation progressive de la Syrie sur la scène internationale.

La médiation russe y aurait joué un rôle-clé, notamment en facilitant les garanties de sécurité sur les installations énergétiques. Cet engagement économique s’accompagne d’un effort diplomatique : un émissaire américain, non nommé, aurait affirmé vouloir « la paix entre la Syrie et Israël », tout en reconnaissant que ce processus serait « long et semé d’embûches ».

Géopolitique du Proche-Orient : vers une recomposition des alliances ?

Al Bina’ (30 mai 2025) publie une analyse sur la réorganisation des alliances dans le Proche-Orient. Selon le journal, les évolutions du conflit à Gaza, les discussions nucléaires iraniennes et l’affaiblissement relatif des États-Unis dans la région poussent plusieurs acteurs à redéfinir leurs priorités. L’Arabie Saoudite chercherait ainsi à renforcer ses liens avec la Chine et la Russie, tandis que le Qatar et la Turquie tenteraient de jouer les médiateurs régionaux.

Le journal souligne également l’activisme diplomatique de la France, notamment dans le dossier libanais, bien que son influence reste marginale par rapport à celle de Washington ou de Moscou. Ces recompositions traduisent un déplacement du centre de gravité stratégique du Moyen-Orient, désormais moins dépendant des alliances traditionnelles.

Justice : contournements juridiques, procédures suspendues et nominations en tension

Blocage autour de la Cour de cassation

Nahar (30 mai 2025) rapporte que la Cour de cassation reste partiellement paralysée, en raison de l’absence de consensus sur la nomination de ses membres. Le président du Conseil supérieur de la magistrature, Souheil Abboud, a souligné que l’institution ne peut remplir ses fonctions tant que des postes clés ne sont pas pourvus. Il a également insisté sur la nécessité d’un processus de nomination fondé sur le mérite et l’indépendance, rejetant les pressions politiques exercées par certaines factions.

Adel Nassar, ministre de la Justice, a quant à lui répliqué, dans des propos rapportés par Al Akhbar (30 mai 2025), que « le ministère n’est pas un bureau d’exécution du Conseil supérieur de la magistrature ». Il a affirmé que les nominations doivent être approuvées au Conseil des ministres, soulignant les prérogatives du pouvoir exécutif. Cette divergence manifeste entre deux institutions centrales du système judiciaire libanais illustre l’impasse actuelle, où chacun renvoie la responsabilité de l’inaction à l’autre.

Suspension des enquêtes dans le dossier du port

Par ailleurs, l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth reste suspendue. Al Akhbar (30 mai 2025) indique que le juge Tarek Bitar n’a toujours pas pu reprendre ses investigations, en raison des recours judiciaires déposés par plusieurs avocats de la défense, arguant d’irrégularités procédurales. L’article souligne que cette situation de blocage dure depuis plusieurs mois, malgré les appels de la communauté internationale à faire avancer l’enquête.

Le ministre Adel Nassar a déclaré que son ministère n’avait pas la compétence pour intervenir dans les décisions de justice, mais a reconnu la « frustration légitime des familles des victimes », selon les termes rapportés par Al Bina’ (30 mai 2025). Il a toutefois mis en garde contre toute pression populaire susceptible de remettre en cause l’indépendance des juges.

Justice militaire et transferts de compétences

Nahar (30 mai 2025) évoque une proposition de réforme controversée visant à transférer certaines compétences de la justice militaire vers la justice ordinaire. Ce projet, défendu par plusieurs ONG locales et parlementaires de l’opposition, vise à limiter les pouvoirs du tribunal militaire, souvent accusé de partialité.

Le ministre Nassar a exprimé des réserves sur cette réforme, en déclarant que « le tribunal militaire a prouvé sa compétence dans des affaires sensibles ». Toutefois, il a ouvert la porte à un dialogue sur la clarification des compétences, notamment pour éviter les doubles juridictions et les interprétations contradictoires du droit.

Affaires de corruption en cours

Al Akhbar (30 mai 2025) signale l’ouverture de nouvelles investigations autour de détournements de fonds publics au sein du ministère de l’Énergie. L’enquête aurait été initiée par la Cour des comptes, en lien avec des contrats d’achat de carburant conclus entre 2018 et 2022. Bien que les noms des responsables impliqués ne soient pas encore rendus publics, plusieurs anciens hauts fonctionnaires seraient visés.

Dans le même registre, Nahar (30 mai 2025) rapporte que le parquet financier a rouvert le dossier de la Banque du Liban. Le juge Jean Tannous aurait réclamé l’accès à des documents bancaires jusqu’ici classifiés. Le gouverneur par intérim, Wassim Mansouri, a indiqué être disposé à coopérer, à condition que les requêtes soient juridiquement fondées. Cette affaire continue de cristalliser les tensions entre les institutions judiciaires et certaines figures économiques puissantes.

Révision des procédures disciplinaires

Une autre actualité judiciaire importante concerne la réforme des procédures disciplinaires internes aux magistrats. Al Bina’ (30 mai 2025) précise qu’un projet de décret est actuellement en discussion entre le ministère de la Justice et le Conseil supérieur de la magistrature. Il vise à introduire des mécanismes de contrôle renforcés sur les juges, avec un encadrement plus strict de leurs obligations de déclaration de patrimoine.

Cette réforme, défendue par Adel Nassar, ambitionne d’« instaurer une culture de la responsabilité dans la magistrature », selon ses propos relayés par Al Joumhouriyat (30 mai 2025). Toutefois, certains magistrats dénoncent une tentative de mise au pas, et craignent une instrumentalisation politique du dispositif.

Société : migrations, exclusions sociales et résistances collectives

Pression migratoire et tensions communautaires

Le débat autour de la présence des réfugiés syriens au Liban s’intensifie dans l’espace public, selon Nahar (30 mai 2025), qui évoque une « crispation croissante » dans les quartiers populaires et les zones rurales. Les tensions se manifestent par des plaintes d’habitants, notamment à Bourj Hammoud, Zahlé et Tripoli, qui dénoncent une pression sur les ressources locales, l’emploi informel et les services de base.

Al Akhbar (30 mai 2025) rapporte que plusieurs municipalités ont adopté des mesures restrictives visant les activités commerciales et les déplacements des réfugiés syriens, notamment des couvre-feux non officiels ou la limitation des baux de logement. Ces mesures ont été dénoncées par des ONG de défense des droits humains, qui évoquent une « ethnicisation de la gestion urbaine » incompatible avec les engagements internationaux du Liban.

Le journal précise également que cette situation met en péril la cohésion sociale dans certaines régions, où le taux de pauvreté dépasse les 60 %. Des élus locaux affirment être « abandonnés » par l’État central, incapable de fournir une aide suffisante pour gérer les effets de cette coexistence sous tension.

Précarité éducative et désengagement de l’État

Nahar (30 mai 2025) consacre une page à la situation des écoles publiques, décrite comme « au bord de l’effondrement ». L’article cite des directeurs d’établissements et des syndicats d’enseignants qui dénoncent le manque de financement, la vétusté des infrastructures et l’absence de manuels scolaires à jour. Plusieurs écoles dans la Bekaa ont suspendu les cours à cause de l’absence de carburant pour les générateurs électriques.

Le ministère de l’Éducation n’a pas réagi officiellement, mais selon Al Bina’ (30 mai 2025), un plan d’urgence est à l’étude pour permettre la réouverture de 250 établissements menacés de fermeture d’ici l’été. Toutefois, les enseignants affirment que ces annonces ne s’accompagnent d’aucune mesure concrète et que le taux de décrochage scolaire est en forte hausse.

Le journal rapporte aussi une hausse significative du nombre d’enfants inscrits dans des centres d’apprentissage alternatifs, souvent gérés par des ONG, ce qui révèle une déconnexion grandissante entre l’école publique et la réalité sociale.

Résistances populaires et mouvements de terrain

Face à ces défaillances, plusieurs mouvements citoyens se structurent pour combler les vides laissés par l’État. Al Akhbar (30 mai 2025) décrit l’émergence de coopératives d’entraide dans les quartiers de la banlieue sud de Beyrouth, où les habitants organisent eux-mêmes la distribution de repas, l’approvisionnement en eau et l’entretien des rues. Ces initiatives, bien que limitées, sont perçues comme un indicateur de résilience.

Des collectifs féminins organisent également des campagnes de sensibilisation contre les violences domestiques, en particulier dans les camps informels. L’ONG Kafa, interrogée par Nahar, alerte sur une hausse de 38 % des appels d’urgence enregistrés entre mars et mai 2025. La responsable de l’association dénonce un « silence institutionnel » qui favorise l’impunité.

Ces mobilisations locales, souvent spontanées, montrent que la société civile reste active malgré un contexte d’abandon étatique. Al Joumhouriyat (30 mai 2025) souligne néanmoins le risque de fragmentation, car ces actions sont souvent menées sans coordination ni financement pérenne.

Déficits sanitaires et inégalités territoriales

Al Bina’ (30 mai 2025) publie un reportage sur la situation des centres de santé dans le nord du Liban, notamment à Akkar, où l’absence de médecins spécialistes oblige les patients à parcourir jusqu’à 70 kilomètres pour des soins de base. Le journal révèle que 60 % des dispensaires de cette région fonctionnent sans infirmier permanent, ce qui limite l’accès aux soins pour les populations les plus fragiles.

Le ministère de la Santé a promis un « redéploiement médical » mais les moyens manquent. Les syndicats du secteur dénoncent un exode continu des professionnels de santé, qui quittent le Liban pour des pays du Golfe ou l’Europe. Nahar (30 mai 2025) rapporte que plus de 250 médecins ont demandé un certificat d’équivalence pour travailler à l’étranger depuis janvier.

Cette crise sanitaire amplifie les inégalités territoriales. Les zones périphériques, comme Hermel, Akkar et le Chouf, sont les plus touchées, alors que les grandes villes, comme Beyrouth et Saïda, concentrent encore les structures médicales de qualité. Cette fracture territoriale alimente un sentiment d’injustice sociale.

Effritement du lien social et fragilisation des solidarités traditionnelles

Enfin, plusieurs journaux évoquent la transformation des formes de solidarité communautaire. Al Akhbar (30 mai 2025) note que les réseaux familiaux, religieux ou confessionnels, historiquement porteurs d’entraide, peinent à assumer seuls les charges sociales croissantes. Le journal cite le cas d’une association maronite à Zghorta qui a suspendu ses aides alimentaires faute de dons.

Des figures religieuses, comme le mufti de Tyr ou l’évêque grec-catholique de Zahleh, ont appelé à une révision de l’architecture sociale libanaise. Ils plaident pour une responsabilisation accrue de l’État et une transition vers un système de protection sociale universelle. Le débat reste toutefois très polarisé.

Culture : hommages littéraires, héritages artistiques et initiatives éducatives

Jean Obeid à l’honneur : mémoire d’un homme d’État écrivain

Al Akhbar (30 mai 2025) consacre un long article à la cérémonie de lancement de l’ouvrage Jean Obeid : six décennies pour la patrie, qui s’est tenue au théâtre de l’UNESCO à Beyrouth. Ce recueil d’hommages retrace les engagements intellectuels et politiques de l’ancien ministre, présenté comme une figure de modération et de dialogue. Le président Joseph Aoun a salué « un homme d’idées et de devoir », tandis que Nawaf Salam a évoqué « une élégance morale devenue rare en politique ».

Le livre compile une sélection de discours, d’articles et de correspondances, illustrant l’approche humaniste et républicaine de Jean Obeid. L’écrivain et chercheur Georges Khoury, dans son intervention, a souligné la capacité d’Obeid à penser la politique comme un espace de médiation plus que de confrontation. La publication a été coordonnée par Sleiman Obeid, fils du défunt, avec le soutien de l’Institut libanais des études historiques.

Le théâtre populaire en renaissance

Nahar (30 mai 2025) publie une critique élogieuse de la nouvelle pièce de Ziad Itani, intitulée Aïn al-Tineh, jouée au théâtre Monnot. Le dramaturge y explore les contradictions d’une société marquée par la mémoire de la guerre, la corruption politique et la déshumanisation du quotidien. La pièce mêle dialogues en dialecte libanais et citations de textes classiques arabes, dans une mise en scène épurée et percutante.

La critique du journal met en lumière la manière dont Itani parvient à capter les tensions sociales actuelles sans verser dans le didactisme. La pièce sera jouée jusqu’à la mi-juin, puis en tournée dans les écoles publiques du Mont Liban. Le ministère de la Culture, selon Al Bina’ (30 mai 2025), a accordé un soutien logistique à cette initiative, rare dans un contexte de restrictions budgétaires.

Semaine de la langue arabe et initiatives éducatives

Al Sharq (30 mai 2025) annonce l’ouverture de la Semaine de la langue arabe à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. L’événement comprend des conférences, ateliers d’écriture, lectures poétiques et projections de documentaires, avec la participation d’écrivains venus d’Égypte, de Jordanie, d’Algérie et du Liban. Le thème retenu cette année est : « L’arabe, langue d’hier et d’aujourd’hui ».

Parmi les interventions remarquées, celle de la romancière Hanan Hajj Ali sur « la langue comme résistance », et du linguiste Nasser Yassin sur les mutations de l’arabe dans les médias numériques. Le journal rapporte également une affluence importante d’étudiants, notamment dans les ateliers d’écriture créative, preuve d’un regain d’intérêt pour l’arabe littéraire parmi les jeunes générations.

Expositions en cours : photographies et mémoire urbaine

La galerie Art on 56th, située à Gemmayzé, accueille jusqu’au 10 juin l’exposition Fragments de Beyrouth, de la photographe Rana Matar. Nahar (30 mai 2025) propose une recension des œuvres, qui documentent la vie quotidienne dans les quartiers de Mar Mikhael, Basta et Barbour. Les clichés, en noir et blanc, capturent des scènes intimes dans l’espace public, et montrent la cohabitation entre ruine et vitalité urbaine.

L’artiste, interrogée par le journal, explique vouloir « raconter l’invisible » d’un Beyrouth périphérique et populaire, souvent ignoré des récits officiels. L’exposition s’inscrit dans une série de projets soutenus par la Fondation Heinrich Böll, visant à encourager la photographie documentaire au Liban.

En parallèle, la galerie Tanit à Sin el Fil propose une exposition collective sur la reconstruction, avec des œuvres de jeunes plasticiens abordant le thème du bâti et de la mémoire. Al Bina’ (30 mai 2025) salue « une génération d’artistes qui ne reconstruit pas seulement des murs, mais des regards ».

Littérature et mémoire diasporique

Enfin, Al Akhbar (30 mai 2025) annonce la parution du nouveau roman de la romancière libano-canadienne Chérine Younès, Les jours épars, aux éditions Dar An-Nahar. Le livre narre l’histoire de deux sœurs séparées par l’émigration, l’une à Montréal, l’autre à Zahlé, à travers une correspondance fictive sur vingt ans. L’œuvre est saluée pour sa justesse émotionnelle et son regard nuancé sur la diaspora libanaise.

L’autrice, interviewée par le journal, explique vouloir « écrire le lien malgré la distance, l’attachement malgré l’exil ». Le roman sera présenté au Salon du livre francophone de Beyrouth en novembre, selon Al Sharq, qui note un intérêt croissant pour la littérature diasporique, notamment chez les jeunes lecteurs.

Technologie : IA, données et infrastructures numériques au cœur des tensions globales

Les restrictions américaines sur les exportations technologiques

Nahar (30 mai 2025) se penche sur les dernières mesures décidées par l’administration Trump en matière de contrôle des exportations technologiques vers la Chine. Les nouvelles régulations visent notamment les semi-conducteurs de haute performance, les composants optoélectroniques et les algorithmes d’intelligence artificielle appliqués à la défense. Washington justifie ces décisions par la nécessité de « préserver l’avantage technologique stratégique » des États-Unis.

Le journal précise que ces restrictions ont un effet domino sur les partenaires américains, notamment Taïwan, la Corée du Sud et le Japon, qui doivent eux aussi durcir leurs conditions d’exportation. Plusieurs entreprises libanaises du secteur de l’import-export électronique, installées à Dora et Mkalles, pourraient être affectées indirectement par le ralentissement des flux technologiques mondiaux, selon un expert cité anonymement.

Israël mise sur la souveraineté numérique

Al Akhbar (30 mai 2025) analyse la nouvelle stratégie israélienne de « souveraineté numérique », qui consiste à rapatrier sur le sol national l’ensemble de ses données sensibles. Cette politique, initiée en 2023, connaît une accélération avec la création d’un réseau de data centers protégés par l’armée. Le journal évoque également le développement d’un système de cybersécurité baptisé Homa, qui combine surveillance algorithmique, cryptographie post-quantique et réseau de satellites.

Cette stratégie s’inscrit dans un contexte régional tendu, où la guerre informationnelle est devenue un levier de puissance. Le journal rappelle que plusieurs institutions bancaires libanaises ont été visées par des cyberattaques ces derniers mois, sans confirmation officielle des auteurs. Le ministère libanais des Télécoms n’a pas émis de communiqué à ce sujet, mais des sources internes parlent d’une « vulnérabilité chronique » des infrastructures numériques nationales.

La Chine et la diplomatie de la fibre optique

Nahar (30 mai 2025) évoque les ambitions chinoises dans le domaine de l’exportation de réseaux à très haut débit. La firme Huawei serait sur le point de signer un accord avec plusieurs pays africains et du Golfe pour la construction d’un backbone régional de fibre optique. L’article mentionne que le Liban n’est pas inclus dans ce projet, en raison de pressions américaines exercées via l’USAID, qui fournit une assistance technique au ministère des Télécommunications.

Un ancien ministre cité par le journal dénonce une « dépendance toxique à l’aide occidentale », qui empêcherait le Liban de moderniser ses infrastructures numériques à un coût acceptable. En parallèle, des négociations sont en cours avec des entreprises européennes pour la mise à jour du réseau de transmission intergouvernemental reliant le Liban à Chypre.

Innovation locale : entre ingénierie et adaptation

Malgré un environnement difficile, plusieurs initiatives technologiques locales voient le jour. Al Akhbar (30 mai 2025) met en avant le projet Smart Generator développé par un groupe d’ingénieurs de l’Université libanaise. Il s’agit d’un système modulaire de gestion de l’énergie électrique à base d’intelligence artificielle, conçu pour optimiser la consommation dans les bâtiments publics. Le prototype est testé dans deux écoles publiques du Chouf.

Les porteurs du projet affirment que ce système permet une économie de 35 % sur la facture énergétique mensuelle, grâce à des capteurs connectés aux habitudes d’usage. L’absence de financement public reste toutefois un obstacle majeur à sa généralisation. Le ministère de l’Énergie n’a pas encore donné suite aux demandes de subvention formulées depuis mars.

Cyberéducation et fracture numérique

Enfin, Al Bina’ (30 mai 2025) publie un dossier sur la fracture numérique au Liban. Le journal souligne que 42 % des élèves des cycles secondaires n’ont pas accès à un ordinateur personnel, et que les connexions Internet restent inégales entre les régions. À Saïda, Tripoli et Baalbek, de nombreux lycées fonctionnent encore sans tableau numérique ni plateforme d’enseignement à distance.

Le ministère de l’Éducation reconnaît le problème, mais invoque un manque de moyens. Un programme pilote en partenariat avec l’UNICEF a permis d’équiper 30 établissements en tablettes connectées, mais l’évaluation de cette initiative n’a pas encore été rendue publique. Selon l’ONG Digital Lebanon, le fossé technologique pourrait devenir une nouvelle ligne de fracture sociale, exacerbant les inégalités d’accès au savoir.

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