Le ministre sortant des finances Ghazi Wazni a signé 4 décrets accordant à l’Electricité du Liban 62 millions de dollars pour l’achat de fioul à destination de ses centrales électriques. Ce montant sera cependant dépendant d’une décision du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, qui devrait rendre “une décision finale” à ce sujet, indique la dépêche de l’Agence Nationale d’Information.

Dès début du mois, l’Electricité du Liban avait mis en garde contre l’interruption de la fourniture d’électricité d’ici fin de ce mois en raison de la suspension de l’avance de 200 millions de dollars par le conseil constitutionnel suite à un recours présenté par les députés Forces Libanaises.

Cette information intervient également alors que le programme de subvention de la Banque du Liban devrait prochainement s’achever faute de réserves monétaires disponibles. Riad Salamé a déjà informé le ministre sortant de la Santé Hamad Hasssan de la fin du financement à l’achat de médicaments, estimant les dépenses actuelles comme trop importantes et dépassant les capacités financières de la BdL.

Côté carburant, ce vendredi, alors que de nombreuses stations essence ont dû fermer leurs pompes, de nombreux automobilistes faisaient également la queue devant les rares stations encore ouvertes. De leur côté, les importateurs d’essence estiment que les stocks actuels ne pourront suffire qu’à satisfaire un peu plus de 40% du marché actuel, mettant en cause également la Banque du Liban qui tarde à accorder les lignes de crédit nécessaires au déchargement des tankers pourtant présents devant les côtes libanaises. 10 jours seraient même nécessaires pour un retour à la normale, estiment-ils.

Un programme de subvention dont les heures sont comptées alors que les réserves monétaires disponibles seraient sur le point d’être épuisées

Pour rappel, le programme de subvention devait s’achever fin avril pour les carburants et fin juin prochain pour les produits comme les médicaments ou encore la farine, selon une lettre du gouverneur de la banque du Liban, Riad Salamé, adressée en mars dernier au ministre des finances Ghazi Wazni, faute de réserves monétaires disponible pour continuer à le financer. On ignore pour le moment comment la Banque du Liban a réussi à poursuivre le programme sans en retardant l’approbation de certaines lignes de crédit notamment pour l’achat de carburants et de fioul.

Le coût du programme était de 700 millions de dollars durant la période précédentes à la crise actuelle. Il est tombé à 500 millions de dollars actuellement, soit 6 milliards de dollars par an dont 3 milliards de dollars pour les carburants seulement. Des interrogations portent également sur la réalité des 16 milliards de dollars de réserves brutes de la Banque du Liban principalement constituées par les sommes disponibles par les 15% de réserves obligatoires sur les dépôts bancaires. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement puisqu’il s’agirait alors d’un prêt annuel pour un montant d’un milliard de dollar de la Banque du Liban contre 6 actuellement. Ce programme serait à destination de 800 000 familles maintenant.

En effet, plus de 75 % de la population se trouverait aujourd’hui vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 dollars par jour. Le taux d’inflation aurait même atteint 155 % au cours de l’année 2020, les prix de certains produits essentiels mais non subventionnés ayant même atteint une hausse de 400%, alors que la livre libanaise aurait perdu plus de 90% de sa valeur depuis octobre 2019. 

En mars dernier, le ministre sortant des finances Ghazi Wazni a, pour sa part, estimé qu’il s’agirait de réduire le nombre de produits subventionnés de 300 à 100 produits, de réduire les subventions accordées à l’achat de carburants et de médicaments et à instaurer une carte de rationnement en faveur de 800 000 familles, induisant une réduction annuelle de moitié les subventions actuelles qui passeraient de 6 à 3 milliards de dollars. 

La mise en place d’un programme de cartes prépayées serait cependant tributaire de l’approbation par le parlement.

La création de ce programme de filet de sauvetage visant à remplacer le programme de subvention a été adopté par le parlement libanais le 12 mars dernier et signé par le Président de la République le 8 avril avant d’être publié dans le journal officiel. 

Ce programme vise à mettre en place une carte de paiement prépayée qui serait ainsi remise aux foyers vulnérables à la crise économique. Elles recevraient ainsi 100 000 Livres par mois par personne environ durant un an, souhaitait la Banque du Liban alors que la Banque Mondiale avait indiqué exiger que ces sommes soient rendues disponibles au taux réel de la monnaie locale.

50% du programme de subvention aux carburants

Les carburants représentent à eux seuls, 50% du programme de subvention de la Banque du Liban a indiqué le ministre sortant de l’énergie. En dépit d’une augmentation du prix de l’essence plus de 50 % au Liban, un bidon d’essence coûte trois dollars environ alors qu’au Syrie, le même bidon coûterait entre 7 à 13 dollars, amenant à un trafic entre les 2 pays.

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