Dans un contexte de crise politique et économique sans précédent, les déclarations de Naguib Mikati, Premier ministre libanais, sur la souveraineté du pays résonnent comme un avertissement. En déclarant : « Nous devons préserver la souveraineté du Liban face à toutes les ingérences étrangères », Mikati met en lumière les tensions croissantes entre les acteurs régionaux et internationaux impliqués dans les affaires libanaises. Ce propos, largement commenté dans les milieux politiques, reflète une réalité complexe où la souveraineté nationale est souvent compromise par des influences extérieures.
Une souveraineté mise à mal par les pressions régionales
Depuis des décennies, le Liban est un terrain d’affrontement pour diverses puissances régionales, notamment l’Arabie saoudite, l’Iran, et plus récemment Israël. La déclaration de Mikati intervient dans un contexte où le Hezbollah, allié de l’Iran, joue un rôle prépondérant dans la politique libanaise, souvent perçu comme une entorse à la souveraineté nationale. Selon Al Sharq Al Awsat (28/12/2024), l’Arabie saoudite, de son côté, accentue son influence en soutenant des factions politiques adverses au Hezbollah, exacerbant ainsi les divisions internes.
L’occupation israélienne et les violations du cessez-le-feu
Depuis le 30 septembre 2024, Israël a mené une offensive terrestre dans le sud du Liban, occupant plusieurs localités frontalières. Bien que l’accord de cessez-le-feu soit entré en vigueur le 27 novembre 2024, prévoyant un retrait des forces israéliennes et du Hezbollah dans un délai de 60 jours, des violations quotidiennes du cessez-le-feu ont été rapportées depuis cette date. Ces violations incluent des survols aériens, des incursions terrestres et des frappes ciblées, exacerbant l’instabilité dans la région.
Ces actions, justifiées par Israël comme des mesures de sécurité, sont perçues par le Liban comme une provocation directe et une atteinte à son intégrité territoriale. Les habitants du sud du Liban, notamment dans des localités comme Maroun Al-Ras, se trouvent pris en étau entre l’armée israélienne et le Hezbollah, vivant dans une situation de tension permanente.
Les violations du cessez-le-feu et le rôle de la FINUL
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), chargée de surveiller le cessez-le-feu depuis 2006, joue un rôle central dans la région. Toutefois, son efficacité est remise en question, notamment face à l’escalade actuelle. Selon Al Akhbar (28/12/2024), les survols israéliens sont signalés presque quotidiennement, tandis que les violations terrestres restent peu documentées mais largement ressenties par les populations locales.
Le Liban appelle à un renforcement des mandats de la FINUL, mais cette demande se heurte à l’opposition d’Israël et de certains membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. L’absence de mesures coercitives concrètes renforce un sentiment d’impunité, exacerbant les tensions dans le sud du pays
Une souveraineté mise à mal par les pressions régionales
Le Liban est depuis des décennies un théâtre d’affrontement pour diverses puissances régionales, notamment l’Iran, l’Arabie saoudite et Israël. La déclaration de Mikati intervient alors que le Hezbollah, soutenu par l’Iran, continue de renforcer son arsenal, une situation qui alimente les tensions avec Israël et divise profondément la politique intérieure libanaise. De l’autre côté, l’Arabie saoudite accroît son influence en soutenant des forces opposées au Hezbollah, exacerbant les rivalités confessionnelles et politiques.
Les actions israéliennes, combinées aux ingérences régionales, compliquent la capacité du Liban à agir de manière indépendante. Le Premier ministre, par sa déclaration, cherche à rassembler les forces politiques autour d’une idée de souveraineté collective, bien que les divisions internes restent un obstacle majeur.
La dépendance économique : un autre facteur de vulnérabilité
La souveraineté libanaise est également compromise par une dépendance économique croissante vis-à-vis des aides internationales. Selon Al Joumhouriyat (28/12/2024), les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) illustrent cette réalité. Bien que nécessaires pour surmonter la crise actuelle, les réformes exigées par le FMI sont souvent perçues comme une ingérence dans les politiques économiques nationales.
Cette dépendance est aggravée par la crise monétaire qui frappe le pays. La dévaluation rapide de la livre libanaise a rendu le Liban encore plus vulnérable aux pressions extérieures, chaque acteur cherchant à maximiser son influence en échange d’une aide financière.
Les répercussions sur la scène intérieure
Les propos de Mikati sur la souveraineté reflètent également les tensions politiques internes. La vacance présidentielle, qui dure depuis plus de deux ans, alimente un climat de méfiance entre les blocs politiques. Cette instabilité affaiblit la capacité des institutions à agir de manière indépendante, laissant un vide exploité par des puissances étrangères.
Selon Nida’ Al Watan (28/12/2024), cette situation fragilise également la position de Mikati lui-même, accusé par certains de céder à des pressions externes, notamment celles des pays occidentaux. Cependant, ses propos sur la souveraineté traduisent une tentative de rassurer l’opinion publique et de rallier un soutien autour d’un discours nationaliste.
Souveraineté et réforme : une équation complexe
Pour préserver la souveraineté, Mikati insiste sur la nécessité de réformes internes. Toutefois, ces réformes sont souvent retardées par des rivalités politiques et des intérêts divergents. L’absence de consensus empêche une action concertée, rendant le Liban encore plus dépendant de l’aide étrangère.
Selon Al Akhbar (28/12/2024), les initiatives de réforme, bien qu’indispensables, ne suffiront pas à rétablir la souveraineté sans une volonté politique claire de limiter les ingérences étrangères et de restaurer la confiance des citoyens.
Une souveraineté à réinventer
Les propos de Mikati mettent en évidence les défis auxquels le Liban est confronté pour préserver sa souveraineté. Entre les ingérences extérieures, les divisions internes et la dépendance économique, le pays doit repenser ses priorités. La souveraineté ne peut être renforcée qu’à travers une réforme profonde de ses institutions, accompagnée d’un engagement clair à restaurer l’État de droit et à réduire les influences externes.