Un système judiciaire paralysé face aux scandales de corruption
Le Liban est plongé depuis plusieurs années dans une crise économique et institutionnelle sans précédent, amplifiée par une corruption généralisée qui gangrène l’ensemble des institutions de l’État. Les accusations de détournements de fonds publics, de blanchiment d’argent et de fraudes bancaires se multiplient, impliquant des figures politiques de premier plan ainsi que des responsables financiers et administratifs. Pourtant, malgré l’ampleur des scandales, aucune enquête locale n’a abouti à des condamnations significatives, et les élites politiques continuent d’échapper à la justice. Ad Diyar (15 février 2025) rapporte que plusieurs juges chargés d’instruire des affaires sensibles ont été récusés, menacés ou transférés, témoignant du manque total d’indépendance du système judiciaire libanais.
Face à cette impasse, la communauté internationale s’est progressivement saisie du dossier, lançant ses propres investigations sur les circuits financiers frauduleux et les détournements de fonds orchestrés par des responsables libanais. Ces enquêtes, menées notamment par la France, la Suisse et les États-Unis, visent à retrouver les milliards de dollars disparus des caisses publiques libanaises et à identifier les comptes bancaires offshore liés à ces transactions illicites. Al Quds (15 février 2025) révèle que plusieurs de ces enquêtes concernent directement les dépôts bancaires réalisés par des dirigeants libanais dans des institutions financières européennes et dans les pays du Golfe, compromettant ainsi des figures majeures du paysage politique libanais.
Si ces investigations internationales sont perçues par une partie de la population comme le seul espoir de rendre justice, elles suscitent en revanche une vive opposition des élites libanaises, qui dénoncent une tentative d’ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. Le gouvernement libanais, dominé par des alliances politiques aux intérêts divergents, refuse toute coopération officielle avec ces enquêtes, estimant qu’elles constituent une menace pour la souveraineté nationale. Al 3arabi Al Jadid (15 février 2025) indique que plusieurs personnalités politiques accusées dans ces dossiers ont déjà entrepris des démarches pour protéger leurs avoirs, notamment en transférant des fonds vers des juridictions moins transparentes comme Dubaï ou Singapour, rendant ainsi plus difficile leur récupération.
La multiplication des investigations étrangères illustre l’incapacité du Liban à traiter lui-même les affaires de corruption, ce qui pousse certaines organisations internationales à réclamer la création d’une commission judiciaire indépendante supervisée par des institutions étrangères. Cette perspective est rejetée en bloc par les autorités libanaises, qui considèrent toute ingérence extérieure comme une remise en cause de l’intégrité de l’État. Pourtant, alors que les sanctions commencent à tomber contre certaines figures impliquées dans ces affaires, la pression internationale sur Beyrouth ne cesse de croître, menaçant d’isoler encore davantage le pays sur la scène financière et diplomatique.
Les investigations internationales en cours et leurs cibles principales
Les enquêtes internationales sur la corruption au Liban se sont intensifiées ces derniers mois, mettant en lumière les détournements de fonds massifs et les fraudes bancaires impliquant des figures politiques et financières de premier plan. Plusieurs pays, dont la France, la Suisse, les États-Unis et le Royaume-Uni, ont ouvert des investigations sur les circuits financiers opaques et l’évasion de capitaux orchestrée par des responsables libanais. Ces enquêtes visent à identifier les milliards de dollars sortis illégalement du Liban et placés dans des banques étrangères, principalement en Suisse, au Luxembourg, en France et aux Émirats arabes unis.
L’une des figures les plus emblématiques de ces affaires est Riad Salamé, ancien gouverneur de la Banque du Liban. Il est sous investigation en France, en Suisse et au Luxembourg pour des accusations de blanchiment d’argent, détournement de fonds publics et enrichissement illicite. Selon Al Sharq Al Awsat (15 février 2025), Salamé aurait acheminé plus de 300 millions de dollars vers des comptes en Suisse et dans d’autres juridictions offshore via des sociétés écrans enregistrées sous le nom de proches et d’anciens collaborateurs. Il aurait également acquis plusieurs propriétés de luxe en Europe, notamment à Paris et à Londres, avec des fonds d’origine douteuse.
Mais Salamé n’est pas le seul acteur majeur de cette affaire. Plusieurs banquiers et actionnaires de banques privées libanaises sont également dans le viseur des enquêteurs internationaux. Ad Diyar (15 février 2025) rapporte que les actionnaires et dirigeants des principales banques libanaises ont facilité l’évasion de capitaux de l’élite politique et économique libanaise, tout en empêchant les citoyens ordinaires de retirer leurs dépôts. Parmi les banques citées dans ces enquêtes figurent :
- Bank Audi, accusée d’avoir autorisé des transferts massifs de capitaux vers des comptes en Europe et aux Émirats, alors que les restrictions bancaires empêchaient la majorité des Libanais d’accéder à leurs fonds.
- Fransabank, impliquée dans des transactions suspectes et des prêts avantageux accordés à des responsables politiques influents.
- Banque du Liban, où plusieurs cadres sont soupçonnés d’avoir manipulé les taux de change et organisé des opérations de blanchiment pour des clients privilégiés.
- SGBL (Société Générale de Banque au Liban), citée dans plusieurs affaires de fraudes financières et de transactions suspectes vers la Suisse et le Luxembourg.
- Blom Bank, mentionnée dans des documents judiciaires suisses en lien avec des flux financiers douteux entre Beyrouth et Genève.
Ces institutions bancaires, détenues en grande partie par des familles influentes du Liban, sont au cœur des investigations internationales. Al Quds (15 février 2025) révèle que certains actionnaires majoritaires de ces banques, dont les familles Mikati, Hariri et Eddé, ont utilisé leurs positions pour protéger leurs propres actifs et ceux de leurs alliés politiques, au détriment des déposants libanais.
En parallèle, plusieurs figures politiques de premier plan sont directement visées par ces enquêtes. Gebran Bassil, ancien ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, est sanctionné par les États-Unis pour corruption et transactions financières suspectes. Washington l’accuse d’avoir utilisé son influence pour octroyer des marchés publics à ses proches, tout en accumulant une fortune cachée dans des banques offshore.
L’ancien Premier ministre Najib Mikati est également dans le collimateur des enquêteurs, notamment en raison de prêts préférentiels accordés à ses entreprises familiales, en violation des règles bancaires libanaises. Son nom apparaît dans des documents bancaires suisses, où des transferts importants ont été signalés entre 2018 et 2020, au moment où la crise financière commençait à secouer le Liban.
Par ailleurs, des membres influents du Hezbollah sont ciblés par des enquêtes menées par le département du Trésor américain, qui soupçonne le parti d’avoir utilisé le système bancaire libanais pour blanchir des millions de dollarsvia des réseaux en Afrique et en Amérique latine. Selon Al Sharq Al Awsat (15 février 2025), des transactions financières suspectes impliquant des proches du Hezbollah ont été identifiées dans des banques situées en Afrique de l’Ouest et au Venezuela, renforçant les soupçons de financement illégal.
La pression judiciaire internationale s’accentue, et plusieurs responsables libanais cherchent désormais des moyens de contourner ces enquêtes. Al 3arabi Al Jadid (15 février 2025) indique que certains d’entre eux ont quitté le Liban discrètement, cherchant à négocier un statut de protection dans des pays où les poursuites sont plus complexes à engager. D’autres tentent de transférer leurs fonds vers des juridictions plus discrètes, comme Dubaï ou Singapour, pour échapper à d’éventuelles saisies.
Cependant, malgré ces tentatives d’évitement, les enquêteurs internationaux accélèrent leurs procédures, et des mandats d’arrêt pourraient être émis dans les mois à venir contre certaines figures impliquées. Al Quds (15 février 2025) rapporte que la justice française prépare déjà des actes d’accusation contre des responsables libanais ayant acquis des biens immobiliers en France avec des fonds d’origine douteuse.
Alors que le Liban s’enfonce dans une crise économique de plus en plus grave, ces enquêtes mettent en lumière le pillage systématique des ressources du pays par ses élites politiques et financières. La question demeure : ces investigations internationales aboutiront-elles à des condamnations effectives et à une restitution des fonds volés, ou le Liban restera-t-il un État où l’impunité prévaut ?
Les sanctions et leurs conséquences pour le Liban
Les enquêtes internationales sur la corruption au Liban ont déjà entraîné des sanctions sévères contre plusieurs responsables politiques, banquiers et institutions financières. Ces mesures, principalement prises par les États-Unis, l’Union européenne et la Suisse, visent à geler les avoirs illicites placés à l’étranger, interdire l’accès aux systèmes financiers internationaux et restreindre la mobilité des personnalités impliquées dans des détournements de fonds.
Le cas le plus emblématique reste celui de Riad Salamé, ancien gouverneur de la Banque du Liban. En 2023, la justice française a gelé plus de 130 millions d’euros d’avoirs lui appartenant, soupçonnant un vaste réseau de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite. En parallèle, la Suisse a bloqué plusieurs comptes bancaires associés à Salamé et ouvert une enquête sur des transferts massifs opérés entre 2016 et 2019 vers des entités offshore situées au Panama et aux Émirats arabes unis. Al Quds (15 février 2025) indique que les fonds gelés en Europe pourraient être restitués au Trésor libanais, à condition que Beyrouth coopère pleinement avec les investigations.
Outre Salamé, des membres de son entourage ont également été sanctionnés. Marwan Kheireddine, président de la Banque AM Bank, est accusé d’avoir facilité les transactions suspectes de Salamé, notamment à travers la création de sociétés écrans pour dissimuler l’origine des fonds. Ad Diyar (15 février 2025) rapporte que Kheireddine est désormais interdit de voyage vers les États-Unis et l’Union européenne, et ses avoirs à l’étranger sont sous surveillance.
D’autres banques libanaises sont dans le collimateur des autorités financières internationales. Fransabank et Bank Audi ont fait l’objet d’investigations aux États-Unis pour des transactions suspectes impliquant des personnalités politiques proches du Hezbollah et des figures influentes du Courant patriotique libre. SGBL et Blom Bank sont également sous surveillance, notamment pour leur rôle dans les sorties massives de capitaux vers l’Europe et les Émirats arabes unis au début de la crise financière. Al 3arabi Al Jadid (15 février 2025) révèle que plusieurs comptes appartenant à des actionnaires de ces banques ont été bloqués en Suisse et au Luxembourg, dans l’attente des conclusions des enquêtes.
L’ancien ministre Gebran Bassil, figure centrale du Courant patriotique libre, a été sanctionné par les États-Unis en vertu du Magnitsky Act, une loi visant à punir les responsables de corruption et de violations des droits humains. Washington l’accuse d’avoir détourné des fonds publics, d’avoir accordé des marchés publics frauduleux et d’avoir utilisé son influence pour placer des proches à des postes stratégiques dans le secteur énergétique. En conséquence, tous ses actifs financiers aux États-Unis ont été gelés, et il lui est interdit d’effectuer des transactions en dollars avec le système bancaire américain.
L’ancien Premier ministre Najib Mikati est également visé par une enquête en cours en Suisse concernant des transferts de fonds suspects réalisés via Bank Audi. Selon Al Sharq Al Awsat (15 février 2025), des documents bancaires suggèrent que des sociétés appartenant à la famille Mikati auraient bénéficié de prêts préférentiels illégaux, ce qui aurait contribué à l’effondrement du secteur bancaire en 2019.
Du côté du Hezbollah, plusieurs membres influents ont été sanctionnés par le département du Trésor américain pour leur rôle présumé dans des opérations de blanchiment d’argent à travers le système bancaire libanais. L’enquête concerne notamment des transactions financières menées depuis le Venezuela, la Sierra Leone et le Liban, impliquant des réseaux de trafic de devises et de contrebande. Al Quds (15 février 2025) révèle que les sanctions américaines ont gelé plus de 200 millions de dollars d’avoirs liés à ces transactions suspectes.
Ces sanctions ont un impact direct sur les relations économiques et diplomatiques du Liban. D’une part, elles fragilisent encore davantage le système bancaire libanais, déjà en crise, en réduisant l’accès aux circuits financiers internationaux. Plusieurs banques étrangères ont restreint leurs relations avec les institutions libanaises, craignant d’être impliquées dans des affaires de blanchiment. Al 3arabi Al Jadid (15 février 2025) indique que certains établissements bancaires européens refusent désormais d’accepter des transferts en provenance du Liban, ce qui complique encore plus les opérations d’importation et de commerce extérieur.
D’autre part, ces sanctions renforcent les tensions politiques internes, car elles sont perçues par certains acteurs comme une tentative de pression occidentale pour imposer des réformes structurelles. Le gouvernement libanais refuse toujours de coopérer pleinement avec les enquêtes internationales, dénonçant une ingérence dans ses affaires souveraines. Cependant, le blocage des fonds placés à l’étranger exerce une pression croissante sur les dirigeants, qui sont désormais incapables de récupérer les sommes dissimulées hors du pays.
L’une des conséquences majeures de ces sanctions est la détérioration de la confiance des investisseurs internationaux envers le Liban. Plusieurs bailleurs de fonds, notamment le FMI et la Banque mondiale, conditionnent toute aide au pays à des réformes judiciaires et bancaires concrètes. Or, en l’absence d’une réelle volonté de réforme, le Liban risque de voir ses derniers soutiens financiers se retirer, ce qui aggraverait encore davantage la crise économique.
Sur le plan diplomatique, les sanctions imposées à des figures politiques influentes fragilisent la position du Liban sur la scène internationale. La France et l’Union européenne envisagent de renforcer leurs mesures contre les responsables impliqués, notamment en élargissant les interdictions de voyage et en renforçant la surveillance des actifs libanais en Europe. Al Quds (15 février 2025) indique que si les blocages persistent, le Liban pourrait faire face à des restrictions bancaires encore plus strictes, accentuant son isolement économique.
Alors que les enquêtes internationales progressent, les sanctions pourraient s’étendre à d’autres figures politiques et bancaires dans les mois à venir. La question reste de savoir si ces pressions internationales forceront Beyrouth à engager enfin des réformes judiciaires et bancaires ou si le pays continuera à protéger ses élites corrompues malgré l’effondrement économique.
Le refus de coopération du Liban avec les enquêtes internationalesMalgré l’accumulation de preuves et l’intensification des enquêtes à l’étranger, les autorités libanaises refusent toujours de coopérer pleinement avec la justice internationale. L’argument principal avancé par le gouvernement et les institutions judiciaires locales est celui de la souveraineté nationale. Les responsables politiques affirment que ces enquêtes menées par des pays étrangers constituent une tentative d’ingérence et qu’elles visent à affaiblir davantage un pays déjà en crise. Ad Diyar (15 février 2025) rapporte que plusieurs figures politiques ont publiquement dénoncé ces investigations comme des attaques contre l’État libanais, alors même que certaines d’entre elles sont directement visées pour détournement de fonds publics.Le cas de Riad Salamé illustre parfaitement ce blocage organisé par les autorités libanaises. Malgré des mandats d’arrêt internationaux émis par la France et l’Allemagne, l’ancien gouverneur de la Banque du Liban n’a jamais été arrêté ni extradé, bénéficiant d’un réseau de protection au sein des cercles du pouvoir. Al Quds (15 février 2025) révèle que Salamé, bien qu’il ne soit plus en fonction, continue de bénéficier d’appuis solides au sein du système bancaire et politique, ce qui rend toute action judiciaire contre lui difficile à mettre en œuvre.D’autres figures impliquées dans ces enquêtes jouent la carte de l’obstruction légale pour retarder les procédures judiciaires. Gebran Bassil, sanctionné par les États-Unis, a multiplié les recours en justice au Liban pour contester ces accusations, alors que les preuves de corruption s’accumulent à l’étranger. Najib Mikati, dont le nom apparaît dans des transactions suspectes, continue de démentir toute implication, bien que des enquêtes en Suisse et aux États-Unis suggèrent le contraire.Les banques libanaises, elles aussi, refusent de transmettre des informations financières aux enquêteurs internationaux. Fransabank, Blom Bank et Bank Audi sont soupçonnées d’avoir détruit ou falsifié des documentsrelatifs aux sorties massives de capitaux effectuées par des responsables politiques et leurs proches avant la crise bancaire. Al 3arabi Al Jadid (15 février 2025) rapporte que ces banques, propriétés de grandes familles influentes du Liban, utilisent des manœuvres légales pour éviter d’avoir à divulguer ces informations, notamment en invoquant le secret bancaire encore en vigueur.L’absence de coopération ne se limite pas aux banques et aux figures politiques. Le système judiciaire libanais lui-même bloque toute tentative d’investigation indépendante. Al Sharq Al Awsat (15 février 2025) indique que les juges chargés de dossiers sensibles, comme celui du port de Beyrouth ou des transferts de capitaux, sont systématiquement remplacés ou menacés, rendant impossible toute avancée judiciaire.En conséquence, la pression internationale sur le Liban ne cesse de croître. L’Union européenne a menacé de renforcer ses sanctions contre des figures politiques si Beyrouth ne montre aucun signe de coopération. Les États-Unis et la France envisagent même de restreindre certaines aides économiques et financières jusqu’à ce que des progrès soient réalisés en matière de transparence financière et de lutte contre la corruption. Al Quds (15 février 2025)souligne que sans coopération, le Liban risque d’être progressivement exclu du système bancaire mondial, ce qui rendrait les transactions internationales encore plus difficiles pour les entreprises et les citoyens libanais.Le manque de coopération avec les enquêtes internationales révèle une crise institutionnelle plus profonde. En refusant de collaborer, l’État libanais envoie un message clair : les élites corrompues restent protégées, et aucun changement n’est à prévoir sans pression extérieure. Cette situation alimente la colère populaire, aggrave la défiance des citoyens envers leurs dirigeants et accentue la fuite des capitaux et des talents vers l’étranger.Alors que les enquêtes internationales progressent et que les preuves contre certains responsables s’accumulent, une question demeure : les autorités libanaises peuvent-elles encore résister longtemps à la pression internationale, ou finiront-elles par céder face aux sanctions et aux menaces de poursuites judiciaires ?
L’avenir des enquêtes et les scénarios possibles pour la suite
Les enquêtes internationales sur la corruption au Liban progressent à un rythme soutenu, mais plusieurs scénarios restent envisageables quant à leur aboutissement. Le principal facteur qui déterminera l’issue de ces investigations est la capacité des autorités libanaises à maintenir leur position de blocage face aux pressions étrangères. Ad Diyar (15 février 2025) rapporte que la stratégie actuelle du gouvernement repose sur un refus total de coopération avec la justice internationale, espérant ainsi gagner du temps et éviter des inculpations contre des figures politiques et financières influentes.
Si le Liban continue dans cette voie, les conséquences pourraient être catastrophiques. L’Union européenne et les États-Unis pourraient renforcer leurs sanctions, non seulement contre des individus, mais aussi contre des institutions financières libanaises. Al Quds (15 février 2025) indique que certaines banques internationales envisagent d’isoler complètement les banques libanaises du système financier mondial, ce qui empêcherait les transactions en dollars et en euros et plongerait encore plus le pays dans une crise économique.
Un autre scénario envisageable est celui d’une intervention plus musclée de la justice internationale. Si les juges européens et suisses rassemblent des preuves suffisantes contre certains responsables libanais, ils pourraient émettre des mandats d’arrêt internationaux, obligeant les pays partenaires du Liban à coopérer pour extrader ces figures politiques et financières. Al Sharq Al Awsat (15 février 2025) révèle que la justice française envisage de convoquer plusieurs figures libanaises à Paris, sous peine de poursuites pour blanchiment d’argent et détournement de fonds.
Une autre possibilité serait une pression diplomatique accrue pour forcer le Liban à collaborer. Des discussions sont en cours entre la France, la Suisse et les États-Unis pour conditionner toute aide économique future à une coopération avec les enquêtes internationales. Al 3arabi Al Jadid (15 février 2025) rapporte que cette solution pourrait forcer le gouvernement libanais à négocier afin d’éviter une rupture complète avec la communauté internationale.
Toutefois, il existe également un risque que ces enquêtes s’enlisent dans la bureaucratie et les batailles judiciaires, permettant ainsi aux figures corrompues de continuer à échapper à la justice. Certains avocats défendant les personnalités libanaises impliquées ont déjà lancé des recours contre les sanctions européennes et américaines, cherchant à retarder les procédures judiciaires et à faire valoir un vice de forme. Ad Diyar (15 février 2025)souligne que les avocats de Riad Salamé et Gebran Bassil travaillent activement à remettre en question les enquêtes menées contre eux, en invoquant des procédures biaisées et des preuves insuffisantes.
Un dernier scénario, moins probable mais possible, serait une explosion sociale interne au Liban à la suite de la publication de nouveaux éléments compromettants issus des enquêtes internationales. Si des preuves irréfutables de détournement massif de fonds publics sont rendues publiques, elles pourraient déclencher un soulèvement populaire et contraindre la classe politique à céder sous la pression de la rue. Al Quds (15 février 2025) indique que les Libanais restent profondément révoltés par l’impunité des dirigeants, et que des révélations choc pourraient raviver la contestation qui avait éclaté en 2019 contre la corruption et la crise économique.
Dans tous les cas, l’avenir de ces enquêtes dépendra du degré de détermination de la justice internationale à aller jusqu’au bout, et de la capacité du Liban à résister à la pression extérieure. À ce jour, les élites libanaises semblent convaincues qu’elles peuvent ignorer ces investigations sans subir de véritables conséquences, mais les signaux envoyés par les pays européens et les États-Unis montrent que la patience de la communauté internationale a des limites.
Le Liban peut-il encore échapper aux conséquences de ces enquêtes, ou assiste-t-on aux prémices d’une vague de sanctions sans précédent contre ses élites politiques et financières ? La réponse se jouera dans les prochains mois, au gré des avancées judiciaires et des décisions diplomatiques prises par les pays qui mènent ces investigations.