Israël a annoncé jeudi avoir entamé des préparatifs en vue du départ d’un grand nombre de Palestiniens de la bande de Gaza, conformément à un plan soutenu par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump. Cette initiative suscite une vive opposition au sein de la communauté internationale, notamment en Égypte et en Arabie saoudite, qui craignent un bouleversement de l’équilibre régional. Pendant ce temps, des discussions diplomatiques menées en coulisses cherchent à désamorcer ce projet controversé.
Une proposition explosive rejetée par la communauté internationale
Le projet de relocalisation massive des Palestiniens de Gaza soulève des inquiétudes majeures. L’ONU et plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, considèrent qu’un tel déplacement forcé pourrait s’apparenter à un nettoyage ethnique. La crainte principale repose sur l’idée qu’Israël n’autoriserait jamais le retour des réfugiés, privant ainsi des millions de Palestiniens de leur territoire.
Les dirigeants égyptiens ont averti que cette initiative risquait de remettre en question le traité de paix signé avec Israël en 1979, un élément clé de la stabilité régionale. L’Arabie saoudite, autre allié majeur des États-Unis, a également exprimé son refus catégorique d’une telle relocalisation, conditionnant toute normalisation avec Israël à la création d’un État palestinien comprenant la bande de Gaza.
Israël défend un départ « volontaire » des Palestiniens
Les responsables israéliens, dont le ministre de la Défense Israel Katz, affirment que ce projet repose sur un départ volontaire des habitants de Gaza. Selon lui, l’armée israélienne a reçu pour instruction de faciliter ces départs par voie terrestre, maritime et aérienne. Pourtant, aucune preuve tangible d’une mise en place logistique n’a été constatée sur le terrain.
Ce plan intervient alors que Gaza subit de plein fouet les conséquences d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, débutée en octobre 2023. Plus de quinze mois de conflits ont réduit une grande partie du territoire à l’état de ruines, rendant toute reconstruction incertaine.
L’Égypte mène une offensive diplomatique pour bloquer le projet
Alors que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi n’a pas officiellement réagi aux annonces israéliennes, des sources diplomatiques indiquent que Le Caire a lancé une campagne de pression intense contre ce projet. Selon des responsables égyptiens anonymes, des messages fermes ont été adressés aux États-Unis, à Israël et aux alliés européens, insistant sur le risque que ce plan représente pour la stabilité régionale.
Un diplomate occidental basé au Caire a confirmé que l’Égypte considérait cette proposition comme une menace directe à sa sécurité nationale. Ce dernier rappelle que des propositions similaires avaient été évoquées plus tôt dans la guerre par l’administration Biden et certains pays européens, mais avaient été discrètement rejetées.
L’administration Trump revient partiellement sur sa proposition
Face à la vague d’indignation suscitée par cette annonce, des responsables américains ont tenté de modérer le discours de Donald Trump. Alors que l’ex-président déclarait vouloir « permanemment » réinstaller la majorité des habitants de Gaza dans d’autres pays, ses conseillers ont plus tard précisé qu’il s’agirait uniquement d’une relocalisation temporaire.
Marco Rubio, secrétaire d’État sous Trump, a assuré que cette proposition n’était pas hostile mais plutôt une « offre généreuse » de reconstruction de Gaza sous supervision américaine. La Maison-Blanche a également précisé qu’aucun soldat américain ne serait envoyé sur place et qu’aucun fonds public américain ne financerait cette reconstruction.
Réactions arabes et mise en garde des Nations unies
L’ensemble du monde arabe a exprimé son rejet catégorique de ce projet. Lors d’une réunion au Caire, les ministres des Affaires étrangères de Jordanie, d’Arabie saoudite, du Qatar et des Émirats arabes unis ont déclaré que l’expulsion des Palestiniens était inacceptable. Un éditorial du journal d’État égyptien Al-Ahram a averti que l’unité et la souveraineté des pays arabes étaient en grave danger.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a mis en garde contre toute tentative de déplacement forcé des Palestiniens, rappelant que le droit international interdit ce type de transfert de population. Selon son porte-parole, une telle initiative équivaudrait à un nettoyage ethnique.
Une situation explosive au Moyen-Orient
La tension autour de ce plan survient alors qu’Israël continue d’affirmer son opposition à la création d’un État palestinien. Le gouvernement israélien maintient qu’il exercera un contrôle sécuritaire permanent sur Gaza et la Cisjordanie, tout en poursuivant son annexion progressive de Jérusalem-Est.
Lors de son passage à Washington, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a qualifié la proposition de Trump de « remarquable », estimant qu’elle pourrait « changer l’avenir de tous ». Toutefois, il a laissé entendre que les Palestiniens pourraient éventuellement revenir après la reconstruction de Gaza, sans préciser sous quelles conditions.
Malgré ces déclarations, la population palestinienne de Gaza rejette massivement l’idée d’un exil forcé. De nombreux habitants affirment qu’ils resteront sur leur terre, quelles que soient les pressions exercées.
Le conflit israélo-palestinien entre ainsi dans une nouvelle phase de tensions diplomatiques et politiques. L’issue de cette crise dépendra des négociations en cours, mais le risque d’une escalade demeure élevé.