Bras droit de Nabih Berri, l’ancien ministre des finances Ali Hassan Khalil a été visé hier par des sanctions économiques imposées par Washington.

Accusé de collusion avec le Hezbollah, ce dernier est également accusé de racket économique par les autorités américaines. Elles font aussi allusion au fait que ce dernier aurait demandé, voire exigé des commissions pour l’obtention de marchés publics.

Désormais, il s’agira d’observer la réaction du Istiz dans les prochaines heures.

Ces sanctions visent en effet à laisser la porte ouverte à ce dernier puisqu’elles ne l’ont pas visé nommément, lui qui continue à exiger le portefeuille des finances au sein du prochain cabinet.

Il s’agissait probablement de passer un message à Nabih Berri dont une grande partie de sa fortune serait aux Etats-Unis.

Souhaitera-t-il poursuivre la politique du pire dont il est coutumier, lui qui a saboté de l’intérieur, l’action du précédent gouvernement, celui d’Hassan Diab, sur différents dossiers de réformes du secteur financier ou encore comme ceux liés à l’audit des comptes de la Banque du Liban?

Souhaitera-t-il, le cas échéant, lâcher du lest et finalement passer à autre chose?

Il semblerait sur la base des déclarations qui ont suivi cette annonce de sanction à l’égard d’Ali Hassan Khalil, qu’on s’achemine au contraire à un bras-de-fer autour justement du ministère des finances.

En ligne de mire, la rotation des portefeuilles régaliens et plus particulièrement celui du ministère des finances

En effet, le premier ministre nouvellement désigné Mustapha Adib souhaiterait obtenir la rotation des portefeuilles ministériels dits régaliens. Finances, Défenses, Intérieur et Affaires Etrangères.

Dès le 31 août, le Président de la République lui-même avait commencé à mettre en place des pions dans le jeu politique à venir, lors de son discours et de l’interview qui a suivi à l’occasion du centième anniversaire de la proclamation du Grand Liban. Il avait ainsi accusé, sans le nommer, Ali Hassan Khalil déjà de corruption. Ce dernier, dès le lendemain, avait d’ailleurs directement réagi.

Le Chef de l’état avait ainsi révélé que des entrepreneurs étaient venus le voir, accusant un haut responsable du ministère des finances d’avoir exigé des commissions pour obtenir l’attribution de marchés publics. À une question posée par le général Aoun à ces chefs d’entreprises concernant le possible témoignage dans le cadre d’une enquête, ces personnes ont finalement renoncé, probablement en raison de menaces.

Toujours lors de cette intervention en direct, le président de la république avait précédemment accusé le ministère des finances, aux mains d’Ali Hassan Khalil depuis 2014, tout de même, d’avoir bloqué le financement du plan de restructuration du secteur de l’électricité publique.

On n’était pas au premier incident du genre entre les pôles au pouvoir.

On se souviendra par exemple de l’épisode en 2019 de la fameuse barge turque offerte pour les trois mois de l’été et qui devait initialement accoster à la centrale de Zahrani pour en faire bénéficier les habitants du Sud du Liban.

Certaines sources indiquent que le dirigeant du mouvement Amal serait le principal bénéficiaire, en étant au sommet, des commissions versées par les générateurs sur l’ensemble du pays mais également serait très impliqué dans l’achat de fioul ou d’autres types de carburants.

Parmi les manifestants d’alors, le ministre des finances lui-même, Ali Hassan Khalil en première ligne! Cette barge finira par accoster au niveau de la centrale électrique de Zouk Mosbeh.

Cet incident montrait au grand jour, les liens entre mouvement Amal, Nabih Berri et mafia des générateurs, ainsi que l’utilisation par ce dernier, alors que les tensions couvaient depuis un certain temps déjà entre les ministres de l’énergie et Nabih Berri.

Dans les mois à venir, si le Liban obtient l’aide économique de la communauté internationale, le ministère des finances sera appelé à jouer un rôle central et essentiel dans la mise en place des réformes économiques et monétaires qui sont prévues avec des mécanismes de contrôles qui seront également mis en place.

Par ailleurs, ces procédures de contrôle pourraient amener à découvrir un certain nombre d’anomalies qui auraient eu lieu les années précédentes, comme cela est déjà le cas avec l’audit des comptes de la Banque du Liban et de ces filiales où bien des choses restent à découvrir. Il s’agit donc peut-être aussi de couvrir certains arrières …