De nombreux députés s’opposent à la restructuration du secteur bancaire parce qu’ils sont actionnaires des banques (Henri Chaoul)

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S’exprimant dans les colonnes du Daily Star, le négociateur libanais Henri Chaoul qui a démissionné avec fracas cette semaine, a indiqué que de nombreux députés s’opposent à la restructuration du secteur bancaire en raison de conflits d’intérêt. En effet, ils seraient actionnaires des banques.

Pour rappel, le plan de sauvetage présenté par le gouvernement Hassan Diab prévoit un approvisionnement à -pratiquement – la totalité des actions, des pertes financières des établissements bancaires.

Ainsi, selon Henri Chaoul, “nous vivons dans un pays où les parlementaires qui doivent réformer le secteur financiers ont également des actions dans ces banques”. Il a également ajouté que cela est une folie.

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Des parlementaires accusés de conflits d’intérêts

Cette information intervient alors que certains parlementaires tentent de minimiser les pertes du secteur financier, évoquant un montant de 81 000 milliards de dollars de perte contre 241 000 milliards de pertes selon les estimations des autorités libanaises. Par ailleurs, les experts du Fonds Monétaire International estiment ces pertes encore supérieures, de l’ordre de 100 milliards de dollars alors que les dépôts auprès des banques libanaises continuent à fondre.

Il s’agirait pour les parlementaires, d’éviter de perdre ainsi les actions qu’ils détiendraient au sein de ces établissements, accuse indirectement Henri Chaoul.

En raison de la polémique concernant ces chiffres, les spécialistes craignent que les négociations avec le FMI échouent, faute d’un accord sur les chiffres des pertes du secteur bancaire.

Henri Chaoul met ainsi en garde contre des altérations du plan de sauvetage, indiquant que ce dernier avait été rédigé pour faciliter l’obtention d’une aide financière du FMI.

L’Association des Banques du Liban avait déjà indiqué qu’elle en appellerait aux parlementaires pour bloquer le plan de sauvetage de l’économie libanaise.

Pour rappel, le Liban demanderait une aide financière de 10 milliards de dollars, un préalable également au déblocage de l’aide économique prévue dans le cadre de CEDRE.
Cependant, les spécialistes redoutent que les négociations entre les autorités libanaises et le FMI se complexifie encore avec cette controverse sur les chiffres des pertes du secteur financier, en dépit des assurances du gouvernement qui refuse tout changement de ces chiffres.

L’ABL a également proposé un plan alternatif face au plan du gouvernement. Cependant, le plan de l’ABL est également controversé, puisqu’il appelle à l’obtention d’une aide du FMI sans admettre les pertes du secteur bancaire. Les experts estiment ainsi qu’il est irréalisable, ce que confirme Henri Chaoul dans les colonnes du Daily Star, qui par ailleurs impose les réformes au Liban en cas d’obtention de son aide.

Henri Chaoul met ainsi en garde le parlement contre un refus de certaines réformes spécifiées par le plan de sauvetage, estimant que l’aide du Fonds pourrait être drastiquement réduite.

Aussi, il a révélé que le FMI n’est pas du tout convaincu par les chiffres des pertes présentées par les représentants de la Banque du Liban.

Pour rappel, le FMI avait critiqué depuis quelques années déjà, la politique monétaire conduite par le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et notamment les opérations d’ingénieries financières menées entre 2016 et 2018, responsables d’une perte d’une partie des réserves monétaires afin de favoriser les profits des établissements bancaires.

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