L’ancien Président de la France Jacques Chirac s’est éteint aujourd’hui à 86 ans. Jamais un Président de la République Française ne s’était autant engagé en faveur du Liban depuis le Général de Gaulle dans les années 1960.

Les Libanais s’étaient particulièrement attachés à l’ancien chef d’état qui s’était engagé à maintes reprises pour la Paix au Pays des Cèdres lors de l’exercice de ses différentes fonctions, d’abord comme Premier Ministre de Valérie Giscard d’Estaing dans les années 1970, puis lors de la cohabitation sous la Présidence de son prédécesseur François Mitterand.

Soutien indirect durant la guerre civile

Reprenant une politique gaullienne au Liban alors que la France s’était détachée de ce Pays, Jacques Chirac désirait ardemment une implication plus forte de la France sur la scène locale. Ses amis François Léotard, et Jean François Deniau qui était son émissaire officieux quand il était premier ministre et dont le véhicule sera touché par un missile Milan de l’Armée Syrienne et d’autres, tant d’autres, auront cet attachement particulier au Liban, un attachement du coeur. Il s’agissait alors de rappeler que le Liban et la France possédaient un lien particulier, indéfectible malgré la douleur, malgré la souffrance.

Jacques Chirac, Président et ami du Liban

Se présentant aux élections présidentielles de 1995, une rumeur insistante disait alors que sa campagne était largement financée par les fonds de l’Ancien Premier Ministre Libanais Rafic Hariri avec qui il s’était fortement lié. Prenant en compte le repli démographique chrétien au Liban qui était un soutien traditionnel de la politique française au Liban, Jacques Chirac, devenu président de la République Française, bouleversait les traditions diplomatiques en définissant avec son ami sunnite, de nouvelles orientations politiques.

Fort de cet amitié, Jacques Chirac entreprit également la construction d’une étroite relation entre la France et le Liban sur de nombreux volets. Sur le plan politique, avec un soutien indéfectible à la souveraineté et l’indépendance du Pays des Cèdres notamment face aux agressions israéliennes de 1996 ou de 2006. On se souviendra des déclarations de son Ministre des Affaires Etrangères Hervé de Charrette , économiques, avec le partenariat entre de nombreuses entreprises françaises et libanaises et la mise en place de l’ESA en coopération avec les plus grandes écoles de commerce françaises. Sur le plan culturel avec comme symbole la restauration suite à la Guerre Civile qui l’avait gravement endommagé, du Palais des Pins d’où fut proclamé le Grand Liban.

Constatant la présence nombreuse de francophones au Liban, cette politique était avant tout caractérisée par une coopération culturelle, avec la mise en place de programmes d’échanges où l’organisation à Beyrouth du sommet des chefs d’états de l’Organisation Internationale de la Francophonie en octobre 2002.

Cette coopération était également économique avec un soutien au Liban via les plans d’aides lors des fameuses conférences Paris II ou Paris III pour un montant de 7,4 milliards de dollars, du jamais vu jusqu’à ce jour. La conclusion d’accords réciproques et de protocoles financiers se concrétisera avec l’aide à des secteurs critiques comme à celui de l’électricité ou de l’eau mais également des télécommunications et la mise en place de réseaux GSM avec France Télécom.

Cette politique était encore rappelée par Hervé de Charrette avec le plan de soutien au Liban et l’obtention en 1996 d’un plan de Paix ou la France souhaitait occuper un rôle au premier plan face à la politique américaine caractérisée par une inaction. La France se devait d’occuper le devant de la scène libanaise. Il s’était ainsi opposé au renouvellement du mandat du Président Libanais Emile Lahoud et appelait à l’organisation d’élections libres avec l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU de la fameuse résolution 1559 dont il initiera le texte, stipulant en 2004, le retrait de toutes les troupes étrangères du sol libanais et de la démilitarisation de toutes les factions militaires présentes dont le Hezbollah. Certains estimeront qu’il s’agissait à ce moment là de favoriser un rôle accru à son ami Rafic Hariri alors en proie à de nombreuses difficultés face au mouvement chiite sur la scène locale et face à Damas qui entravait les ambitions de ce dernier. Cette politique étrangère amènera à l’assassinat de son ami le 14 février 2005.

Un dernier mandat plus polémique

Plus polémique pour certains ou plus admiratifs pour d’autres, le dernier dossier de politique internationale de Jacques Chirac concernait également le Liban et plus particulièrement l’affaire de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri dont il a fait une affaire personnelle. En dépit du retrait des soldats syriens stationnés au Liban depuis les années 1970, Jacques Chirac obtiendra la formation via l’ONU d’une commission d’enquête internationale puis d’un tribunal international en charge de juger les personnes suspectées d’être impliquées dans cet attentat. Il deviendra aussi le parrain politique du fils de Rafic Hariri, Saad qui cherchera a en être l’héritier politique.

Le conflit israélo-libanais de juillet à septembre 2006 sera pour la politique française, l’occasion de tenter un retour au premier plan de sa diplomatie face à la concurrence américaine. Le plan Chirac visera à affaiblir le mouvement chiite Hezbollah via l’obtention du retrait de son aile militaire au nord du Litani et un renforcement des moyens de la FINUL.

Son mandat présidentiel s’achèvera alors en 2007.

Chirac et l’appartement des Hariri

Plus de 20 mois après avoir quitté le Palais de l’Elysée, éclatera une nouvelle polémique en France, au sujet de son déménagement “à titre provisoire” dans un somptueux appartement mis à disposition à titre gracieux et situé au 3, quai Voltaire, dans le VIIe arrondissement de Paris, un immeuble appartenant à la famille de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri et plus particulièrement à son fils Ayman.

Il quittera quelques années plus tard cet appartement jugé difficile d’accès alors que sa santé décline.

Un commentaire?