Une intense activité diplomatique autour du Liban
Le ministre des Affaires étrangères libanais, Youssef Raji, a multiplié les rencontres diplomatiques ces derniers jours, recevant notamment la vice-assistante du secrétaire d’État américain pour le Moyen-Orient, Natasha Franceschi, ainsi que des représentants de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Ces réunions ont mis en lumière les préoccupations sécuritaires et économiques du Liban, tout en renforçant la coopération avec les puissances occidentales.
L’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui appelle notamment au retrait total des forces israéliennes du Liban, est restée au cœur des discussions, aux côtés des réformes économiques et du dossier des réfugiés syriens.
Washington et Berlin appellent Israël à respecter la souveraineté libanaise
Lors de sa rencontre avec Natasha Franceschi, Youssef Raji a exprimé sa gratitude aux États-Unis pour leur médiation dans la libération des prisonniers libanais détenus en Israël, ainsi que pour leur soutien à l’armée libanaise. Cependant, il a également souligné l’importance d’un retrait complet des forces israéliennes des territoires libanais occupés et a appelé Washington à intensifier ses efforts diplomatiques pour faire pression sur Israël afin qu’il respecte la résolution 1701.
En parallèle, le représentant du gouvernement allemand, Niels Annen, a réaffirmé le soutien de Berlin à la souveraineté du Liban, soulignant que le maintien des forces israéliennes dans le sud du pays entrave la stabilité régionale et complique la mission du gouvernement libanais.
Raji a insisté sur le rôle clé de l’armée libanaise, qui, selon lui, est capable d’assurer la sécurité des frontières et d’empêcher toute escalade militaire. L’Allemagne a de son côté promis de renforcer son engagement au Liban, notamment à travers des programmes de soutien à l’armée et aux réformes économiques.
Les préoccupations croissantes sur le dossier des réfugiés syriens
Un autre point clé des discussions a été le sort des réfugiés syriens au Liban, un sujet de plus en plus sensible dans un pays en proie à une grave crise économique. Youssef Raji a insisté sur le fait que le développement économique de la Syrie et la levée des sanctions internationales contre Damas étaient essentiels pour favoriser le retour des réfugiés syriens dans leur pays d’origine.
Le Liban accueille aujourd’hui environ 1,5 million de réfugiés syriens, soit l’un des taux les plus élevés par habitant au monde. Cette situation pèse lourdement sur les infrastructures, l’économie et les ressources du pays. Raji a exhorté les États européens à changer leur approche sur la question, appelant à un rapatriement progressif des réfugiés afin d’alléger la pression sur le Liban.
Un engagement militaire renforcé de la part du Royaume-Uni
En parallèle, le ministre de la Défense libanais, Michel Mansi, a accueilli plusieurs délégations étrangères, dont la représentante spéciale des Nations unies au Liban, Janine Hennis-Plasschaert, ainsi qu’un haut responsable britannique, l’amiral Edward Green.
La réunion avec Hennis-Plasschaert a mis l’accent sur le rôle du contingent de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) et la nécessité de renforcer la coopération entre la mission onusienne et l’armée libanaisepour assurer l’application de la résolution 1701. Le ministre libanais a dénoncé les violations israéliennes répétées, appelant à des actions internationales pour faire pression sur Israël afin d’obtenir le retrait des cinq points encore occupés par l’armée israélienne dans le sud du Liban.
Lors de son entretien avec l’amiral Edward Green, représentant de la défense britannique pour le Moyen-Orient, Michel Mansi a discuté de la coopération militaire entre Londres et Beyrouth, notamment sur le renforcement des capacités de surveillance des frontières. Le Royaume-Uni a réaffirmé son engagement à poursuivre la construction d’infrastructures de sécurité, notamment des tours de surveillance à la frontière syrienne, afin d’améliorer le contrôle des flux transfrontaliers et de prévenir les infiltrations terroristes.
L’affaire du journaliste Samir Kassab refait surface
En marge de ces rencontres diplomatiques, le ministre Youssef Raji a reçu la famille du journaliste libanais Samir Kassab, enlevé en Syrie en 2013. Accompagnée du député Ghiath Yazbek, la famille a rappelé les difficultés à obtenir des informations sur le sort du photographe, alors que les bouleversements récents en Syrie pourraient offrir de nouvelles opportunités pour faire avancer l’enquête.
Le ministre des Affaires étrangères s’est engagé à poursuivre les efforts pour clarifier le destin de Kassab et d’autres Libanais disparus en Syrie, réaffirmant l’importance d’une coopération entre Beyrouth et les organisations internationales pour obtenir des réponses.
Les réformes économiques au centre des attentes internationales
Face à l’impasse politique qui freine les réformes au Liban, les partenaires internationaux ont insisté sur la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des réformes économiques et financières promises par le gouvernement de Nawaf Salam.
Niels Annen, représentant allemand, a souligné que le respect des engagements de réforme est crucial pour restaurer la confiance des investisseurs étrangers et débloquer des aides internationales, notamment celles du Fonds monétaire international (FMI). Il a rappelé que l’Allemagne était prête à soutenir les efforts du Liban, mais que des avancées concrètes étaient attendues dans la lutte contre la corruption, la restructuration du secteur bancaire et la réduction du déficit public.
Le ministre Youssef Raji a assuré que le gouvernement libanais était déterminé à aller de l’avant, malgré les obstacles politiques internes et les résistances de certaines factions.