dimanche, avril 27, 2025

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Hassan Fadlallah: Qu’attend l’État pour libérer les terres?

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Le député Hezbollah Hassan Fadlallah a déclaré mercredi que son mouvement soutiendrait un État libanais fort, juste et souverain, tout en pressant cet État de prendre en main les décisions de guerre et de paix. « Nous voulons que l’État ait la décision de guerre et de paix », a-t-il affirmé, ajoutant que celui-ci doit « assumer ses responsabilités et prouver au peuple libanais et au monde qu’il est capable ». Ces propos interviennent dans un contexte où le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, récemment élus, ont tous deux insisté sur le monopole de l’État sur les armes et sur la nécessité de libérer tout le territoire libanais. Lors d’un sommet arabe au Caire mardi, Joseph Aoun a réitéré : « Il ne peut y avoir de paix sans la libération du dernier pouce de notre terre occupée. »

Une position claire de Hezbollah

Hassan Fadlallah a articulé une vision où Hezbollah ne cherche pas à maintenir un rôle militaire dominant, mais appelle l’État à prendre le relais dans la défense du Liban. « Qu’attend l’État ? », a-t-il demandé. « L’ennemi est connu, notre terre est occupée, et les attaques du sud à l’est se poursuivent. » Il a souligné que Hezbollah « ne veut pas la guerre », mais souhaite que l’État libère les territoires occupés et mette fin aux violations israéliennes, « que ce soit par la diplomatie ou tout autre moyen ». Cette déclaration reflète une volonté de déléguer à l’État la responsabilité de la souveraineté nationale, à condition qu’il se montre à la hauteur.

« Nous voulons que l’État soit fort et capable », a ajouté Fadlallah. « Cela allégerait le fardeau qui pèse sur nos épaules. » Ces mots suggèrent une ouverture à un désarmement potentiel de Hezbollah, si l’État prouve sa capacité à protéger le pays. Cette position intervient alors que le Liban traverse une période de transition politique, marquée par l’élection de Joseph Aoun comme président le 9 janvier 2025, mettant fin à plus de deux ans de vide présidentiel, et la désignation de Nawaf Salam comme Premier ministre.

Les ambitions de l’État libanais

Le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam ont tous deux affirmé que l’État devait être le seul détenteur des armes au Liban. Lors de son discours au sommet arabe du Caire le 4 mars 2025, Joseph Aoun a insisté sur la libération totale des territoires occupés, déclarant : « Il ne peut y avoir de paix sans la libération du dernier pouce de notre terre occupée. » Cette position fait écho à une volonté de renforcer l’autorité de l’État face aux groupes armés, notamment Hezbollah, qui a longtemps opéré comme une force parallèle dans le sud du pays.

Nawaf Salam, en tant que chef du gouvernement, partage cette vision. Les deux dirigeants ont hérité d’un pays en crise économique depuis 2019, avec une livre ayant perdu plus de 98 % de sa valeur et 80 % de la population sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU. La guerre entre Hezbollah et Israël, qui a culminé en 2024 avant un cessez-le-feu le 27 novembre, a aggravé la situation, détruisant des infrastructures dans le sud, l’est et les banlieues sud de Beyrouth, bastions traditionnels de Hezbollah. Ce conflit a laissé le mouvement affaibli militairement, avec des pertes importantes parmi ses dirigeants, dont Hassan Nasrallah, tué en septembre 2024.

Un contexte de crise et d’occupation

Les déclarations de Fadlallah et d’Aoun s’inscrivent dans un contexte où le Liban reste confronté à des violations israéliennes persistantes. « L’ennemi est connu, notre terre est occupée », a souligné Fadlallah, faisant référence aux zones comme les fermes de Chebaa et le village de Ghajar, sous contrôle israélien depuis des décennies. Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, qui exigeait le retrait des forces israéliennes du sud du Liban et le déplacement des combattants de Hezbollah au nord de la rivière Litani, des incidents continuent. L’accord prévoyait le déploiement de 5 000 soldats libanais pour maintenir la paix, mais Israël maintient des troupes dans cinq points stratégiques, prolongeant le cessez-le-feu jusqu’au 18 février 2025 à l’initiative des États-Unis.

Ces violations alimentent les appels de Fadlallah à un État capable de « libérer la terre et arrêter les violations israéliennes ». Il a insisté sur la nécessité pour l’État de démontrer sa force, que ce soit par des moyens diplomatiques ou autres, face à un ennemi qui poursuit ses attaques « du sud à l’est ». Cette pression intervient alors que 170 milliards de dollars de dépôts bancaires restent gelés depuis 2019, accentuant la crise économique et limitant les ressources de l’État pour répondre à ces défis.

Une transition politique sous tension

L’élection de Joseph Aoun, ancien commandant des Forces armées libanaises, et la nomination de Nawaf Salam reflètent une volonté de renforcer l’État. Soutenu par les États-Unis, qui ont débloqué 95 millions de dollars pour l’armée en février 2025, Joseph Aoun incarne une figure de stabilité après plus de deux ans sans président, un vide débuté en octobre 2022 à la fin du mandat de Michel Aoun. Nawaf Salam, ancien président de la Cour internationale de Justice, apporte une légitimité internationale au gouvernement.

Cependant, la capacité de l’État à assumer les responsabilités évoquées par Fadlallah reste incertaine. Hezbollah, bien que militairement affaibli, conserve une influence politique significative, avec 53 sièges sur 128 au Parlement en coalition avec ses alliés, selon les résultats des élections de 2022. Le mouvement a perdu des capacités militaires clés dans la guerre de 2024, mais sa base chiite demeure un pilier de soutien dans un pays où les divisions confessionnelles structurent la politique.

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Newsdesk Libnanews
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