Trump en Arabie saoudite : une visite d’affaires aux enjeux géopolitiques discrets

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Un accueil fastueux pour un allié historique

Le président américain Donald Trump a entamé, mardi, son premier déplacement officiel de second mandat par une visite à Riyad, capitale du Royaume d’Arabie saoudite. Il s’agit d’un choix stratégique révélateur, tant sur le plan diplomatique que commercial.

Accueilli avec faste, Trump a été escorté dès son entrée dans l’espace aérien saoudien par une escadrille de chasseurs du royaume. À sa descente d’Air Force One, il a levé le poing en signe de satisfaction en saluant la garde d’honneur, avant d’être accueilli par le prince héritier Mohammed ben Salmane sur le tarmac. Cette mise en scène témoigne d’une volonté partagée de marquer les esprits et de réaffirmer un partenariat étroit.

Trump entame une tournée qui le mènera également au Qatar et aux Émirats arabes unis, illustrant l’importance croissante que les États du Golfe jouent dans les équilibres mondiaux. Ce premier déplacement reflète également une hiérarchie assumée dans les relations internationales du président américain : priorité est donnée aux alliés économiques et politiques du Moyen-Orient, avant même ses partenaires occidentaux traditionnels.

Des affaires avant la diplomatie : une visite orientée business

Contrairement aux attentes générales portant sur des avancées diplomatiques dans les dossiers brûlants du Moyen-Orient, la visite de Donald Trump à Riyad se concentre principalement sur les transactions commerciales et les investissements.

Dès son arrivée, le président américain a annoncé qu’il s’exprimerait devant un forum économique de haut niveau, réunissant de nombreux dirigeants d’entreprise américains. Parmi eux, son ami et conseiller Elon Musk figure en bonne place. L’objectif est clair : conclure des accords substantiels dans des secteurs variés, des technologies émergentes à la défense.

Trump a accueilli favorablement la promesse du prince Mohammed de consacrer 600 milliards de dollars au commerce et à l’investissement aux États-Unis. Néanmoins, fidèle à son style provocateur, il a exprimé le souhait que ce montant soit revu à la hausse :

« Je vais demander au prince héritier, qui est un gars fantastique, de porter cela à un trillion. Je pense qu’il le fera. Nous avons été très bons avec eux. »

Cette déclaration résume à elle seule l’approche trumpienne des relations internationales, où la diplomatie est subordonnée aux logiques contractuelles et aux profits escomptés.

Un terrain familier et amical : le Golfe, « zone de confort » de Trump

Selon plusieurs experts américains, la région du Golfe représente une véritable zone de confort pour le président Trump. Le climat politique y est favorable : les critiques y sont rares, la réception est chaleureuse et les partenaires sont désireux de nouer ou renforcer des alliances.

Jon Alterman, vice-président d’un centre d’analyse stratégique, qualifie la région de « happy place » pour Trump. Ses interlocuteurs s’attachent à flatter son ego, lui offrent des opportunités commerciales, et accueillent favorablement sa famille en tant qu’acteurs économiques potentiels.

Le contexte rappelle la visite emblématique de 2017, lorsque Trump, tout juste élu président, avait également choisi l’Arabie saoudite comme première étape de son mandat. Cette visite avait marqué les esprits, notamment à travers l’image devenue virale où il posait la main sur un globe lumineux, aux côtés du roi Salmane.

Des enjeux géopolitiques traités avec retenue

Si la diplomatie figure officiellement à l’agenda, les dossiers sensibles sont traités avec extrême prudence. Aucun progrès substantiel n’est attendu sur les conflits régionaux ou sur la question palestinienne.

Sur le dossier israélo-palestinien, Riyad continue d’affirmer que toute normalisation avec Israël est conditionnée à la création préalable d’un État palestinien. Trump, de son côté, ne semble pas avoir mis ce sujet en avant durant sa visite. Les deux parties se gardent d’évoquer publiquement la question, préférant se concentrer sur les enjeux économiques.

Autre dossier complexe : l’Iran. Après un quatrième cycle de discussions en Oman, l’administration Trump poursuit des échanges indirects avec Téhéran. Bien que des signes d’apaisement aient émergé, Washington a imposé de nouvelles sanctions contre le programme nucléaire iranien, quelques heures à peine avant l’arrivée du président à Riyad. Ce timing illustre la volonté de fermeté, mais également la complexité d’un dossier qui dépasse les logiques commerciales.

Le précédent Khashoggi et la réhabilitation du royaume

L’un des éléments les plus sensibles des relations américano-saoudiennes reste l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, en 2018, dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul. Les services de renseignement américains avaient conclu à l’implication directe du prince héritier.

Donald Trump, dès son premier mandat, avait pris le contre-pied de son prédécesseur Joe Biden, qui s’était montré critique envers Mohammed ben Salmane. Trump a au contraire renforcé les liens personnels et commerciaux avec le royaume, tout en ignorant les appels à des sanctions ou à une prise de position plus ferme.

Depuis, Riyad a engagé une campagne de redressement d’image, assouplissant certaines restrictions internes, notamment à l’encontre des femmes, et investissant massivement dans des projets liés à l’intelligence artificielle, au tourisme ou à la transition énergétique.

Le Qatar et les Émirats : prolongement stratégique de la tournée

Après Riyad, Trump se rendra à Doha, puis à Abou Dhabi. Ces deux étapes ne sont pas anecdotiques. Le Qatar, en particulier, joue un rôle central dans les discussions diplomatiques en cours entre les États-Unis et le Hamas. Ce rôle de médiateur, souvent discret, s’avère crucial dans les opérations de libération d’otages, comme celle, récente, du citoyen américain Edan Alexander.

Les Émirats arabes unis, quant à eux, cultivent une image de puissance montante, autant dans les domaines militaires que technologiques. Trump y est perçu comme un partenaire commercial de choix, notamment dans le domaine de la défense.

Le volet militaire : vers des contrats d’armement massifs

L’un des objectifs phares de la visite semble être la conclusion d’accords d’armement à grande échelle. Un responsable saoudien, proche du ministère de la Défense, a confirmé que Riyad souhaite acquérir les derniers avions de chasse américains F-35 ainsi que des systèmes de défense aérienne ultramodernes.

La condition saoudienne est claire : les livraisons devront intervenir avant la fin du second mandat de Trump. Ce type de contrat vise à verrouiller une coopération militaire exclusive avec l’administration en place, tout en mettant à l’épreuve la relation de confiance entre les deux pays.

Une offre controversée : un nouvel Air Force One qatari ?

Parmi les points les plus controversés de cette tournée, figure la proposition faite par la famille royale qatarie de fournir un jet Boeing de luxe à Donald Trump pour ses déplacements présidentiels.

Cette offre, présentée comme un « geste d’amitié », a rapidement suscité des critiques aux États-Unis, où plusieurs observateurs y voient un conflit d’intérêts potentiel. Trump, fidèle à son style direct, a balayé les objections :

« C’est une transaction très publique et transparente. Je ne suis pas du genre à refuser ce type d’offre. »

Cette phrase illustre la manière dont le président américain envisage la politique étrangère : un mélange assumé de personnalisation, de pragmatisme économique et de rupture avec les codes diplomatiques classiques.

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