Les femmes ont été parties prenantes à l’Histoire de ce pays, mais ont vu leurs rôles respectifs être quelque peu sous-estimés.

Elles sont de tous les combats souvent au premier rang, au sens figuré et au sens propre, comme hier, Mounira Solh, première femme candidate à la députation, l’Historienne et poétesse May Murr qui sera considérée avec Saïd Akl comme l’une des Fondatrices des Gardiens des Cèdres, ou aujourd’hui Paula Yacoubian comme portevoix de la société civile , en faveur du Mariage Civil comme Raya Hassan. Le combat est également social, avec Leila Solh Hamadeh qui gère la fondation Walid Ben Talal après avoir été l’une des 2 premières femmes ministres au sein d’un gouvernement libanais en 2004.

Les femmes aujourd’hui poursuivent également ce combat pour le Liban, anonymes pour la plupart au travers d’institutions, l’Armée Libanaise ou les Forces de Sécurité Intérieure.

Le rôle des femmes lors de l’Indépendance du Liban

La Marche des Femmes, lors de l'indépendance du Liban, le 12 novembre 1943
La Marche des Femmes, lors de l’indépendance du Liban, le 12 novembre 1943

Lors du processus qui a abouti à l’Indépendance du Liban, parmi les premières manifestations, si ce n’est pas la première manifestation, la Marche des Femmes du 12 novembre 1943.

Pour rappel, le parlement avait annulé les articles constitutionnels relatifs au Mandat Français le 8 novembre. Le gouverneur Helleu réplique en arrêtant les dirigeants libanais le 11 novembre dont le président de la République Béchara Khoury et le Premier Ministre Riad el Solh et des membres du gouvernement. Ils seront transférés à la citadelle de Rachaya. 7 parlementaires s’introduisent dans le parlement en dépit d’un blocus des Forces de l’Ordre et adoptent le drapeau Libanais.

Le Président de la République et son gouvernement ne seront libérés que le 22 novembre suite à un ultimatum britannique en leur faveur. C’est à cette date qu’on célébrera désormais l’Indépendance du Liban.

Les femmes présentes également durant la Guerre Civile de 1975 à 1990

Tout comme la population, les femmes subiront les affres de la guerre civile, tantôt comme victimes, tantôt en y participant directement. Mères, épouses, elles tenteront bien, à plusieurs reprises, par des marches pacifiques, de faire cesser le cycle de la violence, réclamant la Paix.
Elles étaient notamment au premier rang de la marche de Nahr Mott, le 1er octobre 1990, bougie à la main quand des miliciens des Forces Libanaises ont tiré, faisant 25 morts.

Beaucoup de femmes ont, en effet, participé à la guerre civile que cela soit en prenant les armes- le parti Kataëb aurait eu jusqu’à 1 500 femmes combattantes par exemple – ou en choisissant une voie plus pacifique, devenant médecins, infirmières, essayant de changer les choses pour le mieux.

Pour les combattantes, les motifs de leurs engagements étaient multiples. Il s’agissait pour les unes de défendre simplement le droit d’exister comme pour les combattantes chrétiennes – pour défendre son quartier, sa région, sa famille et soit même – ou celles du Fatah Palestinien – pour prétendre à un retour en Palestine -.

D’autres pour des causes idéologiques, de gauche notamment comme le cas de Souha Bechara, qui à peine âgée de 20 ans tentera d’assassiner en 1988, le chef de l’Armée du Liban Sud, milice pro-israélienne, Antoine Lahd.

Joseline Khoueiry, combattante durant la guerre civile
Joseline Khoueiry, combattante durant la Guerre Civile Libanaise. En 1976, elle fera face à plusieurs centaines de combattants palestiniens avec 6 autres filles place des martyrs au Centre Ville de Beyrouth et commandera même une unité entièrement féminine de combattantes. Déposant ses armes en 1986, elle deviendra une figure du mouvement pacifique libanais ensuite.

On se souviendra par exemple de ses combattantes Kataëb qui se sont jetées du haut du Holiday Inn pour ne pas tomber entre les mains des combattants palestiniens lors de la Guerre des Hotels en 1976.

Il serait injuste totalement d’évoquer la Guerre Civile sans évoquer également de ces mères, soeurs, filles des disparus de la guerre civile qui espèrent toujours que Justice puisse leur être rendue et pouvoir enfin faire leurs deuils.

Elles sont également le fer de lance de ce combat plus pacifique et dont on ne peut qu’être fier.

Odette Salem avec Ghazi Aad, également décédé depuis. Photographie prise 2007 dans la tante des disparus de la Guerre Civile, Place Gébran à Beyrouth, Liban. Crédit Photo: Libnanews.com, tous droits réservés
Odette Salem avec Ghazi Aad, également décédé depuis. Photographie prise 2007 dans la tente des disparus de la Guerre Civile, Place Gébran à Beyrouth, Liban. Crédit Photo: Libnanews.com, tous droits réservés

On ne peut que se souvenir d’Odette Salem, tragiquement décédée, le 16 mai 2009, fauchée par un chauffard alors qu’elle se rendait à la tente où se regroupaient à l’époque les mères des disparus de la guerre civile, au Centre-Ville de Beyrouth. Femmes et mères de disparus entre les mains de milices libanaises ou palestiniennes, des forces syriennes ou des forces israéliennes, elles étaient toutes présentes, unies dans la douleur, dans l’espoir, au-delà des différences.

Odette n’avait jamais baissé ses bras pour retrouver ses 2 enfants, Christine et Richard, enlevés à un barrage à Beyrouth.

Ce combat, en effet, lui dure toujours bien des années après la fin de la Guerre Civile. Ce n’est qu’en 2018, qu’a été adoptée finalement une loi permettant à ces dernières et aux familles plus généralement que puissent être réouverte les dossiers concernant ces disparitions.

Plus récemment, les femmes dans les manifestations

Premières impliquées dans le constat de la dégradation des conditions sociales et économiques au Liban, en raison de la crise économique par lequel le Pays passe depuis 2018, les femmes se sont très tôt impliquées dans les derniers évènements. Ainsi, dès la nuit du 17 octobre 2019, Malak Alawiye n’hésitera pas à s’en prendre à un garde du corps du Ministre de l’éducation nationale, Akram Chéhayeb, après que celui-ci ait menacé les manifestants de son arme.

C’est ainsi que son geste, capté par un enregistrement vidéo, deviendra l’un des symboles de ce qui s’appelle désormais la Révolution du 17 octobre.

Par la suite, les femmes ont toujours occupé les premières places dans les évènements qui ont suivi, avec des mères notamment devant les prisons lors des arrestations de personnes qui ont coupé les routes.

Elles ont donc été en première ligne dans ces évènements qui se poursuivent jusqu’à aujourd’hui avec la dégradation du pouvoir d’achat et les soucis au premier ordre par rapport à la crise économique que traverse actuellement le Liban.

2 COMMENTAIRES

  1. La femme libanaise a certainement contribué énormément au dévélopment du Liban. Elle mérite toute notre respect. Malgrè tout Elle ne possède toujours pas les mêmes droits e.g. si Elle se Marie avec un étranger, ses enfants n‘obtiennent pas la nationalité libanaise. Seulement récemment c‘est devenu un peu plus facile pour les conjoints et les enfants étrangers des Libanaises d‘obtenir un permis de séjour prolongé.
    Imaginez vous si on traitait les Libanais établis à l‘étranger de cette façon.

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