La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) prévoient que l’économie libanaise enregistrera une croissance de 4,7 % en 2025, marquant ainsi la première reprise significative depuis le début de la crise en 2019. Cette prévision repose sur plusieurs hypothèses favorables, notamment une saison touristique dynamique, la stabilité du taux de change, et la poursuite de la dollarisation des transactions économiques.
Évolution récente du PIB réel
Année | Croissance réelle du PIB (%) |
---|---|
2020 | -24,7 |
2021 | 2 |
2022 | 1 |
2023 | -0,7 |
2024 (estim.) | -7,5 |
2025 (prévision) | 4,7 |
Cette projection positive intervient après une décennie marquée par l’effondrement du secteur bancaire, la dépréciation de la monnaie, l’hyperinflation et une récession prolongée. En 2024, l’activité économique s’est encore contractée de 7,5 %, accentuant la nécessité d’une reprise structurelle durable.
Facteurs favorables à la reprise prévue
- Reprise du tourisme : Les projections anticipent plus de deux millions de visiteurs en 2025, contre 1,5 million en 2024, générant jusqu’à 6 milliards USD de recettes.
- Transferts de la diaspora : Attendus à plus de 7 milliards USD, ces flux soutiennent la consommation intérieure.
- Stabilité monétaire : Le taux de change est resté stable à 89 500 LBP/USD depuis février 2024.
- Croissance sectorielle : Le secteur agricole (+3,5 %) et les services financiers (à nouveau opérationnels) participeraient à la relance.
Contributions sectorielles prévues à la croissance du PIB (2025)
Secteur | Contribution à la croissance (%) |
Tourisme et hôtellerie | 1,8 |
Transferts de fonds (consommation) | 1,2 |
Agriculture et agro-industrie | 0,7 |
Services financiers | 0,5 |
Commerce de détail | 0,3 |
Autres | 0,2 |
Total | 4,7 |
La structure de la croissance reste fortement tributaire de facteurs exogènes, avec une faible base industrielle locale et un investissement public quasi nul.
Consommation et pouvoir d’achat
La croissance anticipée repose aussi sur une légère amélioration du pouvoir d’achat grâce à une inflation plus contenue, estimée à 45 % en 2024 contre 171 % en 2023. Toutefois, cette inflation reste très élevée en termes relatifs, limitant la portée de la reprise sur le bien-être des ménages.
Marché du travail et emploi
Le taux de chômage officiel devrait passer de 29 % en 2024 à 26 % en 2025, porté par les activités saisonnières dans le tourisme et l’agriculture. Toutefois, les emplois créés sont souvent informels, peu rémunérés et sans couverture sociale.
Année | Taux de chômage (%) |
2022 | 30 |
2023 | 28 |
2024 | 29 |
2025 (prév.) | 26 |
Investissements et climat des affaires
Les investissements directs étrangers (IDE) restent limités, avec moins de 500 millions USD prévus en 2025. Le Liban continue de souffrir d’une insécurité juridique, de l’absence d’accord avec le FMI et d’un climat politique instable.
Année | IDE (en milliards USD) |
2021 | 1,2 |
2022 | 0,95 |
2023 | 0,62 |
2024 | 0,47 |
2025 (prév.) | 0,49 |
Les projets dans les énergies renouvelables (financés par la Banque mondiale) et le soutien aux PME par la BERD constituent les rares sources d’investissements productifs.
Risques à la baisse
- Blocage institutionnel : L’absence de président et la paralysie du gouvernement freinent les décisions stratégiques.
- Conflits régionaux : La proximité avec la Syrie, Israël et la bande de Gaza pèse sur la confiance.
- Dépendance aux transferts extérieurs : Un ralentissement de la diaspora aurait un impact direct.
- Instabilité bancaire : Le manque de confiance dans les banques limite les crédits et l’intermédiation financière.
Analyse prospective
Malgré une prévision de croissance positive, l’économie libanaise reste hautement vulnérable aux chocs externes et internes. La reprise projetée repose davantage sur des moteurs exogènes que sur une restructuration réelle de l’appareil productif. Sans réformes structurelles, cette reprise pourrait être de courte durée.
Les observateurs internationaux insistent sur la nécessité de restaurer la gouvernance économique, de renforcer l’indépendance judiciaire et de signer un programme avec le FMI pour ancrer la croissance sur des bases durables.
Institutions citées
Fonds monétaire international (FMI) : Institution internationale basée à Washington D.C., regroupant 190 pays. Elle fournit conseils, prêts et assistance technique pour soutenir la stabilité macroéconomique mondiale.
Banque mondiale : Organisme de développement créé en 1944, ayant pour mission de réduire la pauvreté et promouvoir la croissance économique. Elle finance actuellement des projets d’infrastructure au Liban.