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Israël accusé par l’ONU de violer le cessez-le-feu au sud du Liban

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Des violations documentées de la Ligne bleue par les forces israéliennes

Le 10 avril 2025, une patrouille de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) a rapporté avoir observé dix soldats israéliens franchissant la Ligne bleue près d’Alma al-Shaab. Cette ligne, tracée par l’ONU en 2000, constitue la frontière de facto entre Israël et le Liban. Cet incident constitue une nouvelle entorse à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui régit le cessez-le-feu conclu à l’issue de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Ce n’est pas la première fois que des activités militaires israéliennes sont constatées au nord de cette ligne. Selon Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, ces incursions constituent une violation directe des engagements pris par les parties au titre de la résolution 1701. Cette dernière stipule clairement que seules les forces armées libanaises et les contingents de la FINUL sont autorisés à opérer au sud du fleuve Litani.

Ces incursions nourrissent la tension et compliquent la tâche des autorités libanaises et des forces internationales chargées de maintenir la stabilité dans la région. L’ONU a réaffirmé que le respect de la Ligne bleue est un élément fondamental du dispositif de désescalade en vigueur depuis 2006.

Une présence armée non autorisée documentée sur le terrain

En plus des incursions terrestres, les soldats de la FINUL continuent de repérer des sites contenant des armes et des munitions non déclarées dans des zones civiles du sud du Liban. Le 11 avril 2025, une position suspecte de lancement de roquettes a été identifiée près du village de Kfar Hammam, puis signalée à l’armée libanaise. Cette découverte s’ajoute à une longue série d’incidents similaires.

Depuis la reprise du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah le 27 novembre 2024, les casques bleus ont répertorié plus de 240 caches d’armes sur le territoire. Ces découvertes ont été systématiquement transférées à l’armée libanaise pour vérification et démantèlement.

Ces éléments démontrent l’existence continue d’activités militaires parallèles, en violation des dispositions de la résolution 1701, qui exige la démilitarisation de toutes les forces non étatiques au sud du pays.

Une situation sur le terrain entravée par la présence militaire israélienne

Depuis le début du cessez-le-feu, l’armée libanaise, avec l’appui logistique et opérationnel de la FINUL, a renforcé son déploiement dans la zone sud. D’après le communiqué officiel de la mission, plus de 120 positions permanentes sont désormais tenues par les forces régulières libanaises.

Toutefois, ce redéploiement reste incomplet. Selon la FINUL, la présence persistante de troupes israéliennes dans certaines poches du territoire libanais empêche une implantation totale des forces de sécurité nationales, comme le prévoit pourtant la résolution 1701.

Cette situation limite l’efficacité du mandat de la FINUL, en rendant l’environnement opérationnel instable et en compliquant la coordination avec les forces libanaises sur le terrain.

Le point de vue des parties libanaises sur le respect du cessez-le-feu

Du côté libanais, les autorités politiques et militaires affirment que le pays respecte scrupuleusement ses obligations en vertu de la résolution 1701. Le président Michel Aoun a déclaré que l’armée libanaise était présente sur plus de 85 %de la région frontalière au sud du Litani. Il a précisé que seuls cinq postes frontaliers restaient sous occupation israélienne, constituant ainsi l’unique obstacle au contrôle intégral de la zone.

Le chef du Hezbollah, Sheikh Naim Qassem, a également déclaré que le mouvement chiite s’était retiré au nord du Litani, conformément à ses engagements. Selon lui, l’État libanais a rempli sa part du contrat, tandis qu’Israël continue de violer ses engagements, notamment en menant des frappes ciblées contre des installations et des membres présumés du Hezbollah.

Ces déclarations révèlent une divergence profonde dans l’interprétation du cessez-le-feu et renforcent l’argument de ceux qui estiment que le statu quo actuel est déséquilibré au détriment de la souveraineté libanaise.

Une mission d’interposition sous pression

La FINUL continue d’assurer son mandat de surveillance du cessez-le-feu dans un contexte de plus en plus tendu. En tant que membre du comité de suivi du cessez-le-feu, aux côtés de la France, des États-Unis, d’Israël et du Liban, elle joue un rôle clé dans la prévention d’une escalade militaire.

Cependant, l’efficacité de la mission est souvent remise en cause par l’absence de coopération bilatérale entre les armées israélienne et libanaise. Cette carence complique la remontée d’informations, la vérification des incidents et le désamorçage des tensions sur le terrain.

Dans ce climat, la multiplication des violations, qu’elles soient israéliennes ou dues à des groupes armés non étatiques, place la FINUL dans une posture délicate. D’un côté, elle doit assurer sa neutralité, de l’autre, elle est régulièrement ciblée par des critiques venues des deux camps.

Vers un affaiblissement durable du Hezbollah ?

Le Hezbollah, qui a longtemps été considéré comme la force militaire non étatique dominante au Liban, ressort affaibli des affrontements les plus récents. La guerre éclair menée par Israël semble avoir porté un coup sévère à ses infrastructures opérationnelles dans le sud du pays.

Néanmoins, le mouvement conserve un fort ancrage politique et populaire, ce qui rend toute tentative de désarmement extrêmement délicate. Le président Aoun a lui-même rappelé que cette question devait être abordée dans le cadre d’un dialogue national, sans recours à la confrontation.

Cet équilibre instable entre puissance de feu, présence politique et légitimité populaire rend le traitement du dossier sécuritaire au sud du Liban particulièrement sensible, et freine l’application intégrale de la résolution 1701.

Les perspectives de stabilisation : entre diplomatie et pressions militaires

La stabilisation de la région dépend aujourd’hui de plusieurs facteurs :

  • Le retrait complet des troupes israéliennes des positions contestées ;
  • L’engagement continu de la FINUL et des médiateurs internationaux ;
  • La capacité du gouvernement libanais à imposer son autorité sur tout le territoire, y compris face au Hezbollah ;
  • L’éviction des armes non autorisées au sud du Litani, quelles que soient leurs origines.

Ces conditions sont loin d’être réunies à l’heure actuelle. En dépit de la volonté affichée par certaines parties, le terrain reste miné, au sens propre comme au figuré.

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Newsdesk Libnanews
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