Le Palais Présidentiel de Baabda. Source Photo: Facebook
Le Palais Présidentiel de Baabda. Source Photo: Facebook

Le Courant Patriotique Libre (CPL) traverse une période de turbulences internes sans précédent. La récente démission du député Ibrahim Kanaan a déclenché une série de révélations et de réactions au sein du parti dirigé par Gebran Bassil. C

La démission de Kanaan : Un acte de rébellion ou une tentative de réforme ?

Ibrahim Kanaan, figure emblématique du CPL et président de la Commission des Finances et du Budget du Parlement libanais, a récemment annoncé sa démission du cadre organisationnel du parti. Cette décision, qui a suivi les départs de plusieurs autres députés influents tels qu’Elias Bou Saab, Alain Aoun, et Simon Abi Ramia, a été perçue par beaucoup comme un acte de rébellion contre la direction actuelle du parti, incarnée par Gebran Bassil.

Kanaan a expliqué que sa démission était motivée par une absence de réponse positive à ses tentatives de réconciliation et de réforme au sein du CPL. Il a affirmé avoir lancé des initiatives pour rassembler les membres du parti autour d’une vision commune, mais celles-ci ont été ignorées, voire sabordées, par la direction. Ces initiatives auraient visé à rétablir l’unité et la cohésion au sein du CPL, mais elles ont rencontré une forte résistance de la part de Bassil et de son entourage, qui ont interprété ces démarches comme une tentative de prise de pouvoir.

Les accusations du CPL : Un comportement de dissidence ?

En réponse à la démission de Kanaan, la direction du CPL, par l’intermédiaire de sa commission centrale de l’information et de la communication, a publié un communiqué détaillant une série de « mises en garde » et d’accusations contre l’ancien député. Selon ce communiqué, Kanaan aurait, depuis longtemps, adopté une posture dissidente au sein du parti, encourageant la formation d’un groupe de députés partageant des politiques et des pratiques divergentes de celles du CPL.

Le communiqué accuse Kanaan d’avoir entretenu des relations politiques indépendantes, notamment avec des partis, des ambassadeurs, et d’autres figures influentes, sans en informer la direction du CPL, et souvent en contradiction avec les décisions du parti. Il est également reproché à Kanaan d’avoir ignoré les réunions du conseil politique pendant plus de deux ans, et celles de la commission politique pendant un an et un mois. Ce comportement, selon le CPL, a renforcé l’impression qu’il cherchait à créer une faction dissidente au sein du parti (Al-Diyar).

Les révélations sur les ambitions présidentielles de Kanaan :

Parmi les accusations portées contre Kanaan figure son ambition présumée de se présenter à l’élection présidentielle, une démarche qui aurait été en contradiction directe avec les directives du CPL. Le parti avait en effet décidé que ni son président, Gebran Bassil, ni aucun membre du parti ne devait se porter candidat à la présidence. Kanaan, soutenu par un groupe de trois députés, aurait néanmoins mené une campagne discrète pour promouvoir sa candidature, ce qui, selon le CPL, a nui à l’image et à la cohésion du parti (An-Nahar).

Les divergences sur les lois économiques :

Le CPL reproche également à Kanaan d’avoir pris des positions divergentes sur des lois cruciales pour le pays, notamment le « capital control » et la loi de finances, qui étaient considérées comme essentielles par la direction du parti pour assurer la stabilité financière du Liban. Ces prises de position auraient été perçues comme un défi direct à l’autorité de Bassil et à la ligne politique du CPL (Al-Akhbar).

Une fracture irréparable ?

Malgré les tentatives de dialogue entre Kanaan et la direction du CPL, la situation semble avoir atteint un point de non-retour. Selon le communiqué du parti, Bassil aurait fait preuve de patience et tenté à plusieurs reprises de résoudre les tensions, mais les divergences étaient trop profondes. Le CPL accuse Kanaan d’avoir, au lieu de s’engager dans un dialogue constructif, préféré orchestrer une campagne médiatique pour créer un climat de dissidence au sein du parti. Le communiqué évoque notamment une « conférence de presse théâtrale » organisée par Kanaan, qui aurait visé à tromper les partisans du parti sur ses véritables intentions (Al-Joumhouria).

En réaction à la démission de Kanaan, le CPL a affirmé que cette crise, bien que sérieuse, pourrait finalement renforcer le parti en purgeant les éléments dissidents et en consolidant l’unité autour de Bassil. Le parti a annoncé que Gebran Bassil s’exprimera prochainement lors d’une apparition médiatique sur OTV pour aborder en détail ces événements et exposer la vision future du CPL (An-Nahar).

Cette crise interne au sein du CPL met en lumière les défis auxquels est confronté le mouvement dans un contexte politique libanais déjà marqué par l’instabilité. Si le parti réussit à surmonter cette période tumultueuse, il pourrait sortir renforcé, mais les divisions actuelles risquent de laisser des traces durables et d’affaiblir la cohésion du CPL à l’avenir.

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