Les derniers articles

Articles liés

Gaza : l’Égypte défie Trump avec un plan de reconstruction à 53 milliards

- Advertisement -

Le 4 mars 2025, l’Égypte a dévoilé un ambitieux plan de reconstruction de Gaza, évalué à 53 milliards de dollars sur cinq ans, selon un projet obtenu par l’AFP. Présenté lors d’un sommet arabe extraordinaire au Caire, ce plan vise à contrer la proposition controversée du président américain Donald Trump, qui envisageait une prise de contrôle de Gaza par les États-Unis et le déplacement de sa population palestinienne vers des pays voisins comme l’Égypte et la Jordanie. Face au tollé suscité par cette idée, rejetée par les Palestiniens, les États arabes et plusieurs partenaires occidentaux, l’Égypte propose une alternative centrée sur le secours d’urgence, la restauration des infrastructures et le développement économique durable, tout en maintenant les Gazaouis sur leur terre.

Une réponse immédiate aux besoins humanitaires

Le plan égyptien se divise en deux grandes phases : une période de relèvement précoce et une reconstruction à long terme. La première, d’une durée de six mois et d’un coût de 3 milliards de dollars, cible les priorités urgentes. Elle prévoit le déminage et l’élimination des munitions non explosées, le nettoyage des débris laissés par plus d’un an de guerre, et la fourniture de logements temporaires. Sept sites désignés à l’intérieur de Gaza accueilleraient plus de 1,5 million de déplacés dans des unités modulaires, chaque unité logeant en moyenne six personnes. Par ailleurs, 60 000 maisons partiellement endommagées seraient réparées pour abriter 360 000 habitants, offrant une solution rapide à la crise du logement.

Cette phase répond à une situation critique : depuis octobre 2023, le conflit entre Israël et le Hamas a détruit ou endommagé environ 250 000 logements à Gaza, soit près de 60 % du parc immobilier, selon les estimations de l’ONU. Plus de 90 % des routes et 80 % des infrastructures de santé sont également hors service, aggravant les conditions de vie.

Une reconstruction en deux étapes

La phase de reconstruction, étalée sur quatre ans et demi, se décompose en deux étapes. Jusqu’en 2027, une enveloppe de 20 milliards de dollars financerait la remise en état des infrastructures essentielles – routes, réseaux d’eau et d’électricité, services publics – et la construction de 200 000 logements permanents pour 1,6 million de personnes. Environ 20 000 acres de terres seraient également récupérés pour des projets futurs. De 2027 à 2030, un budget supplémentaire de 30 milliards de dollars compléterait ces travaux, avec 200 000 logements additionnels, des zones industrielles, un port de pêche, un port commercial et un aéroport, visant à poser les bases d’une économie viable.

Ce calendrier ambitieux s’inspire de précédents comme le plan Marshall pour l’Europe post-Seconde Guerre mondiale, adapté aux réalités locales. Cependant, son succès dépendra de la stabilité politique et de la fin des hostilités, deux conditions incertaines alors que le cessez-le-feu de janvier 2025 reste fragile.

Financement : un fonds sous supervision internationale

Pour garantir les fonds nécessaires, l’Égypte propose la création d’un fonds fiduciaire supervisé à l’échelle internationale, assurant transparence et efficacité. Une conférence ministérielle de haut niveau, prévue au Caire, réunira des donateurs – pays, institutions financières régionales et internationales, secteur privé et société civile – pour mobiliser les 53 milliards. Les États du Golfe, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, riches en pétrole, sont considérés comme des contributeurs potentiels majeurs, bien que leurs engagements précis restent à définir.

Qui dirigera Gaza ?

La gouvernance de Gaza reste une question centrale. Le plan égyptien prévoit une comité d’administration transitoire, composé de technocrates indépendants et de figures non partisanes, sous l’égide du gouvernement palestinien, pour gérer le territoire pendant six mois. Cette structure vise à faciliter un retour progressif de l’Autorité palestinienne, écartée de Gaza depuis 2007 par le Hamas. L’Égypte et la Jordanie forment actuellement des forces de sécurité palestiniennes pour assurer l’ordre, avec un soutien international et régional sollicité pour couvrir les coûts.

Le projet évoque aussi une présence internationale, potentiellement via une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, pour déployer des forces de maintien de la paix ou de protection à Gaza et en Cisjordanie. Cette mesure s’inscrirait dans un calendrier menant à la création d’un État palestinien, une perspective que le plan lie à la résolution des factions armées via un « processus politique crédible ».

Conflit de visions avec Israël et le Hamas

Israël, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, exige une démilitarisation totale de Gaza et l’expulsion du Hamas et du Jihad islamique comme conditions à la phase deux du cessez-le-feu de janvier. Saar a justifié le blocus actuel de l’aide humanitaire, affirmant qu’elle finance le terrorisme via le Hamas. De son côté, Sami Abu Zuhri, leader du Hamas, a déclaré que le désarmement est une « ligne rouge » pour son mouvement et les autres factions, soulignant leur refus de toute imposition extérieure.

Ces positions divergentes compliquent l’application du plan égyptien, qui mise sur une désescalade pour réussir. Le sommet du Caire devra rallier un consensus arabe et international pour contrer la vision de Trump, tout en navigant entre les exigences israéliennes et la résistance palestinienne.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

A lire aussi