Le conflit au sud du Liban continue de susciter des préoccupations internationales, alors que les Casques bleus des Nations unies, déployés sous la bannière de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), ont signalé sept activités israéliennes en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Ces observations, rapportées le 20 mars 2025 par le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, mettent en lumière des incursions au nord de la Ligne bleue, une frontière temporaire établie par les Nations unies entre Israël et le Liban. Adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, cette résolution exige que les forces israéliennes restent au sud de cette démarcation. Parallèlement, la découverte d’armes non autorisées dans la région par la FINUL soulève des questions sur l’application de cette résolution et ses implications pour la stabilité régionale.
Les violations israéliennes signalées
Farhan Haq a détaillé que les activités israéliennes observées par la FINUL ont eu lieu au nord de la Ligne bleue, une zone où la résolution 1701 interdit la présence de forces israéliennes. Ces incursions, bien que non précisées dans leur nature exacte – patrouilles, survols ou installations – contreviennent à l’accord de 2006, qui stipule que seules l’armée libanaise et la FINUL peuvent opérer dans cette région au sud du fleuve Litani. Ce n’est pas la première fois que de telles violations sont signalées : depuis la fin des hostilités en novembre 2024, marquées par un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hezbollah, les tensions persistent, alimentées par des allégations de non-respect des termes de la résolution.
La FINUL, forte de 10 000 soldats issus de dizaines de pays, a réitéré son appel à un retrait complet des forces israéliennes du sud du Liban. Cet appel vise à permettre à l’armée libanaise de prendre pleinement le contrôle de la zone, comme prévu par la résolution 1701, qui ambitionne de démilitariser le sud du Liban en dehors des forces étatiques et onusiennes. Haq a souligné que ce retrait est essentiel pour stabiliser la région et éviter une reprise des hostilités, un objectif que la communauté internationale tente de soutenir depuis des mois via des efforts diplomatiques menés par les États-Unis et la France.
Des caches d’armes découvertes
Dans un autre développement, la FINUL a mis au jour des armes non autorisées dans sept emplacements distincts au sud du Liban. Parmi les découvertes figurent des lance-roquettes, des grenades propulsées par fusée et des stocks de munitions, autant d’équipements interdits par la résolution 1701, qui exige que cette zone soit exempte de toute présence armée autre que celle de l’armée libanaise et des peacekeepers. Ces caches, dont l’origine n’a pas été explicitement attribuée dans les déclarations de Haq, ont été signalées à l’armée libanaise pour une action appropriée, conformément au rôle de soutien de la FINUL.
Cette trouvaille met en évidence un défi persistant : la présence continue d’armes et de groupes armés dans une région censée être démilitarisée. Bien que le Hezbollah, principal acteur non étatique dans le sud, ait été affaibli par les frappes israéliennes de 2024, ces découvertes suggèrent que des poches de résistance ou des milices subsistent, défiant les termes du cessez-le-feu et de la résolution. L’armée libanaise, déployée dans 93 positions au sud du Litani depuis novembre 2024 – contre seulement 10 avant le cessez-le-feu –, montre une volonté accrue de reprendre le contrôle, mais ses moyens limités et son manque d’équipements modernes freinent son efficacité.
Contexte et tensions persistantes
La résolution 1701, adoptée à l’unanimité en août 2006 après 34 jours de guerre entre Israël et le Hezbollah, visait à instaurer une paix durable le long de la frontière. Elle exigeait un cessez-le-feu immédiat, le retrait des forces israéliennes, le désarmement des groupes armés au sud du Liban et le déploiement conjoint de l’armée libanaise et de la FINUL. Pourtant, près de deux décennies plus tard, son application reste bancale. Israël accuse régulièrement le Hezbollah de violer la résolution en maintenant des armes et des combattants près de la frontière, tandis que le Liban dénonce les incursions israéliennes – aériennes, terrestres ou maritimes – comme des atteintes répétées à sa souveraineté.
Les sept violations signalées par la FINUL s’inscrivent dans ce climat de défiance mutuelle. Depuis le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël a justifié certaines de ses actions par la nécessité de neutraliser les infrastructures restantes du Hezbollah, affirmant que la FINUL et l’armée libanaise échouent à empêcher la réorganisation du groupe. De son côté, le gouvernement libanais, sous Nawaf Salam, insiste sur le respect intégral de la résolution pour éviter une nouvelle escalade, tout en luttant pour asseoir son autorité dans un pays fracturé par la crise économique et politique.
Implications pour la région
Ces incidents soulignent la fragilité de la trêve actuelle. Les violations israéliennes risquent de raviver les tensions avec le Hezbollah, qui, bien qu’affaibli, conserve une capacité de riposte. La découverte d’armes non autorisées renforce les arguments d’Israël pour maintenir une vigilance militaire, mais elle expose aussi les failles de la FINUL et de l’armée libanaise dans l’application de la démilitarisation. Pour les peacekeepers, ces événements compliquent une mission déjà périlleuse : depuis octobre 2024, leurs positions ont été visées à plusieurs reprises, suscitant des accusations de violations du droit international humanitaire.
Sur le plan international, les États-Unis, qui ont medié le cessez-le-feu, pressent les deux parties à respecter la résolution 1701, tout en soutenant Israël dans sa quête de sécurité. L’Union européenne, quant à elle, appelle à renforcer la FINUL et à accélérer le retrait israélien, tandis que des pays comme la France préparent une conférence ministérielle pour mobiliser un soutien accru au Liban. Mais sans une volonté politique ferme des acteurs locaux et un mandat plus robuste pour la FINUL, la paix reste un objectif lointain.
Un équilibre précaire
Les observations de la FINUL ce 20 mars 2025 jettent une lumière crue sur les défis persistants au sud du Liban. Les violations israéliennes et la présence d’armes illégales rappellent que la résolution 1701, bien qu’ambitieuse, peine à s’imposer face aux réalités du terrain. Nawaf Salam, confronté à une crise interne et à des pressions externes, doit jongler entre la souveraineté nationale et les exigences internationales, tandis que la population libanaise, épuisée par des années de chaos, regarde son avenir s’assombrir. Sans un retrait israélien total et une démilitarisation effective, le sud du Liban risque de demeurer une poudrière prête à s’embraser.