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La formation du gouvernement Nawaf Salam à l’épreuve de la réalité politique

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Depuis plusieurs mois, le Liban est plongé dans une impasse politique, marquée par des désaccords profonds entre les forces politiques concernant la composition du gouvernement. Les consultations entre les principaux blocs parlementaires et les factions politiques se poursuivent, mais les tensions internes compliquent le processus. La répartition des portefeuilles ministériels reste un point d’achoppement majeur, reflétant les rivalités confessionnelles et partisanes qui structurent le paysage politique libanais.

Répartition des portefeuilles ministériels

La répartition des ministères clés, notamment ceux des Finances, de l’Intérieur, de la Défense et de l’Énergie, suscite des frictions. Selon des sources proches du dossier (Al Joumhouriyat, 21 janvier 2025), le tandem chiite Amal-Hezbollah insiste pour conserver le portefeuille des Finances, jugé stratégique pour contrôler les flux budgétaires et l’accès aux ressources internationales. De leur côté, les Forces Libanaises réclament le ministère de l’Énergie, arguant de la nécessité de réformes urgentes dans le secteur électrique. Les factions druzes et sunnites, quant à elles, se disputent les ministères des Affaires sociales et de l’Intérieur.

Alliances politiques et compromis nécessaires

Dans ce contexte, les alliances politiques jouent un rôle crucial. La coopération entre les différents blocs parlementaires, bien qu’essentielle, reste fragile. Le Courant patriotique libre (CPL), allié au Hezbollah, tente de négocier des portefeuilles clés pour maintenir son influence malgré une perte de popularité. De l’autre côté, les Forces Libanaises et le Parti socialiste progressiste cherchent à imposer une opposition unie pour contrecarrer l’hégémonie des forces pro-iraniennes.

Tensions internes et enjeux confessionnels

Les tensions internes exacerbées par la crise économique ont ravivé les divisions confessionnelles. Les négociations sont marquées par des accusations mutuelles de favoritisme et de blocage. L’impasse politique reflète également une méfiance généralisée entre les différentes factions, qui craignent que l’octroi de certains portefeuilles puisse renforcer démesurément une communauté au détriment des autres. Selon Ad Diyar (21 janvier 2025), le président désigné cherche à équilibrer les exigences contradictoires pour éviter un effondrement total du processus.

Un plan de reconstruction en attente

La reconstruction économique et sociale du Liban dépend largement de la formation d’un gouvernement fonctionnel. Les institutions financières internationales, dont le Fonds monétaire international (FMI), ont conditionné leur aide à la mise en place de réformes structurelles. Parmi celles-ci figurent la restructuration du secteur bancaire, la lutte contre la corruption et la gestion des dettes publiques. Or, l’absence de consensus politique compromet l’adoption de ces mesures cruciales. Des initiatives locales, comme le projet de loi sur l’Agence de développement des exportations libanaises (Nahar, 21 janvier 2025), restent suspendues en raison de l’instabilité gouvernementale.

Le rôle des acteurs internationaux

Les acteurs internationaux, notamment l’Arabie Saoudite, jouent un rôle central dans les négociations. Riyad a exprimé son soutien à la formation d’un gouvernement technocratique capable de mettre en œuvre des réformes transparentes. Toutefois, son influence est contrée par celle de l’Iran, qui soutient le Hezbollah et ses alliés. Selon Al Akhbar (21 janvier 2025), la France et les États-Unis tentent également de jouer un rôle médiateur, mais leurs efforts se heurtent aux divisions internes et aux intérêts régionaux conflictuels.

Vers une approche réformiste ?

L’une des exigences principales des mouvements populaires et de la communauté internationale est l’instauration d’un gouvernement réformiste. Ce dernier devrait être composé de technocrates indépendants, capables de mettre en œuvre des réformes structurelles sans ingérence politique. Cependant, les forces politiques traditionnelles, soucieuses de préserver leurs intérêts, résistent à cette idée. Comme le souligne Al Bina’ (21 janvier 2025), les alliances politiques actuelles privilégient davantage le maintien du statu quo que l’adoption de réformes courageuses.

Lutte contre la corruption

La corruption endémique demeure un obstacle majeur à la relance du Liban. Les tentatives de réforme se heurtent à des intérêts enracinés dans les institutions étatiques. Les récents scandales, comme la mauvaise gestion des fonds publics et les détournements dans le secteur de l’électricité, illustrent l’ampleur du problème. Selon Al Liwa’ (21 janvier 2025), la lutte contre la corruption passe nécessairement par une réforme du système judiciaire et une transparence accrue dans la gestion des finances publiques.

Pressions populaires et mécontentement général

Le mécontentement de la population face à l’impasse politique et économique exerce une pression croissante sur les dirigeants libanais. Depuis le soulèvement populaire de 2019, les Libanais expriment leur rejet des élites traditionnelles et leur demande de réformes structurelles. Les manifestations, bien qu’affaiblies par la pandémie et la répression, continuent de refléter un ras-le-bol généralisé. Selon les analyses d’Ad Diyar (21 janvier 2025), le peuple réclame une rupture avec le système confessionnel actuel, accusé d’alimenter la corruption et les inégalités.

Les syndicats et les associations civiles jouent également un rôle actif dans la contestation. Ces organisations, à travers des grèves et des campagnes de sensibilisation, appellent à des réformes urgentes dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des services publics. Cependant, comme le souligne Al Joumhouriyat (21 janvier 2025), l’absence d’une opposition structurée capable de capitaliser sur le mécontentement limite l’efficacité des pressions populaires.

Impact de la crise économique

La crise économique exacerbe les tensions politiques. Avec une inflation galopante, une dévaluation record de la livre libanaise et un chômage en forte hausse, le Liban traverse l’une des pires crises de son histoire. Selon les données d’Al Akhbar (21 janvier 2025), plus de 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, une situation qui alimente les appels à un changement radical.

Les secteurs essentiels, comme l’énergie et les infrastructures, souffrent d’un manque criant d’investissements. Les coupures d’électricité prolongées et l’effondrement des services publics soulignent l’urgence d’une intervention gouvernementale efficace. Cependant, comme le note Al Sharq (21 janvier 2025), l’instabilité politique entrave toute tentative de réformes économiques durables.

Médiation internationale et équilibres géopolitiques

Les efforts internationaux pour débloquer la situation politique se heurtent à des rivalités géopolitiques. L’Arabie Saoudite, qui a longtemps soutenu les forces sunnites, conditionne désormais son aide à des réformes substantielles. En parallèle, l’Iran continue de renforcer son influence via le Hezbollah, qui reste un acteur incontournable du paysage politique libanais. Selon Nahar International (21 janvier 2025), les États-Unis et la France tentent de jouer un rôle d’intermédiaire, mais leurs efforts sont souvent perçus comme biaisés par certaines factions locales.

La question des sanctions internationales complique également les négociations. Les États-Unis ont maintenu des sanctions contre certaines figures politiques et économiques libanaises, accusées de corruption et de soutien au Hezbollah. Ces sanctions, bien qu’efficaces pour isoler certains acteurs, risquent de polariser davantage le climat politique.

L’influence du tandem chiite

Le tandem chiite, représenté par le Hezbollah et le mouvement Amal, joue un rôle central dans la formation du gouvernement. Ces deux groupes insistent pour conserver des portefeuilles stratégiques, notamment celui des Finances, pour garantir leur contrôle sur les flux économiques. Selon Al Bina’ (21 janvier 2025), cette posture suscite des critiques de la part d’autres factions, qui accusent le tandem de monopoliser le pouvoir au détriment des intérêts nationaux.

En revanche, le Hezbollah justifie ses revendications par la nécessité de préserver la stabilité dans un contexte régional tendu. Son rôle dans les négociations est également influencé par ses liens avec l’Iran, qui perçoit le Liban comme un élément clé de sa stratégie au Moyen-Orient.

Le rôle des Forces Libanaises et du PSP

Les Forces Libanaises, dirigées par Samir Geagea, et le Parti Socialiste Progressiste (PSP), mené par Walid Joumblatt, cherchent à jouer les équilibristes dans les négociations. Ces deux factions appellent à une transition vers un gouvernement technocratique, mais leurs objectifs diffèrent. Les Forces Libanaises mettent l’accent sur la souveraineté nationale et la lutte contre la corruption, tandis que le PSP se concentre sur la préservation des droits des minorités et le maintien d’un équilibre confessionnel.

Cependant, selon Nida’ Al Watan (21 janvier 2025), ces deux partis restent méfiants envers le tandem chiite et ses alliés. Cette méfiance complique la recherche d’un consensus et prolonge l’impasse politique.

Vers une coalition improbable ?

Les observateurs estiment que la formation d’un gouvernement passe par une coalition improbable entre les différents blocs. Le président désigné, qui tente de concilier des intérêts divergents, privilégie une approche pragmatique. Selon les analyses d’Al Liwa’ (21 janvier 2025), cette stratégie pourrait aboutir à un gouvernement hybride, combinant technocrates et représentants politiques.

Cependant, une telle coalition comporte des risques. Les désaccords internes pourraient paralyser le gouvernement dès sa formation, compromettant ainsi les efforts de réforme. Les tensions entre les blocs, alimentées par des divergences idéologiques et des rivalités personnelles, restent un obstacle majeur.

Réformes structurelles nécessaires

Pour surmonter la crise, des réformes structurelles sont indispensables. Ces réformes incluent :

  1. La restructuration du secteur bancaire, fortement endetté.
  2. La mise en place de mécanismes de transparence pour lutter contre la corruption.
  3. La réforme du système judiciaire, afin de garantir l’indépendance des institutions.
  4. L’amélioration des infrastructures, notamment dans les domaines de l’électricité et des transports.

Cependant, comme le souligne Nahar (21 janvier 2025), ces réformes nécessitent une volonté politique forte et un consensus national, deux éléments qui font actuellement défaut.

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Newsdesk Libnanews
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