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Nabih Berri dénonce une agression : la souveraineté libanaise en ligne de mire

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Une condamnation immédiate dans un climat de tensions régionales

À la suite des frappes israéliennes sur la banlieue sud de Beyrouth dans la nuit du 5 au 6 juin 2025, Nabih Berri, président du Parlement libanais, a publié une déclaration virulente. Il y qualifie l’attaque d’« agression flagrante » contre la souveraineté du Liban. Dans un contexte marqué par une absence de réaction officielle des autorités exécutives dans les premières heures, cette déclaration a rapidement pris une dimension politique centrale.

Nabih Berri a rappelé que le Liban, bien que fragilisé, restait un État souverain, et que toute atteinte à son intégrité territoriale devait être fermement condamnée. Il a souligné que le silence international face à ces actes équivalait à une forme de complicité. Par cette déclaration, il a tenté de mobiliser non seulement les institutions nationales mais aussi l’opinion publique et les partenaires régionaux du Liban.

Une stratégie de réaffirmation institutionnelle

La prise de parole de Nabih Berri intervient dans un vide institutionnel notable. Le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam sont restés silencieux dans les heures ayant suivi les bombardements. Dans ce contexte, la voix du président du Parlement est apparue comme un relais de souveraineté symbolique. Il a cherché à réaffirmer le rôle du Parlement en tant que garant de la légalité constitutionnelle et du droit international.

En rappelant l’illégalité des frappes israéliennes au regard des résolutions de l’ONU, Nabih Berri s’est positionné comme défenseur de l’ordre juridique international. Cette posture vise à rappeler que le Liban ne peut être traité comme un espace de non-droit, même dans un climat de paralysie politique.

Un appel au dialogue national

Dans sa déclaration, Nabih Berri a également appelé les forces politiques libanaises à une concertation d’urgence. Il a proposé la tenue d’une session parlementaire exceptionnelle pour débattre de la situation sécuritaire et de ses implications. Cet appel, bien que formulé dans un langage de gravité, traduit la volonté de restaurer un minimum de dialogue institutionnel dans un pays profondément divisé.

Ce geste est à la fois symbolique et stratégique. Il s’agit de contrer la désagrégation du processus décisionnel en montrant que le Parlement reste une arène possible de réponse nationale, même dans un contexte où l’exécutif semble paralysé.

Une dénonciation qui cible aussi les absences régionales

Nabih Berri ne s’est pas limité à une condamnation d’Israël. Il a également critiqué l’indifférence des pays arabes, notamment ceux qui ont récemment normalisé leurs relations avec Tel-Aviv. Il leur a reproché de ne pas avoir exprimé de solidarité envers le Liban, soulignant que le silence face à l’agression équivaut à une forme d’aval tacite.

Cette prise de position vise à raviver la solidarité arabe traditionnelle autour de la question libanaise, aujourd’hui affaiblie. Elle s’adresse aussi à l’opinion publique régionale, en rappelant que la souveraineté d’un État membre de la Ligue arabe est en jeu.

Une manœuvre politique à portée nationale

La déclaration de Nabih Berri peut aussi être interprétée comme une tentative de reconfiguration du rapport de force interne. En apparaissant comme le seul haut responsable à réagir publiquement, il renforce son statut de figure d’équilibre et de continuité. Dans un paysage institutionnel en décomposition, cette posture lui permet de se distinguer et de repositionner son mouvement politique.

Cela s’inscrit dans une stratégie plus large de légitimation, à un moment où les tensions internes entre les composantes politiques du Liban s’accentuent. Nabih Berri, en endossant un discours de fermeté et de dignité nationale, cherche à restaurer une certaine forme d’unité politique minimale autour du principe de souveraineté.

Une rhétorique de souveraineté dans un contexte d’impuissance

La déclaration s’appuie sur une rhétorique classique de défense de l’intégrité territoriale. Mais cette rhétorique se heurte à une réalité : le Liban est militairement incapable de répondre aux frappes, et diplomatiquement isolé. La dénonciation de l’agression devient alors un acte performatif plus que réellement dissuasif. Elle permet de rappeler un principe, sans pour autant modifier les rapports de force concrets.

Ce paradoxe est au cœur du discours de Nabih Berri : affirmer la souveraineté d’un État qui, de facto, ne peut plus la garantir. Cette tension entre le droit et la réalité constitue l’un des drames institutionnels du Liban contemporain.

Réception nationale contrastée

La déclaration a été bien accueillie dans certains cercles politiques qui partagent la même vision de l’indépendance nationale face aux ingérences extérieures. Mais elle a aussi été critiquée par des voix qui estiment que le Parlement, en tant qu’institution, n’a pas su anticiper ni prévenir l’affaiblissement de l’État. Certains y voient un geste tardif, sans portée réelle.

Dans les médias, le discours a été largement relayé, mais son impact pratique reste limité. Aucune mesure institutionnelle concrète n’a suivi dans les 24 heures. L’appel à une session exceptionnelle n’a pas encore reçu de réponse formelle des autres groupes parlementaires.

Une souveraineté devenue objet de négociation

L’initiative de Nabih Berri met en lumière une réalité troublante : la souveraineté du Liban n’est plus un acquis, mais un objet de négociation permanente, à la fois entre acteurs internes et avec les puissances étrangères. Elle peut être invoquée, mais elle ne peut plus être garantie. Ce constat traverse l’ensemble du discours, même s’il n’est pas formulé explicitement.

En dénonçant l’agression israélienne, le président du Parlement tente de réactiver une souveraineté symbolique, dans un contexte où la souveraineté réelle est largement entamée par la fragmentation politique, les alliances militaires non étatiques et l’incapacité à exercer un monopole légitime de la violence.

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Newsdesk Libnanews
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