Lors d’un sommet extraordinaire de la Ligue arabe tenu au Caire, le président libanais Joseph Aoun a dénoncé l’occupation persistante de terres libanaises par Israël et la détention de ressortissants libanais, notamment des combattants du Hezbollah capturés lors de la récente guerre. « Nous ne renoncerons pas à notre terre et nous n’oublierons ni n’abandonnerons nos captifs », a-t-il déclaré, affirmant une position inflexible face à l’agression israélienne et liant la paix régionale à la restitution intégrale des territoires et aux droits des Palestiniens.
Une condamnation de l’occupation israélienne
S’adressant aux dirigeants arabes, Aoun a souligné que « Israël occupe encore des terres libanaises et détient des prisonniers libanais ». Il faisait référence aux territoires contestés, comme les fermes de Chebaa et le village de Ghajar, revendiqués par le Liban mais sous contrôle israélien depuis des décennies. Il a également évoqué les combattants du Hezbollah capturés lors du dernier conflit avec Israël, qu’il a qualifiés de « captifs » devant être libérés. « Il y a encore une agression quotidienne et des innocents de mon peuple tombent martyrs ou blessés chaque jour », a-t-il ajouté, rendant hommage aux victimes : « Je m’incline devant leurs sacrifices et je relève la tête avec fierté car je viens de leur pays. »
Le président a insisté sur une condition sine qua non pour la paix : « Il ne peut y avoir de paix sans libérer le dernier pouce de notre terre, internationalement reconnu, documenté, vérifié et délimité par l’ONU. » Cette déclaration renvoie aux résolutions des Nations unies, notamment la résolution 1701 de 2006, qui exige le retrait israélien des zones disputées et le désarmement des groupes armés au Liban, un point toujours sujet à controverse.
Un plaidoyer pour la Palestine et la souveraineté libanaise
Joseph Aoun a élargi son discours en liant la stabilité du Liban à la cause palestinienne. « Il ne peut y avoir de paix sans l’État de Palestine et sans la récupération des droits légitimes et complets des Palestiniens », a-t-il affirmé, réaffirmant une position arabe traditionnelle. Cette prise de parole intervient dans un contexte de tensions régionales accrues, où le conflit israélo-palestinien continue d’influencer les dynamiques au Liban, notamment via le Hezbollah, soutenu par l’Iran.
Le président a également défendu la souveraineté nationale, déclarant que le Liban « ne doit être ni violé par les guerres des autres, ni un centre ou un passage pour les politiques d’influence étrangère ». Il a critiqué les occupations et les hégémonies, ainsi que l’utilisation de « forces étrangères contre les fils de leur pays, même si ces forces sont des amis ou des frères ». Cette remarque vise implicitement le Hezbollah, accusé par certains de servir les intérêts iraniens, tout en ménageant les alliances régionales complexes du Liban.
Un contexte de crise interne et externe
Ces déclarations surviennent alors que Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée libanaise avant de devenir président, navigue dans une période critique. Élu après plus de deux ans de vacance présidentielle (depuis octobre 2022), il incarne pour beaucoup un espoir de stabilité dans un pays ravagé par une crise économique – avec 80 % de la population sous le seuil de pauvreté selon l’ONU – et des conflits frontaliers récurrents avec Israël. Son discours au Caire reflète une volonté de renforcer la légitimité de l’État libanais face aux défis internes, comme l’influence du Hezbollah, et externes, comme les pressions israéliennes et internationales.