Le 19 mars 2025, lors d’un appel téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Donald Trump, président des États-Unis depuis son retour au pouvoir en janvier, a lâché une proposition qui fait déjà des vagues : une « protection américaine » des infrastructures énergétiques ukrainiennes. En ce 20 mars 2025, cette déclaration, relayée par la Maison Blanche, place l’Ukraine, la Russie et leurs partenaires internationaux devant un nouvel enjeu dans un conflit qui s’éternise. Trump, fidèle à son style direct, a présenté cette idée comme un moyen de sécuriser des installations vitales, notamment les centrales nucléaires, tout en suggérant que les États-Unis pourraient en prendre le contrôle. Mais derrière cette offre, les réactions fusent, et les implications sur la guerre russo-ukrainienne s’annoncent explosives.
Trump et son plan audacieux
Lors de cet échange d’une heure, qualifié de « fantastique » par la Maison Blanche, Trump a briefé Zelensky sur sa récente conversation avec Vladimir Poutine, où les deux leaders ont convenu d’une pause de 30 jours sur les frappes contre les infrastructures énergétiques. Mais Trump est allé plus loin. « Les États-Unis pourraient gérer ces centrales avec notre expertise en électricité et en services publics », a-t-il affirmé, selon le communiqué officiel. Il a ajouté que « la propriété américaine de ces installations serait la meilleure protection possible », citant notamment la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie depuis 2022 et hors service depuis. Sur Truth Social, il a vanté une discussion « très productive », promettant un « cessez-le-feu complet » et une fin définitive à la guerre.
Ce discours s’inscrit dans la lignée de la rhétorique de Trump depuis son retour à la présidence. Obsédé par l’idée de conclure des « deals » historiques, il voit dans cette initiative une double opportunité : imposer une pax americana en Ukraine et sécuriser des actifs stratégiques dans une région clé pour l’énergie européenne. Il a aussi évoqué un échange de prisonniers réussi le même jour – 175 soldats de chaque côté, facilité par les Émirats arabes unis – comme preuve de sa capacité à faire plier les belligérants. Mais cette proposition dépasse la simple médiation : elle flirte avec une prise de contrôle économique et militaire, une idée qui n’a rien d’anodin dans un conflit déjà saturé d’intérêts étrangers.
La réaction ukrainienne : entre espoir et méfiance
À Kyiv, la réponse oscille entre pragmatisme et suspicion. Zelensky, dans une conférence de presse le 19 mars, a salué l’appel comme « positif, substantiel et franc ». Il a confirmé son soutien à toute mesure visant à protéger les infrastructures énergétiques, un talon d’Achille de l’Ukraine face aux assauts russes. Depuis 2022, Moscou a ciblé centrales électriques, barrages et réseaux de distribution, plongeant des millions d’Ukrainiens dans le noir, surtout en hiver. La nuit du 18 au 19 mars, une nouvelle vague de drones russes a frappé Sumy, endommageant un hôpital et des dizaines de maisons, preuve que la trêve reste fragile.
Mais l’idée d’une mainmise américaine sur ces installations fait grincer des dents. « Nous sommes prêts à un cessez-le-feu sur l’énergie et à une paix durable, mais nous devons être pleinement informés des détails », a nuancé Zelensky. Il a insisté sur la souveraineté ukrainienne, rejetant implicitement toute cession de contrôle : « Trump comprend que nous ne reconnaîtrons pas les terres occupées comme russes. » Des officiels ukrainiens, en privé, craignent que cette « protection » ne soit un cheval de Troie pour des intérêts économiques américains, notamment dans un pays riche en ressources naturelles. La proposition de Trump intervient alors que Kyiv lutte pour maintenir ses défenses, affaiblies par une pause dans l’aide militaire américaine début mars, avant sa reprise partielle après l’accord sur l’énergie.
Le Kremlin : scepticisme et accusations
À Moscou, la réaction est plus tranchée. Le Kremlin, par la voix de Dmitri Peskov, a confirmé que Poutine avait ordonné l’arrêt des frappes sur les infrastructures énergétiques après son appel avec Trump le 18 mars. Sept drones russes en route vers Mykolaïv ont même été abattus par leurs propres forces pour respecter cet engagement. Mais Peskov a vite tempéré l’enthousiasme : « Nous ne voyons pas de réciprocité de la part de Kyiv. » Il a accusé l’Ukraine d’avoir ciblé une installation pétrolière dans la région de Krasnodar, près de la Crimée annexée, quelques heures après l’accord, provoquant un incendie dans un réservoir.
Poutine, lors d’une réunion au Kremlin le 19 mars, a soutenu l’idée d’une pause énergétique, mais pas sans conditions. Il exige toujours un arrêt total de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine, un retrait des troupes ukrainiennes des régions annexées – Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson – et l’abandon de toute ambition d’adhésion à l’OTAN. Pour Moscou, la proposition de Trump sur les centrales est une provocation. « C’est une tentative d’imposer une présence américaine sur notre sphère d’influence », a lâché un député de la Douma, reflétant la méfiance russe face à toute ingérence occidentale dans une guerre qu’ils considèrent comme leur pré carré.
Implications sur le conflit : un tournant ou une impasse ?
Cette initiative de Trump pourrait redessiner le conflit, mais pas sans risques. D’un côté, elle offre une bouffée d’oxygène à l’Ukraine. Une pause dans les frappes sur l’énergie permettrait de stabiliser le réseau électrique, essentiel pour les civils et l’industrie militaire. La centrale de Zaporijjia, si elle était remise en marche sous contrôle sécurisé, pourrait réduire la dépendance de l’Europe aux exportations russes, un enjeu stratégique alors que les prix du gaz flambent. L’échange de prisonniers montre aussi que Trump peut obtenir des résultats concrets, renforçant sa crédibilité comme médiateur.
Mais les implications vont au-delà. Si les États-Unis prenaient possession des infrastructures ukrainiennes, cela marquerait une escalade dans l’implication occidentale, risquant de transformer une guerre par procuration en confrontation directe avec la Russie. Poutine pourrait y voir une ligne rouge, surtout si des travailleurs américains étaient déployés à Zaporijjia, à quelques kilomètres des lignes russes. Les experts s’inquiètent d’une militarisation accrue : des bases américaines en Ukraine, même sous couvert de « protection », feraient de Washington un acteur belligérant aux yeux de Moscou.
Pour l’Ukraine, c’est un dilemme. Accepter cette aide pourrait aliéner sa souveraineté, mais la refuser risquerait de froisser Trump, dont l’administration conditionne déjà son soutien militaire à des concessions. Les Européens, eux, regardent avec défiance. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a jugé le 19 mars que cette offre « ne change rien au fait que Poutine ne veut pas la paix ». L’UE, via Kaja Kallas, planifie une livraison de 2 millions de munitions à Kyiv, signe qu’elle refuse de céder le terrain à une solution purement américaine.
Un pari risqué
Le discours de Trump sur la protection des infrastructures ukrainiennes reflète sa vision transactionnelle : sécuriser des actifs stratégiques sous bannière étoilée tout en se posant en faiseur de paix. Mais ce pari pourrait enflammer un conflit déjà volatile. À Kyiv, on salue la trêve énergétique tout en redoutant une perte d’autonomie. À Moscou, on y voit une menace déguisée en offre généreuse. En ce 20 mars 2025, alors que les négociations doivent se poursuivre en Arabie saoudite, une chose est claire : cette proposition ne laisse personne indifférent, et ses retombées pourraient redéfinir les lignes de front, pour le meilleur ou pour le pire.