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Morgan Ortagus qualifie le Hezbollah de « cancer »

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Lors de sa visite diplomatique au Liban, achevée ce mardi, Morgan Ortagus, envoyée spéciale adjointe des États-Unis pour le Moyen-Orient, n’a pas mâché ses mots. Dans une interview accordée à Al-Arabiya, elle a qualifié le Hezbollah de « cancer » et a appelé à son désarmement rapide, tout en saluant les efforts de réforme du nouveau gouvernement libanais. Après des rencontres avec le président Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam, le président du Parlement Nabih Berri et le ministre des Affaires étrangères Youssef Rajji, Ortagus a mis en garde contre l’inaction, liant la survie du Liban à des changements profonds.

Une charge virulente contre le Hezbollah

« Les dix dernières années ont été dévastatrices pour le Liban : crise financière, explosion du port, milices à travers le pays, surtout le Hezbollah qui maintient un État dans l’État », a déclaré Ortagus. Elle a imputé au groupe chiite, soutenu par l’Iran, la responsabilité d’une guerre « catastrophique » avec Israël, dont les habitants du sud paient le prix fort. « Ces gens, qui ont perdu leurs maisons, ont été entraînés dans un conflit qu’ils n’ont pas voulu », a-t-elle déploré, plaidant pour un avenir débarrassé des « fauteurs de guerre ».

La diplomate américaine a durci le ton en qualifiant le Hezbollah d’ »organisation terroriste désignée, avec beaucoup de sang américain sur les mains ». Usant d’une métaphore médicale, elle a comparé le groupe à une tumeur : « Quand vous avez un cancer, vous ne traitez pas une partie en laissant le reste croître. Vous l’éliminez. » Cette rhétorique, tranchante, reflète la position ferme de Washington, qui exige le désarmement du Hezbollah comme condition sine qua non à la stabilisation du Liban.

Une crise profonde, des espoirs de changement

Ortagus n’a pas éludé la gravité de la situation économique. « La crise financière est aussi mauvaise qu’elle peut l’être », a-t-elle reconnu, évoquant un pays ravagé par une chute de 40 % du PIB depuis 2019 (Banque mondiale, avril 2025), une inflation à 150 % (Statista, mars 2025) et des dépôts bancaires gelés à hauteur de 100 milliards de dollars (INSEE). L’explosion du port de Beyrouth en 2020 et les tensions au Sud-Liban aggravent encore ce tableau sombre.

Pourtant, elle s’est dite « encouragée » par ses échanges avec les dirigeants libanais. « Le nouveau cabinet est excellent, sans affiliations partisanes », a-t-elle affirmé, louant Aoun et Salam pour leur « véritable engagement » envers les réformes. Dans un communiqué de l’ambassade américaine sur X, elle a salué des « discussions franches » sur trois priorités : désarmer le Hezbollah, éradiquer la corruption et instaurer un gouvernement transparent. « Les Libanais doivent retrouver foi en leur État », a insisté l’ambassade.

Soutien à l’armée libanaise

Ortagus a mis en avant le rôle clé de l’armée libanaise, soutenue par les États-Unis depuis des décennies. « Elle a la capacité de protéger le Liban, il lui manque juste la volonté politique », a-t-elle déclaré. Cette remarque fait écho à la résolution 1701 de l’ONU, qui exige que seule l’armée contrôle le sud du pays. La FINUL, dans un communiqué du même jour, a dénoncé des violations persistantes – incursions israéliennes et armes illégales du Hezbollah –, renforçant l’urgence d’une action militaire souveraine.

Washington, selon Ortagus, mise sur un « changement générationnel » porté par Aoun et Salam. « S’ils n’agissent pas, ils ne sauveront pas leur pays », a-t-elle averti, liant les réformes économiques au désarmement. Elle a cité en exemple le projet de loi sur le secret bancaire, débattu ce mardi au Conseil des ministres, comme un pas vers la transparence exigée par le FMI et les donateurs internationaux.

Une visite sous haute tension

C’était la deuxième visite d’Ortagus au Liban depuis sa prise de fonction, après un passage en février marqué par des déclarations controversées sur la « défaite » du Hezbollah face à Israël. Cette fois, ses rencontres, tenues samedi et dimanche, ont visé à consolider le cessez-le-feu de novembre 2024, négocié sous médiation américaine. « Je suis ravie d’être de retour », a-t-elle confié, selon l’ambassade, soulignant son optimisme prudent face aux promesses du gouvernement Salam.

Mais ses propos sur le Hezbollah risquent de raviver les tensions. Nabih Berri, proche du groupe chiite, pourrait voir dans cette sortie une provocation, tandis que les factions pro-Hezbollah au Parlement pourraient freiner les réformes. À l’inverse, les partis anti-milices, comme les Forces libanaises, salueront probablement ce soutien américain explicite.

Un ultimatum diplomatique

La position d’Ortagus reflète une stratégie américaine claire : pousser le Liban à trancher entre chaos et renouveau. Le désarmement du Hezbollah, couplé à des réformes économiques, est vu comme la clé pour débloquer une aide internationale – 5 milliards de dollars potentiels d’ici fin 2025, selon Reuters (5 avril). Mais le calendrier est serré : le congrès du FMI, du 21 au 26 avril, jugera des avancées libanaises.

Le Liban, sous pression, doit naviguer entre les exigences de Washington, les résistances internes et une population épuisée. Ortagus a planté le décor : Aoun et Salam ont les cartes en main, mais le temps presse pour extirper le « cancer » et panser les plaies d’un pays à bout de souffle.

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Newsdesk Libnanews
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