vendredi, juin 13, 2025

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Liban : un gouvernement au bord de l’implosion face au dossier explosif du Hezbollah

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Fracture ouverte entre les composantes du gouvernement

Les tensions au sein du gouvernement libanais ont atteint un niveau critique à la suite des déclarations du ministre des Affaires étrangères Youssef Raji. Dans Al Akhbar (29/05/2025), il affirme que « la trilogie boisée du peuple, de l’armée et de la résistance est terminée », qualifiant de fait la présence armée du Hezbollah comme étant en dehors du cadre de l’État. Cette prise de position, inhabituelle de la part d’un haut responsable du gouvernement, a été immédiatement interprétée comme un alignement sur les exigences de la communauté internationale, notamment des États-Unis et de la France, qui exigent depuis plusieurs mois des garanties sur la souveraineté militaire libanaise.

Cette sortie a provoqué une vive réaction de la part du Hezbollah. Le député Ibrahim Moussaoui a répondu dans les colonnes d’Al Akhbar (29/05/2025) en déclarant que « l’équation dorée n’est pas une illusion, elle est soutenue par le peuple qui a voté avec son sang bien avant son encre ». Cette référence aux élections municipales récentes, où les listes soutenues par le Hezbollah ont remporté plusieurs victoires, est une manière pour le parti chiite de rappeler sa légitimité électorale et sociale.

Selon Al Joumhouriyat (29/05/2025), ces divergences profondes ont entraîné des blocages répétés lors des réunions du Conseil des ministres. Plusieurs ministres ont quitté les séances en signe de protestation, dénonçant une tentative de marginalisation d’une partie de l’exécutif. Un haut fonctionnaire, cité sous anonymat, affirme que « même les communiqués les plus neutres sont devenus impossibles à rédiger tant les camps sont figés sur leurs positions respectives ».

Tentatives de médiation et rôle ambivalent de la présidence

Alors que le Premier ministre Nawaf Salam semble maintenir une ligne politique en accord avec les exigences occidentales, le président Joseph Aoun adopte une position plus nuancée. Al Bina’ (29/05/2025) rapporte une rencontre officielle entre le chef de l’État et le député Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah. Lors de cette entrevue, la présidence a évoqué « un climat de dialogue et de coopération », exprimant la volonté de préserver la stabilité nationale par l’inclusion de toutes les forces représentatives, y compris celles armées.

Cette position ambiguë de la présidence a été perçue par certains acteurs politiques comme une tentative de ménager à la fois la communauté internationale et les composantes internes du pays. Dans Al Liwa’ (29/05/2025), un conseiller proche du Premier ministre affirme que « la présidence tente de maintenir l’équilibre, mais cette stratégie de double langage risque de se retourner contre elle si la situation dégénère ».

La fracture entre les deux têtes de l’exécutif se manifeste également dans la gestion des relations internationales. Al Akhbar (29/05/2025) rapporte que le président Joseph Aoun a multiplié les rencontres avec des ambassadeurs arabes et européens, sans associer systématiquement le chef du gouvernement à ces discussions. Cette méthode, critiquée par certains partenaires diplomatiques, crée un flou institutionnel qui affaiblit la voix du Liban sur la scène internationale.

Un gouvernement paralysé sous la pression de ses propres contradictions

Les divisions autour du Hezbollah ne sont pas uniquement idéologiques, elles touchent à la nature même de l’État libanais. Al Joumhouriyat (29/05/2025) analyse la situation comme une « cristallisation d’une crise existentielle de l’État ». Le quotidien souligne que le gouvernement ne parvient pas à prendre de décisions sur des dossiers clés, comme le renouvellement du mandat de la FINUL, la stratégie de défense nationale ou les conditions de coopération avec le FMI.

Al Sharq (29/05/2025) décrit un climat de méfiance généralisée entre les ministres, où chaque initiative est perçue comme un potentiel coup politique. La gestion de la politique étrangère, de la sécurité intérieure, des finances publiques et des nominations administratives est paralysée. Selon le journal, « les réunions du Conseil des ministres se transforment en affrontements rhétoriques sans aboutissement institutionnel ».

En parallèle, la société libanaise assiste à cette impasse avec un sentiment croissant de désillusion. Al Akhbar (29/05/2025) rapporte plusieurs manifestations organisées par des collectifs citoyens dénonçant « un pouvoir captif de ses contradictions ». Les slogans brandis évoquent la fin de la mascarade, la dénonciation de la corruption politique et l’appel à une gouvernance fondée sur la souveraineté réelle, sans double standard sécuritaire.

Pressions internationales et repositionnements diplomatiques

L’alignement progressif d’une partie du gouvernement libanais sur les revendications occidentales coïncide avec une intensification de la pression diplomatique exercée par les États-Unis et plusieurs pays européens. Al Diyar (29/05/2025) révèle que des diplomates occidentaux ont adressé au Premier ministre Nawaf Salam une note confidentielle dans laquelle ils conditionnent l’activation de plusieurs programmes d’aide au Liban à l’adoption d’une feuille de route claire sur la question des armes du Hezbollah. Cette position a été réitérée par des représentants du Groupe international de soutien au Liban lors d’une réunion informelle à Paris.

Al Akhbar (29/05/2025) rapporte également que les discussions autour du mandat de la FINUL ont pris une tournure stratégique. Selon le journal, Washington et Paris auraient proposé une révision des règles d’engagement de la force onusienne au Sud, afin de lui permettre d’opérer sans coordination préalable avec les autorités libanaises. Cette proposition a suscité l’opposition immédiate du Hezbollah, qui y voit une atteinte directe à la souveraineté nationale et un blanc-seing donné à des interventions unilatérales.

Dans Al Liwa’ (29/05/2025), le Premier ministre Nawaf Salam apparaît déterminé à mener à bien une révision des priorités diplomatiques du Liban. Il aurait proposé une série de garanties aux partenaires occidentaux, incluant un renforcement du contrôle des frontières, la surveillance accrue des transferts d’armes, et un audit indépendant des structures sécuritaires mixtes. Cette initiative est perçue comme une tentative de dissocier l’État libanais de l’infrastructure militaire du Hezbollah, sans pour autant provoquer un affrontement direct.

Cependant, cette stratégie d’équilibrisme est loin de faire l’unanimité. Al Bina’ (29/05/2025) évoque la méfiance grandissante au sein du bloc chiite vis-à-vis du Premier ministre. Des voix internes au mouvement Amal et au Hezbollah dénoncent « un agenda dicté de l’extérieur et imposé au peuple libanais sans débat national ». Le journal met en lumière le risque de rupture entre les composantes chiites du gouvernement et le reste de l’exécutif, ce qui compromettrait l’unité gouvernementale à court terme.

Fragilité structurelle du gouvernement Salam

Le gouvernement dirigé par Nawaf Salam repose depuis sa formation sur une majorité composite rassemblant des forces issues de blocs antagonistes. Cette coalition, conçue comme un mécanisme de gestion transitoire, est aujourd’hui fragilisée par l’absence de consensus sur les grandes orientations stratégiques. Al Joumhouriyat (29/05/2025) indique que plusieurs ministres du courant national libre ont menacé de suspendre leur participation en cas d’adoption d’un communiqué officiel désignant le Hezbollah comme acteur extra-étatique.

Le même journal rapporte que le Premier ministre aurait envisagé de proposer un remaniement ministériel technique afin de remplacer les ministres les plus clivants. Cette option, soutenue par certaines chancelleries, bute néanmoins sur le veto des forces politiques qui refusent d’être écartées du pouvoir sans accord global. Al Sharq (29/05/2025) mentionne également un projet de feuille de route institutionnelle préparée par l’entourage du président Joseph Aoun, visant à rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire tout en intégrant le Hezbollah dans une doctrine de défense nationale révisée.

Mais cette initiative est contestée par des membres du gouvernement et de l’opposition, qui y voient une forme de légitimation du statu quo armé. Un député cité dans Al Liwa’ (29/05/2025) affirme que « toute tentative de rédaction d’un compromis sur le Hezbollah aboutira nécessairement à une crise de confiance au sein de l’exécutif ». Les débats sur la stratégie de défense, suspendus depuis plusieurs mois, n’ont jamais pu aboutir à une vision partagée entre les différentes composantes.

Al Akhbar (29/05/2025) ajoute que la pression sociale et économique rend toute réforme politique difficile. Le journal insiste sur le fait que l’instabilité institutionnelle se traduit par une incapacité chronique à prendre des décisions majeures, aggravant l’isolement du Liban sur la scène régionale. Cette paralysie gouvernementale compromet également les négociations avec le Fonds monétaire international, suspendues depuis janvier.

Paralysie des réformes et délitement de l’État

Le climat d’instabilité institutionnelle provoqué par les dissensions autour du Hezbollah bloque la quasi-totalité des réformes structurelles. An-Nahar (29/05/2025) note que l’absence de consensus gouvernemental a empêché la validation du budget 2025, ainsi que le lancement du programme de restructuration bancaire exigé par le FMI. Le journal cite un diplomate européen affirmant que « sans cadre politique stable, toute relance économique sera illusoire ».

Le blocage s’étend également au fonctionnement administratif courant. Al Diyar (29/05/2025) indique que plusieurs nominations clés au sein de la Banque du Liban, de la Cour des comptes et de la direction générale des Finances restent gelées faute d’accord entre les forces politiques représentées au gouvernement. Ces paralysies freinent l’application de la loi sur la transparence financière adoptée en 2023, toujours inopérante faute de décrets d’application.

Al Liwa’ (29/05/2025) publie une analyse soulignant que la confusion entre autorité militaire et autorité civile affaiblit la capacité de l’État à se présenter comme un interlocuteur crédible. Le journal insiste sur le fait que tant que le Hezbollah conserve une autonomie opérationnelle sur le territoire libanais, les institutions civiles resteront en position de faiblesse. Une source diplomatique, citée dans le même article, déclare que « le Liban est dans une impasse existentielle, entre souveraineté réelle et illusion d’État ».

Dans Al Sharq (29/05/2025), plusieurs économistes affirment que la perception du risque politique empêche le retour des investissements étrangers. Les projets d’infrastructure, y compris ceux soutenus par la Banque mondiale, sont suspendus ou reconfigurés. Le journal note que même les dons humanitaires destinés au secteur médical sont conditionnés à une supervision extérieure. Cette perte de confiance s’étend désormais aux institutions humanitaires, qui peinent à justifier le maintien de leurs programmes au Liban.

Fracture sociale et effondrement de la confiance citoyenne

Al Akhbar (29/05/2025) évoque l’émergence de tensions sociales accrues dans plusieurs régions, où la population reproche au gouvernement son inaction face à la dégradation continue des conditions de vie. Des collectifs citoyens réclament la démission du gouvernement, l’organisation de nouvelles élections et un processus de désarmement national supervisé par des instances indépendantes. Une manifestation à Tripoli a rassemblé plusieurs centaines de personnes réclamant « un Liban sans milices ni ingérences étrangères ».

Le journal rapporte que ces mouvements sont souvent infiltrés ou récupérés par des groupes politiques concurrents, ce qui affaiblit leur portée. Toutefois, la colère exprimée dans la rue témoigne d’un ras-le-bol généralisé vis-à-vis des élites au pouvoir. Al Liwa’ (29/05/2025) indique que 62 % des Libanais estiment que le gouvernement actuel ne représente plus leurs intérêts, selon un sondage réalisé par une ONG locale.

An-Nahar (29/05/2025) mentionne également la radicalisation du débat public, avec la montée de discours accusateurs entre les différentes communautés. Des accusations de trahison, de compromission ou de complicité avec l’étranger se multiplient dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ce climat délétère fragilise davantage le tissu social déjà éprouvé par cinq années de crise économique, sanitaire et politique.

Al Joumhouriyat (29/05/2025) alerte enfin sur la perte d’influence des institutions modératrices, telles que les syndicats, les ordres professionnels ou les structures universitaires. Leur voix peine à se faire entendre dans un espace public saturé de discours clivants. Le journal conclut que « sans un sursaut institutionnel, le Liban glisse vers une logique de confrontation permanente, où l’exécutif sera soit soumis, soit dissous ».

Scénarios de sortie de crise et projections institutionnelles

Face à cette impasse politique et institutionnelle, plusieurs scénarios sont évoqués par la presse libanaise pour éviter l’effondrement complet du gouvernement. Le premier, évoqué dans Al Joumhouriyat (29/05/2025), consiste en une démission partielle, notamment celle des ministres chiites proches du Hezbollah, qui suspendraient leur participation sans pour autant quitter formellement le gouvernement. Ce scénario permettrait un fonctionnement minimal de l’exécutif sur les dossiers non conflictuels, tout en évitant la chute immédiate du cabinet.

Une deuxième option, décrite dans Al Diyar (29/05/2025), est celle d’un remaniement technique, avec l’entrée de personnalités dites neutres ou issues de la technocratie. Le président Joseph Aoun aurait sondé certains anciens hauts fonctionnaires pour intégrer un éventuel cabinet élargi. Mais cette solution est perçue comme une tentative de marginalisation politique du Hezbollah, qui pourrait réagir en bloquant le Parlement, voire en quittant l’exécutif.

Un troisième scénario, analysé par Al Bina’ (29/05/2025), repose sur la reconduction du gouvernement actuel dans un cadre minimaliste, avec une réduction de ses prérogatives aux affaires courantes. Cette solution satisferait les partis souhaitant éviter des élections anticipées, mais elle ne permettrait pas de débloquer les dossiers structurels. Le journal met en garde contre « un vide prolongé qui n’est pas une neutralité, mais une paralysie institutionnelle dangereuse ».

Al Akhbar (29/05/2025) évoque une hypothèse plus radicale : la dissolution complète du gouvernement et la mise en place d’un cabinet de transition, sous supervision internationale implicite. Ce gouvernement, soutenu par une majorité de blocs parlementaires mais limité à des missions spécifiques (réformes, coopération avec le FMI, encadrement des élections), serait perçu comme une rupture avec le système actuel. Mais ce scénario bute sur l’opposition des principales forces confessionnelles, qui y voient un danger de déséquilibre institutionnel.

Enfin, Al Sharq (29/05/2025) rapporte que des discussions ont lieu en coulisses sur une possible relance du dialogue national autour d’un accord sur une nouvelle stratégie de défense nationale. Ce dialogue, parrainé par le président Aoun, chercherait à intégrer progressivement le Hezbollah dans une chaîne de commandement militaire étatique, tout en garantissant une représentation politique de ses intérêts. Cependant, cette perspective reste très théorique à ce stade.

Dans l’ensemble des articles, une constante revient : l’absence de solution consensuelle immédiate et le risque d’une escalade silencieuse vers un effondrement progressif de l’État. Aucun des acteurs majeurs ne semble en mesure d’imposer une issue sans provoquer de rupture grave, et la population continue de faire face à un pouvoir exécutif bloqué, divisé, et confronté à une défiance généralisée.

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