Le général Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée libanaise, s’impose comme un acteur central dans la course à la présidence du Liban. Dans un pays en quête de stabilité au milieu d’une crise économique et politique sans précédent, sa candidature symbolise un espoir de renouveau. Mais elle suscite également des interrogations sur le rôle des militaires dans une sphère politique historiquement dominée par des civils.
Une carrière dédiée à l’unité nationale
Né en 1964 dans un village du nord du Liban, Joseph Aoun a rejoint l’armée libanaise dans les années 1980, alors que le pays était plongé en pleine guerre civile. Avec un parcours exemplaire et une progression régulière, il s’est forgé une réputation d’homme pragmatique et intègre. À la tête de l’armée depuis 2017, il a su maintenir une position neutre dans un paysage politique marqué par des rivalités confessionnelles et des tensions internes.
En tant que commandant en chef, Joseph Aoun a joué un rôle clé dans la sécurisation des frontières du Liban et dans la lutte contre le terrorisme, notamment lors des affrontements avec des groupes armés à la frontière syrienne. Son impartialité, même face à des pressions politiques intenses, lui a valu une popularité croissante, non seulement au sein des forces armées, mais également parmi les citoyens libanais qui voient en lui un homme de consensus.
Un soutien international important
La candidature de Joseph Aoun est renforcée par des soutiens étrangers significatifs, notamment de la part de pays influents comme la France et les États-Unis. Ces nations voient en lui un partenaire fiable, capable de stabiliser le Liban et de préserver ses institutions dans un environnement régional instable. Son rôle dans la coordination avec les missions internationales, telles que la FINUL, est souvent cité comme un exemple de sa capacité à naviguer dans des contextes complexes.
Cependant, ce soutien extérieur est perçu par certains comme un risque. Ses adversaires soulignent que son alignement sur des puissances occidentales pourrait exacerber les tensions avec des acteurs influents au Liban, comme le Hezbollah, qui reste méfiant face à une présidence associée à l’Occident.
Une candidature perçue comme un espoir de stabilité
Joseph Aoun incarne pour beaucoup la possibilité d’une présidence capable de transcender les divisions politiques et communautaires. Son profil d’homme de terrain et son expérience dans la gestion de crises en font une figure rassurante dans un contexte marqué par une vacance prolongée de la présidence et un blocage institutionnel.
Cependant, sa candidature n’est pas sans controverse. L’histoire politique du Liban, marquée par des présidences militaires comme celles de Fouad Chéhab ou Émile Lahoud, montre que l’arrivée d’un militaire au pouvoir peut être à double tranchant. Si certains considèrent qu’un leadership militaire peut apporter de l’ordre et de la discipline, d’autres craignent une militarisation accrue de la vie politique.
Les défis qui l’attendent
Si Joseph Aoun accède à la présidence, il devra relever plusieurs défis majeurs :
- Stabiliser l’économie : La priorité absolue sera de rétablir la confiance des investisseurs et des institutions financières internationales, tout en engageant des réformes structurelles pour relancer l’économie.
- Gérer les tensions politiques internes : Avec un Parlement profondément divisé, il devra faire preuve de diplomatie pour construire des consensus sur des questions clés, comme la lutte contre la corruption et la reconstruction des infrastructures.
- Maintenir l’indépendance de l’armée : En tant qu’ancien chef militaire, il devra veiller à ce que l’armée reste neutre et ne soit pas instrumentalisée à des fins politiques.
Un potentiel fédérateur dans un pays fragmenté
Malgré les critiques, Joseph Aoun reste l’un des candidats les plus consensuels pour de nombreux Libanais. Sa capacité à unir les factions politiques autour de sa candidature pourrait être un atout majeur dans une élection marquée par les divisions. En tant que figure apolitique, il offre une alternative crédible aux politiciens traditionnels, dont la réputation a été largement ternie par des décennies de corruption et d’inefficacité.