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Média: Jasper Jeffers à Beyrouth, focus sur le cessez-le-feu et le désarmement du Hezbollah

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Le 30 avril 2025, le général américain Jasper Jeffers, chef du comité de suivi du cessez-le-feu au Liban, revient à Beyrouth après une longue absence, selon le quotidien Asharq al-Awsat. Sa mission : rencontrer le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri et le Premier ministre Nawaf Salam. Cette visite s’inscrit dans un contexte de tensions régionales et de négociations internationales complexes.

Le retour de Jeffers coïncide avec les discussions en cours entre Washington et Téhéran, ainsi qu’avec les efforts du président Aoun pour limiter les armes aux mains de l’État, notamment celles du Hezbollah. Cette mission pourrait jouer un rôle déterminant dans la consolidation du cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 entre le Liban et Israël.

Une visite liée aux négociations USA-Iran

Selon Asharq al-Awsat, la présence de Jasper Jeffers pourrait viser à accompagner les négociations entre les États-Unis et l’Iran, qui portent notamment sur le programme nucléaire iranien. Un diplomate occidental, cité par le journal, suggère toutefois que le général cherche à « gagner du temps » en attendant l’issue de ces pourparlers.

Ce même diplomate met en garde le Hezbollah contre l’idée qu’un éventuel accord USA-Iran pourrait restaurer son influence d’avant le 7 octobre 2023, date du début des hostilités liées à la guerre de Gaza. Le groupe, affaibli par les frappes israéliennes de 2024, fait face à des pressions croissantes pour se désarmer, un objectif prioritaire pour le président Aoun.

Le désarmement du Hezbollah : un enjeu central

Le président Joseph Aoun a récemment intensifié ses appels à confiner les armes aux mains de l’État, déclarant que « cette décision est prise » et qu’elle sera mise en œuvre par le dialogue. Jasper Jeffers pourrait explorer les progrès des discussions entre Aoun et les dirigeants du Hezbollah sur ce dossier sensible.

Nabih Berri, allié clé du Hezbollah, joue un rôle de médiateur dans ces pourparlers. Il soutient l’idée d’un dialogue direct entre Aoun et le groupe, plutôt qu’une table ronde élargie, pour éviter les échecs des négociations passées. Ce dialogue vise à élaborer une stratégie de défense nationale respectant le monopole de l’État sur les armes, conformément à la résolution 1701 des Nations unies.

Les frappes israéliennes : une menace pour la stabilité

Nabih Berri, dans des propos rapportés par Asharq al-Awsat, accuse Israël d’avoir mené une frappe aérienne sur les banlieues sud de Beyrouth le 27 avril 2025 pour « entraver les négociations USA-Iran ». Selon lui, cette attaque, qui a visé un site civil, n’avait « aucune valeur militaire » et cherchait à provoquer une escalade.

Berri affirme qu’Israël tente d’« établir de nouvelles règles d’engagement » pour « entraîner le Liban dans une nouvelle guerre ». Cette frappe, l’une des nombreuses violations du cessez-le-feu signalées par les autorités libanaises, complique les efforts de stabilisation dans le sud du pays, où l’armée libanaise s’efforce de renforcer sa présence.

Le rôle du comité de suivi du cessez-le-feu

Jasper Jeffers dirige un comité international, présidé par les États-Unis et incluant la France, chargé de superviser le respect du cessez-le-feu de novembre 2024. Ce comité surveille le retrait des forces israéliennes du sud du Liban et le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah au sud du fleuve Litani.

Malgré les progrès de l’armée libanaise, qui a saisi des armes et détruit des caches dans la région, la présence israélienne dans cinq positions stratégiques, surnommées les « cinq collines », reste un point de friction. Jeffers pourrait discuter de cette question avec Aoun, Berri et Salam, alors que le Liban insiste sur un retrait complet d’Israël.

Une dynamique régionale complexe

La visite de Jeffers intervient dans un contexte régional marqué par des bouleversements. La chute du régime d’Assad en Syrie en décembre 2024 et l’affaiblissement de l’influence iranienne dans la région, notamment au Yémen et en Irak, créent un environnement favorable au dialogue sur le désarmement du Hezbollah.

Cependant, les frappes israéliennes persistantes, dénoncées comme des violations du cessez-le-feu, renforcent l’argument du Hezbollah selon lequel ses armes restent nécessaires face à la menace israélienne. Cette tension complique les efforts de Jeffers pour promouvoir une solution négociée.

Les attentes des dirigeants libanais

Le président Aoun, dans ses récentes déclarations, a souligné l’importance d’éviter un conflit interne tout en poursuivant le désarmement du Hezbollah. Il a rejeté l’idée d’intégrer le groupe comme une milice au sein de l’armée, proposant plutôt une intégration individuelle de ses membres dans les forces armées.

Nawaf Salam, de son côté, a déclaré que la formule libanaise « le peuple, l’armée, la résistance » appartient au passé. Il insiste sur le fait que seul l’État doit décider des questions de guerre et de paix, une position alignée sur celle d’Aoun et soutenue par Berri dans le cadre du dialogue national.

Les défis d’une mission délicate

La mission de Jasper Jeffers à Beyrouth est semée d’embûches. D’une part, il doit encourager le Liban à avancer sur le désarmement du Hezbollah, un objectif soutenu par les États-Unis mais perçu comme une menace par le groupe. D’autre part, il doit naviguer dans un climat de méfiance envers Israël, accusé de violer le cessez-le-feu et de compromettre les efforts de paix.

Le diplomate occidental cité par Asharq al-Awsat laisse entendre que Jeffers pourrait chercher à temporiser, en attendant que les négociations USA-Iran clarifient les perspectives régionales. Cette approche prudente reflète la complexité d’un dossier où les intérêts locaux et internationaux s’entremêlent.

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Newsdesk Libnanews
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