Une escalade meurtrière à Gaza
En ce 25 mars 2025, le conflit dans la bande de Gaza continue de s’intensifier, restant un foyer majeur de tensions au Moyen-Orient et un défi central pour la politique internationale. Selon plusieurs quotidiens arabes, dont Al Sharq Al Awsat, les frappes israéliennes se sont accentuées au cours de la dernière semaine, causant la mort de plus de 700 Palestiniens, dont près de 400 femmes et enfants. Ces chiffres, relayés par des sources locales et des organisations humanitaires, témoignent de l’ampleur des pertes civiles dans un territoire déjà exsangue après des mois de guerre. Les bombardements, visant selon Israël des infrastructures du Hamas, ont touché des zones densément peuplées, aggravant une crise humanitaire qualifiée de « critique » par l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens.
La guerre, qui oppose l’armée israélienne aux factions palestiniennes, notamment le Hamas et ses Brigades al-Qassam, s’inscrit dans une spirale de violence qui dure depuis octobre 2023, lorsque des attaques du Hamas avaient tué plus de 1 200 Israéliens et conduit à la prise de dizaines d’otages. En réponse, Israël a lancé une offensive massive visant à démanteler les capacités militaires du mouvement islamiste, mais au prix d’un bilan humain et matériel dévastateur. À ce jour, les estimations font état de dizaines de milliers de morts palestiniens, tandis que Gaza, enclave de 2,3 millions d’habitants, est en grande partie réduite à des ruines.
Le plan égyptien : une lueur d’espoir ?
Face à cette impasse, l’Égypte tente une nouvelle fois de jouer un rôle de médiateur. Selon Al Sharq Al Awsat (25 mars 2025), Le Caire a proposé un plan de cessez-le-feu actuellement en discussion entre Israël, l’Égypte et les États-Unis. Ce plan prévoit une libération progressive de cinq otages israéliens par semaine, en échange d’un arrêt des hostilités et d’un retrait graduel des troupes israéliennes de Gaza. Des garanties américaines accompagneraient cet accord, notamment pour assurer le respect des engagements des deux parties et empêcher une reprise immédiate des combats. Ce n’est pas la première fois que l’Égypte, voisin stratégique de Gaza, s’implique dans de telles négociations : elle avait déjà facilité des trêves temporaires en 2023 et 2024, bien que celles-ci aient rapidement volé en éclats.
Le plan égyptien intervient dans un contexte où les pourparlers précédents, souvent menés sous l’égide du Qatar ou des États-Unis, ont échoué à produire une paix durable. La proposition actuelle semble miser sur une désescalade progressive plutôt que sur une solution globale, une approche pragmatique visant à répondre aux besoins immédiats : la libération des otages pour Israël, et un répit humanitaire pour les Palestiniens. Cependant, des obstacles majeurs subsistent, tant du côté israélien que palestinien, rendant son succès incertain.
La position israélienne : entre intérêt et divisions internes
Du côté israélien, le gouvernement a accueilli la proposition égyptienne avec un intérêt mesuré, selon Annahar Int’l (25 mars 2025). Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, sous pression pour ramener les otages chez eux, n’a pas rejeté l’initiative, mais son cabinet reste divisé. Les ultranationalistes de sa coalition, comme le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, plaident pour une poursuite de l’offensive jusqu’à l’éradication totale du Hamas, tandis que des voix plus modérées, notamment au sein de l’opposition, appellent à privilégier la diplomatie pour éviter un enlisement coûteux.
Cette ambivalence s’est cristallisée dans une crise interne récente. Netanyahu a écarté Ronen Bar, chef du Shin Bet – le service de sécurité intérieure – en pleine négociation, une décision qui a ravivé les dissensions au sein de sa coalition. Selon Annahar Int’l, cette éviction serait liée à des désaccords sur la gestion des otages et des pourparlers, Bar ayant prôné une approche plus souple envers les médiateurs égyptiens. Cette instabilité politique fragilise la capacité d’Israël à s’engager pleinement dans le plan du Caire, alors que l’opinion publique, marquée par les images des otages, reste partagée entre soutien à la guerre et désir de paix.
La réponse palestinienne : entre négociations et résistance
Côté palestinien, le Hamas montre des signes d’ouverture, tout en maintenant sa posture militaire. Al Akhbar (25 mars 2025) rapporte que le mouvement a diffusé une vidéo montrant deux otages israéliens vivants, un geste interprété comme une volonté de prouver sa bonne foi dans les négociations. Cette démarche fait écho à des tactiques passées, où le Hamas a utilisé la question des otages comme levier pour obtenir des concessions, notamment des cessez-le-feu ou la levée partielle du blocus de Gaza. Cependant, le mouvement n’a pas encore formellement accepté le plan égyptien, exigeant des garanties sur le retrait israélien et un accès accru à l’aide humanitaire.
Parallèlement, les Brigades al-Qassam, branche militaire du Hamas, continuent leurs opérations. Al Akhbar indique que des positions israéliennes autour du centre de Gaza ont été ciblées cette semaine, avec des roquettes et des attaques au sol visant à maintenir la pression sur l’armée adverse. Cette double stratégie – négociation et combat – reflète la ligne dure du Hamas, qui refuse de capituler malgré les pertes considérables subies par ses combattants et la population civile.
Une crise humanitaire sans précédent
Au-delà des tractations politiques, la situation humanitaire à Gaza atteint un point de rupture. L’UNRWA rapporte que plus de 124 000 personnes ont été déplacées en une semaine à cause des combats, portant le total des déplacés internes à près de 1,9 million depuis le début du conflit. Les infrastructures, déjà précaires avant la guerre, sont désormais quasi inexistantes : hôpitaux débordés, écoles détruites, réseaux d’eau et d’électricité hors service. L’accès à l’aide alimentaire, entravé par les restrictions israéliennes et les zones de combat, est réduit à une fraction des besoins réels, avec des risques de famine signalés dans le nord de l’enclave.
Les organisations internationales, dont l’ONU, multiplient les appels à une trêve immédiate pour permettre l’acheminement de l’aide. Mais ces appels se heurtent à la réalité militaire : Israël conditionne tout assouplissement à des avancées sur la question des otages, tandis que le Hamas lie son désengagement à un retrait complet des troupes. Dans ce bras de fer, la population de Gaza paie le prix fort, prise en étau entre les bombardements et l’effondrement des conditions de vie.
Les défis d’une médiation égyptienne
L’initiative du Caire, bien que prometteuse, repose sur des équilibres fragiles. L’Égypte, qui partage une frontière avec Gaza via le point de passage de Rafah, a des intérêts stratégiques clairs : éviter un débordement du conflit sur son territoire et maintenir son rôle de médiateur régional face à des concurrents comme le Qatar. Le plan bénéficie du soutien des États-Unis, qui cherchent à stabiliser la région dans un contexte où leur influence est contestée par la Chine et la Russie. Mais sa mise en œuvre dépendra de la capacité des parties à surmonter leurs divergences.
Pour Israël, accepter un retrait graduel pourrait être perçu comme une concession majeure, alimentant les critiques internes sur une « victoire inachevée » face au Hamas. Pour les Palestiniens, le plan doit garantir plus qu’une pause temporaire : un retour à une normalité, même relative, passe par la reconstruction et la fin du blocus, des objectifs absents du cadre actuel. En outre, la méfiance mutuelle entre Netanyahu et le Hamas, alimentée par des années de confrontation, complique toute avancée.