Une déclaration qui reflète l’exaspération internationale
Lors d’une conférence récente à Beyrouth, un responsable français a rappelé avec insistance que « le Liban doit respecter ses engagements pour obtenir l’aide internationale. » Cette déclaration illustre la frustration croissante des donateurs internationaux face à l’absence de réformes concrètes de la part des autorités libanaises.
Depuis des années, la France joue un rôle central dans le soutien au Liban, notamment après l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Cependant, l’aide financière promise reste conditionnée à des réformes structurelles, particulièrement dans le secteur bancaire et dans la gestion des finances publiques.
Les réformes exigées par les donateurs
Les partenaires internationaux, dont le Fonds Monétaire International (FMI), ont identifié plusieurs priorités pour débloquer l’aide :
- Un audit bancaire indépendant, permettant de mesurer l’ampleur des pertes financières et d’identifier les responsabilités.
- La restructuration de la dette publique, afin de garantir la viabilité des finances de l’État.
- Des réformes dans le secteur énergétique, qui représente un gouffre financier pour l’économie libanaise.
- La lutte contre la corruption, avec la restitution des fonds publics détournés et le renforcement de la transparence.
Ces exigences visent à garantir que les fonds internationaux seront utilisés de manière responsable, et non détournés par les élites corrompues. Toutefois, leur mise en œuvre se heurte à des résistances politiques et confessionnelles, sources d’immobilisme.
Les résistances internes aux réformes
Le Liban reste profondément divisé politiquement, ce qui complique la mise en œuvre des réformes. Les élites politiques, souvent liées aux banques et à d’autres institutions économiques, s’opposent fermement à des mesures qui pourraient exposer leurs responsabilités ou réduire leurs privilèges.
L’audit bancaire constitue l’un des points les plus sensibles. Ce processus pourrait révéler des transferts massifs de capitaux à l’étranger et des pratiques douteuses qui ont aggravé la crise économique. Cette perspective pousse de nombreux acteurs à ralentir ou à saboter les réformes, au détriment de la population.
La position française : entre soutien et pression
La France, tout en exprimant sa solidarité avec le peuple libanais, a adopté une approche plus ferme. « Nous sommes prêts à aider, mais cela nécessite des garanties claires sur la gestion des fonds », a insisté le responsable français. Cette posture illustre un changement de stratégie, où le soutien inconditionnel laisse place à des conditions strictes.
La France coordonne ses efforts avec d’autres donateurs, comme les États-Unis et le Qatar, pour garantir une approche harmonisée. Ce consensus international pourrait accroître la pression sur les dirigeants libanais pour qu’ils prennent des mesures concrètes.
La population face à l’impasse
Pour les citoyens libanais, cette pression internationale est perçue à la fois comme une opportunité et une menace. D’un côté, elle pourrait forcer les élites à agir ; de l’autre, les réformes imposées, notamment la réduction des subventions, risquent d’aggraver la précarité des plus vulnérables.
La population libanaise reste divisée. Si certains voient dans ces exigences internationales un levier pour des changements attendus depuis longtemps, d’autres dénoncent une forme de « tutelle étrangère » qui pourrait porter atteinte à la souveraineté du pays.
Vers une sortie de crise ?
La déclaration du responsable français met en lumière une réalité incontournable : sans réformes, le Liban risque de rester isolé et de s’enfoncer davantage dans la crise. Cependant, la capacité des dirigeants libanais à surmonter leurs divisions pour répondre aux attentes des donateurs reste incertaine.
Les partenaires internationaux, pour leur part, devront renforcer leur soutien technique et garantir une surveillance stricte des fonds alloués, afin de s’assurer que ces réformes bénéficient réellement à la population libanaise.