Soutien aux personnes les plus vulnérables: La Banque Mondiale réclame une aide distribuée “à un taux de change local correspondant à sa valeur dans un marché non réglementé”

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La Banque Mondiale a refusé à ce que la Banque du Liban distribue les 240 millions de dollars destinés à financer un programme de soutien aux personnes les plus vulnérables en livre libanaise au taux de 6 240 LL/USD, infligeant ainsi un camouflet à son gouverneur, Riad Salamé.

Ainsi, dans une lettre adressée au ministre sortant des finances, Ghazni Wazni, la Banque Mondiale note que ce prêt doit préserver les intérêts des bénéficiaires et se déclarent prêts à discuter des modalités de distribution avec les autorités compétentes.

Ils indiquent également souhaiter discuter des modalités de distribution de cette aide, qui ne peut cependant être effectuée en devises étrangères. Il s’agit, par conséquent selon la Banque Mondiale, de distribuer ces sommes à un taux de change local correspondant à sa valeur dans un marché non réglementé, donc au marché noir, selon le contenu de la lettre qui a été rendu public.

Il s’agit de la première fois qu’une institution internationale note que la parité proposée par les autorités libanaises ne correspond pas à la valeur réelle de la livre libanaise. Il s’agit cependant d’une des conditions préalables de la communauté internationale pour le déblocage d’une aide rendue nécessaire par la dégradation des conditions sociales et économiques.

Pour rappel, le gouverneur de la Banque du Liban avait décrit ce taux de change comme étant “humanitaire” dans une lettre adressée à la Banque Mondiale.

Pour rappel, le parlement libanais a approuvé l’octroi d’un prêt de la Banque Mondiale pour une valeur de 246 millions de dollars visant à instaurer un filet de sauvetage financier aux familles les plus vulnérables, le 13 mars dernier.

Ainsi, la Banque Mondiale fournira une assistance technique en faveur de 150 000 familles mais également financera une partie de la réponse des autorités libanaises face à la pandémie du covid19. À ces 246 millions de dollars, s’ajoutent 5.5 millions de dollars pour financer un plan de soutien aux petites et moyennes entreprises également touchées par la crise économique.

La procédure de distribution en livre libanaise à un taux de 6 240 LL/USD était largement critiquée par les observateurs économiques qui considéraient qu’elle aurait pour effet une augmentation de la masse monétaire donc de l’inflation donc d’une dégradation supplémentaire de la parité de la livre libanaise face au dollar.

Par ailleurs, une distribution directe des devises étrangères, chose toutefois impossible aurait eu pour conséquence une diminution de la pression sur la livre libanaise.

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