Les derniers articles

Articles liés

Identités Religieuses et Aliénations Libanaises

- Advertisement -

L’identité religieuse occupe une place centrale dans la vie sociale, politique et culturelle du Liban. Cette petite nation du Moyen-Orient, riche de sa diversité confessionnelle, est souvent perçue comme un modèle de coexistence. Cependant, cette diversité, tout en étant une source de richesse, peut également conduire à l’aliénation, à la fragmentation sociale et à des tensions persistantes. L’aliénation libanaise, en grande partie façonnée par des identités religieuses distinctes, soulève des questions profondes sur l’appartenance, l’unité nationale et l’avenir de la nation.

Une Histoire de Diversité et de Division

Depuis l’indépendance du Liban en 1943, la répartition confessionnelle des pouvoirs politiques a été conçue pour garantir une représentation équitable des différentes communautés religieuses. Ce système, bien que stabilisateur à certains égards, a également enraciné les divisions confessionnelles. Le Pacte National de 1943 a institué un équilibre délicat où la présidence est réservée aux chrétiens maronites, la primature aux musulmans sunnites et la présidence du Parlement aux musulmans chiites.

Cette structure a permis d’éviter l’hégémonie d’une seule communauté, mais elle a aussi renforcé les clivages et les identités religieuses au détriment d’une identité nationale unifiée. Chaque groupe a cherché à protéger ses intérêts, souvent au prix de l’intérêt national. Cette réalité a engendré une forme d’aliénation où l’appartenance communautaire prime sur l’appartenance nationale.

Aliénation et Fragmentation

L’aliénation libanaise se manifeste de plusieurs façons. Sur le plan politique, les alliances et les rivalités sont souvent dictées par des considérations confessionnelles plutôt que par des idéologies politiques. Cela a conduit à une instabilité chronique, où les gouvernements successifs peinent à gouverner efficacement. Sur le plan social, cette fragmentation a conduit à des tensions intercommunautaires et à des épisodes de violence, comme la guerre civile de 1975-1990, qui a laissé des cicatrices profondes dans la mémoire collective du pays.

Les identités religieuses fortes peuvent aussi mener à une forme d’aliénation individuelle. Les Libanais sont souvent définis avant tout par leur appartenance religieuse, ce qui peut limiter leur capacité à se percevoir comme membres d’une communauté nationale plus large. Cette situation est exacerbée par le système éducatif et les médias, qui renforcent souvent les stéréotypes et les divisions confessionnelles.

Identité et Aliénation : Une Dualité Complexe

L’aliénation libanaise n’est pas simplement le résultat de la diversité religieuse, mais de la manière dont cette diversité est institutionnalisée et exploitée politiquement. Les Libanais sont pris dans une dualité complexe : d’une part, leur identité religieuse leur offre un sentiment d’appartenance et de solidarité au sein de leur communauté, d’autre part, elle les éloigne d’une identité nationale commune.

Les leaders politiques et religieux ont souvent exploité ces identités pour consolider leur pouvoir, attisant les peurs et les préjugés pour maintenir leur base électorale. Cela a conduit à une situation où la loyauté envers la communauté confessionnelle prime sur la loyauté envers l’État, créant un cycle de méfiance et de division.

Vers une Réconciliation et une Unité Nationale

Pour surmonter cette aliénation, le Liban doit envisager des réformes profondes de son système politique et social. La déconfessionnalisation de la politique est un pas nécessaire mais complexe. Cela impliquerait non seulement des changements constitutionnels, mais aussi un changement de mentalité, où les Libanais commencent à se voir d’abord comme citoyens d’une même nation.

L’éducation joue un rôle crucial dans ce processus. Un système éducatif qui promeut l’unité nationale, la tolérance et la compréhension interculturelle peut aider à réduire les préjugés et à construire une identité nationale plus inclusive. Les initiatives de dialogue interconfessionnel et les projets communautaires peuvent également favoriser une meilleure compréhension mutuelle et une solidarité nationale.

L’identité religieuse au Liban est une épée à double tranchant. Elle enrichit la culture et la société libanaises par sa diversité, mais elle peut aussi conduire à l’aliénation et à la division. Pour naviguer dans cette dualité complexe, il est crucial que le Liban trouve des moyens de renforcer une identité nationale commune tout en respectant et en célébrant sa diversité religieuse. Cela nécessite une volonté politique, des réformes institutionnelles et un engagement profond de la société civile pour construire un avenir où l’appartenance nationale transcende les divisions confessionnelles.

La Structure de l’Aliénation au Liban 

L’aliénation au Liban est une réalité complexe, enracinée dans l’histoire, la politique, la société et les structures économiques du pays. Elle se manifeste à travers plusieurs dimensions, chacune contribuant à un sentiment généralisé de fragmentation et de division au sein de la population libanaise. Cette aliénation, loin d’être monolithique, est multidimensionnelle et peut être analysée à travers les prismes politique, social, économique et culturel.

1. Aliénation Politique

Le système politique libanais est basé sur le confessionnalisme, une forme de partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses. Bien que ce système ait été conçu pour garantir une représentation équitable, il a également institutionnalisé les divisions confessionnelles. Les principaux éléments de cette aliénation politique sont :

    Division du pouvoir : Les postes de pouvoir sont distribués selon des quotas confessionnels, ce qui renforce l’identité communautaire au détriment d’une identité nationale unifiée. Cette structure limite l’efficacité du gouvernement et conduit à une paralysie politique, car les décisions doivent souvent faire l’objet de compromis laborieux entre les différentes factions.

    Alliances confessionnelles : Les alliances politiques sont souvent fondées sur des considérations confessionnelles plutôt que sur des programmes politiques ou idéologiques. Cela favorise une politique de clientélisme et de népotisme, où les leaders communautaires utilisent les ressources de l’État pour consolider leur pouvoir au sein de leur communauté.

    Méfiance et rivalité : La méfiance entre les différentes communautés est exacerbée par des décennies de conflits et de rivalités. Chaque communauté perçoit souvent les autres comme des concurrents ou des menaces, ce qui renforce les divisions et empêche la construction d’une société inclusive.

2. Aliénation Sociale

La société libanaise est marquée par des divisions profondes qui se manifestent à différents niveaux :

    Séparation géographique : Les communautés religieuses vivent souvent dans des zones géographiquement distinctes, ce qui limite les interactions et renforce les stéréotypes et les préjugés. Les quartiers, villages et même certaines institutions sont souvent associés à une communauté particulière.

    Ségrégation éducative : Le système éducatif est également segmenté sur une base confessionnelle, avec des écoles et des universités affiliées à différentes communautés religieuses. Cela empêche la socialisation interconfessionnelle dès le plus jeune âge et perpétue les divisions.

    Mariages interconfessionnels : Les mariages interconfessionnels sont rares et souvent découragés par les familles et les institutions religieuses, renforçant ainsi l’endogamie communautaire.

3. Aliénation Économique

Les inégalités économiques au Liban sont exacerbées par des divisions confessionnelles :

    Disparités régionales : Certaines régions du Liban, souvent associées à des communautés spécifiques, bénéficient de plus d’investissements et de développement que d’autres. Cela crée des disparités économiques qui alimentent les ressentiments et les tensions.

    Accès aux ressources : L’accès aux emplois, aux services publics et aux opportunités économiques est souvent médiatisé par des réseaux de patronage confessionnels. Ceux qui n’appartiennent pas au réseau dominant sont souvent exclus ou marginalisés.

    Corruption et clientélisme : La corruption et le clientélisme sont endémiques au Liban, avec des leaders communautaires utilisant les ressources de l’État pour récompenser leurs partisans. Cela crée un sentiment d’injustice et d’aliénation parmi ceux qui sont exclus de ces réseaux.

4. Aliénation Culturelle

La diversité culturelle du Liban, bien que riche, peut aussi être une source d’aliénation :

    Fragmentation culturelle : Chaque communauté religieuse maintient ses propres traditions, festivals et pratiques culturelles, ce qui peut limiter les échanges interculturels et renforcer les identités séparées.

    Médias confessionnels : Les médias libanais sont souvent alignés sur des lignes confessionnelles, avec des chaînes de télévision, des journaux et des sites internet qui servent les intérêts de différentes communautés. Cela crée des bulles d’information distinctes qui renforcent les perspectives communautaires et limitent la compréhension mutuelle.

    Narratifs historiques : Les récits historiques et les mémoires collectives varient considérablement entre les communautés, avec des versions concurrentes des événements passés, notamment la guerre civile. Ces narratifs divergents alimentent les ressentiments et empêchent la réconciliation.

L’aliénation au Liban est une réalité complexe et multidimensionnelle, enracinée dans des structures politiques, sociales, économiques et culturelles profondément divisées. Pour surmonter cette aliénation, il est nécessaire de promouvoir une identité nationale inclusive qui transcende les divisions confessionnelles. Cela nécessitera des réformes politiques profondes, des initiatives éducatives et culturelles pour favoriser la compréhension mutuelle, et des efforts concertés pour réduire les inégalités économiques et combattre la corruption. Seule une approche holistique et inclusive pourra permettre au Liban de construire une société unifiée et prospère.

Sortir des Aliénations Libanaises : Vers une Société Inclusive et Unifiée

Pour sortir des multiples formes d’aliénation qui fragmentent le Liban, il est nécessaire de mettre en place une série de réformes et d’initiatives visant à créer une société plus inclusive et unifiée. Voici quelques stratégies clés pour aborder chaque dimension de l’aliénation identifiée précédemment.

1. Réformes Politiques

a. Déconfessionnalisation du Système Politique

    Réforme électorale : Introduire un système électoral basé sur des critères géographiques plutôt que confessionnels. Cela encouragerait les candidats à se concentrer sur des programmes politiques inclusifs plutôt que sur des alliances confessionnelles.

    Institutions laïques : Promouvoir la laïcité dans les institutions publiques pour réduire l’influence des leaders religieux sur la politique.

b. Promotion de l’Identité Nationale

    Éducation civique : Intégrer des programmes d’éducation civique qui mettent l’accent sur l’histoire nationale commune, les valeurs démocratiques et les droits de l’homme, pour encourager un sentiment d’appartenance à une nation unifiée.

    Symboles nationaux : Renforcer les symboles et les célébrations nationales qui transcendent les divisions confessionnelles.

2. Cohésion Sociale

a. Encouragement des Interactions Intercommunautaires

    Projets communautaires : Créer des projets et des initiatives qui rassemblent des personnes de différentes communautés pour travailler ensemble sur des objectifs communs, comme les projets de développement local.

    Centres culturels et sociaux : Établir des centres culturels et sociaux où des activités interconfessionnelles sont organisées, favorisant ainsi les échanges et la compréhension mutuelle.

b. Éducation Interconfessionnelle

    Écoles mixtes : Promouvoir des écoles qui accueillent des élèves de toutes les confessions, en mettant en place des programmes éducatifs inclusifs qui célèbrent la diversité culturelle et religieuse du pays.

    Activités extra-scolaires : Organiser des camps, des excursions et des clubs qui encouragent les enfants et les jeunes à interagir et à se faire des amis en dehors de leur communauté religieuse.

3. Équité Économique

a. Développement Équitable

    Investissements régionaux : Mettre en place des politiques d’investissement qui ciblent les régions sous-développées, indépendamment de leur composition confessionnelle, pour réduire les disparités économiques.

    Soutien aux PME : Encourager les petites et moyennes entreprises par des subventions, des prêts à faible taux d’intérêt et des formations, en particulier dans les zones défavorisées.

b. Lutte contre la Corruption et le Clientélisme

    Transparence gouvernementale : Renforcer les lois sur la transparence et l’obligation de rendre des comptes, avec des audits réguliers des dépenses publiques et des contrats.

    Organismes indépendants : Créer des organismes indépendants pour enquêter sur la corruption et le népotisme, avec des pouvoirs réels pour poursuivre et sanctionner les responsables.

4. Réconciliation Culturelle

a. Promouvoir une Culture Inclusive

    Médias indépendants : Soutenir le développement de médias indépendants qui offrent une couverture équilibrée et non confessionnelle des nouvelles et des événements.

    Événements culturels : Organiser des festivals, des expositions et des événements artistiques qui célèbrent la diversité culturelle et encouragent les échanges entre les différentes communautés.

b. Narratifs Historiques Partagés

    Commissions de vérité et réconciliation : Mettre en place des commissions de vérité et réconciliation pour aborder les souvenirs traumatiques de la guerre civile et promouvoir un récit historique commun.

    Éducation sur l’histoire commune : Intégrer dans les programmes scolaires des cours sur l’histoire du Liban qui présentent une vision équilibrée et inclusive des événements passés.

Conclusion

Sortir des aliénations qui divisent le Liban nécessite des réformes et des initiatives à plusieurs niveaux. Il est crucial de déconfessionnaliser le système politique, de promouvoir une identité nationale inclusive, de favoriser la cohésion sociale à travers l’éducation et les interactions intercommunautaires, de réduire les inégalités économiques et de lutter contre la corruption. Parallèlement, il est essentiel de promouvoir une culture inclusive et de travailler à la réconciliation des mémoires historiques. Ces efforts concertés peuvent aider le Liban à surmonter ses divisions et à construire une société plus unifiée et prospère. 

Bernard Raymond Jabre 

- Advertisement -
Bernard Raymond Jabre
Bernard Raymond Jabre
Bernard Raymond Jabre, Etudes scolaires à Jamhour puis à l’Ecole Gerson à Paris, continua ses études d’économie et de gestion licence et maitrise à Paris -Dauphine où il se spécialise dans le Master « Marchés Financiers Internationaux et Gestion des Risques » de l’Université de Paris - Dauphine 1989. Par la suite , Il se spécialise dans la gestion des risques des dérivés des marchés actions notamment dans les obligations convertibles en actions et le marché des options chez Morgan Stanley Londres 1988 , et à la société de Bourse Fauchier- Magnan - Paris 1989 à 1991, puis il revint au Liban en 1992 pour aider à reconstruire l’affaire familiale la Brasserie Almaza qu’il dirigea 11 ans , puis il fonda en 2003 une société de gestion Aleph Asset Management dont il est actionnaire à 100% analyste et gérant de portefeuille , de trésorerie et de risques financiers internationaux jusqu’à nos jours.

A lire aussi