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Les États-Unis et le Liban : pourquoi Washington reste en retrait ?

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Un changement de posture américain face à la crise libanaise

Alors que la France et le Qatar redoublent d’efforts pour tenter de sortir le Liban de la crise gouvernementale, les États-Unis restent en retrait, adoptant une position beaucoup plus prudente. Contrairement aux interventions directes de Paris, qui enchaîne les contacts diplomatiques avec Beyrouth, et de Doha, qui tente d’agir en médiateur entre les forces politiques locales, Washington semble avoir opté pour une approche plus distante.

Selon Al Liwa’ (06/02/2025), l’administration américaine surveille la situation de loin, sans chercher à imposer de solution​. « Nous suivons de près les développements, mais nous considérons que la solution doit venir des Libanais eux-mêmes », a déclaré un haut responsable du Département d’État américain.

Ce choix stratégique marque une rupture avec l’approche traditionnelle des États-Unis au Liban, où Washington jouait autrefois un rôle plus actif dans la formation des gouvernements et l’équilibre des forces politiques.

Le Hezbollah au cœur des préoccupations américaines

Le principal facteur qui explique ce retrait est la présence dominante du Hezbollah dans les négociations actuelles. Washington a toujours refusé de soutenir un gouvernement où le parti chiite exercerait une influence directe, considérant cette force politique comme une menace stratégique pour la stabilité du Liban et de la région.

D’après Al Quds (06/02/2025), les États-Unis estiment que toute implication directe pourrait être perçue comme une tentative de pression contre le Hezbollah, ce qui risquerait d’exacerber les tensions​. « Nous ne voulons pas donner au Hezbollah un prétexte pour renforcer sa position en jouant la carte de l’anti-ingérence américaine », explique un diplomate américain cité par le journal.

Cette prudence se traduit notamment par l’absence de sanctions économiques de grande ampleur récemment imposées par Washington contre les dirigeants libanais. L’administration Biden préfère miser sur des sanctions ciblées contre certains responsables politiques accusés de corruption, sans pour autant adopter une approche globale contre l’ensemble du système.

Une perte d’influence sur les alliés traditionnels

Ce retrait américain a également des conséquences sur les relations avec les alliés traditionnels des États-Unis au Liban, notamment les Forces libanaises et les figures politiques sunnites proches de Riyad.

Selon Al Akhbar (06/02/2025), plusieurs dirigeants sunnites ont exprimé leur frustration face au manque d’engagement américain dans les discussions en cours​. « Les États-Unis ont abandonné leurs partenaires au Liban », confie un membre des Forces libanaises sous couvert d’anonymat.

Ce vide diplomatique est progressivement comblé par la France et le Qatar, qui tentent de jouer un rôle plus central dans la médiation politique.

L’ombre de l’Arabie saoudite dans la stratégie américaine

Washington ne peut pas totalement ignorer la situation libanaise en raison de ses liens stratégiques avec l’Arabie saoudite, qui suit de près les développements à Beyrouth.

D’après Al Sharq Al Awsat (06/02/2025)les États-Unis restent alignés avec la position de Riyad, qui considère que tout gouvernement dominé par le Hezbollah est inacceptable​. Toutefois, l’administration Biden semble vouloir éviter une confrontation directe avec le parti chiite, préférant laisser la gestion du dossier aux acteurs régionaux.

Un expert en relations internationales cité par Al Joumhouriyat (06/02/2025) analyse cette position comme une stratégie d’équilibre, où Washington tente de limiter l’influence du Hezbollah tout en évitant d’être accusé de s’ingérer directement dans les affaires libanaises​.

Une approche pragmatique mais risquée

Si cette posture de retrait permet d’éviter des tensions inutiles, elle comporte néanmoins un risque : celui de voir le Liban basculer encore davantage sous l’influence d’acteurs régionaux, notamment l’Iran, qui soutient fermement le Hezbollah.

L’absence d’une politique claire des États-Unis au Liban pourrait aussi affaiblir les forces politiques modérées, en les laissant seules face aux stratégies du Hezbollah et de ses alliés.

Pendant ce temps, la crise gouvernementale s’enlise, et les États-Unis, en restant spectateurs, semblent avoir choisi de ne pas peser sur l’issue des négociations en cours.

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Newsdesk Libnanews
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