dimanche, avril 27, 2025

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Négociations avec le FMI : le Liban à la croisée des réformes bancaires et économiques

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Une réunion cruciale au ministère des Finances

Le 25 mars 2025, une réunion décisive s’est tenue au ministère des Finances libanais, marquant une étape clé dans les pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI). Cette rencontre a réuni la délégation de négociation libanaise, composée de figures influentes du gouvernement et du secteur financier. Autour de la table, le ministre des Finances Yassin Jaber a présidé les discussions, aux côtés du ministre de l’Économie Amer Bissat, du conseiller économique du président de la République Farhat Farhat, de la conseillère du Premier ministre Lamia Moubayed, du gouverneur par intérim de la Banque du Liban (BDL) Wassim Mansouri, du directeur général des Finances George Maarawi, de la présidente de la Commission de contrôle des banques Maya Dabbagh, ainsi que des conseillers Samir Hammoud et Zeina Kassem. Cette composition reflète l’urgence d’un consensus interne pour répondre aux exigences du FMI dans un pays en crise depuis 2019.

L’objectif de cette réunion était double : examiner les propositions liées à la levée partielle de la confidentialité bancaire et avancer sur un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire, deux préconditions majeures posées par le FMI pour débloquer une aide financière. Le communiqué officiel publié à l’issue de la rencontre détaille les avancées réalisées et les prochaines étapes, dans un contexte où le Liban cherche désespérément à sortir d’une des pires crises économiques de son histoire. Toutefois, certains points clés comme la répartition des pertes du secteur bancaire restent dans le flou.

Révision de la confidentialité bancaire : un enjeu central

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a ouvert la séance en présentant les résultats de son entretien avec le représentant résident du FMI au Liban, Frederico Lima, et son équipe. Au cœur des discussions : la modification de la loi sur la confidentialité bancaire, en vigueur depuis 1956, qui protège les dépôts et les transactions des clients des banques libanaises. Cette législation, autrefois un atout pour attirer les capitaux étrangers, est aujourd’hui perçue comme un obstacle à la transparence nécessaire pour restructurer un secteur bancaire en faillite et assurer une supervision efficace.

Jaber a exposé les amendements proposés par son ministère, conçus pour répondre à deux impératifs : faciliter la restructuration des banques en permettant un accès ciblé aux données financières, et renforcer la supervision ordinaire par la Banque du Liban et la Commission de contrôle des banques. Ces changements visent à équilibrer la protection des déposants avec les exigences internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et de bonne gouvernance. Les participants ont débattu du texte proposé, s’accordant finalement sur une version à soumettre à la séance du Conseil des ministres prévue le jeudi suivant, après transmission à la secrétaire générale du Conseil.

La restructuration bancaire : un défi lié à la couverture des pertes

Le second point à l’ordre du jour portait sur un projet de réforme du système bancaire, présenté par le FMI. Ce plan, crucial pour remettre le secteur sur les rails, est conditionné à l’adoption d’une loi couvrant le gouffre financier accumulé par les banques libanaises depuis le début de la crise. Selon les estimations, les pertes totales dépassent les 70 milliards de dollars, une somme colossale dans un pays dont le PIB s’est effondré à environ 20 milliards de dollars en 2024. Ces pertes, résultat d’années de mauvaise gestion, de prêts irrécupérables au secteur public et d’une politique monétaire hasardeuse sous l’ancien gouverneur de la BDL Riad Salamé, ont paralysé le système financier, privant les déposants de l’accès à leurs fonds.

Le projet du FMI propose une refonte complète : recapitalisation des banques viables, liquidation de celles en faillite, et répartition des pertes entre actionnaires, gros déposants et, potentiellement, l’État. Cependant, sa mise en œuvre dépend d’un cadre légal définissant qui assumera ces pertes – une question politiquement explosive dans un pays où les élites économiques et politiques sont souvent liées. Les participants ont convenu de réviser la mouture du texte, avec des contributions de la BDL et du ministère des Finances, avant de l’envoyer au Conseil des ministres pour approbation et transmission au Parlement.

Contexte : une crise financière sans précédent

Ces négociations s’inscrivent dans un processus entamé en 2022, lorsque le Liban a signé un accord préliminaire avec le FMI pour un programme d’aide de 3 milliards de dollars sur quatre ans. Cet accord, conditionné à des réformes structurelles, est resté en suspens faute de progrès concrets. La crise bancaire, déclenchée par un défaut de paiement sur la dette souveraine en mars 2020, a révélé l’ampleur des dysfonctionnements : les banques ont imposé des restrictions draconiennes sur les retraits, plongeant des millions de Libanais dans la précarité. L’inflation galopante, la dévaluation de la livre libanaise (passée de 1500 à plus de 100 000 livres pour un dollar au marché noir en 2024), et l’incapacité de l’État à fournir des services de base ont aggravé la situation.

Le FMI exige depuis lors des mesures radicales : audit des comptes de la BDL, restructuration bancaire, unification des taux de change, et réformes fiscales. La réunion du 25 mars 2025 montre une accélération des efforts, sous la pression d’un calendrier serré et d’une population exaspérée par l’inaction des dirigeants.

Les acteurs clés et leurs défis

La délégation réunie au ministère des Finances incarne un mélange d’expertise technique et de poids politique. Yassin Jaber, issu du mouvement Amal, doit naviguer entre les exigences du FMI et les intérêts de son parti, souvent accusé de protéger le statu quo bancaire. Wassim Mansouri, qui a succédé à Riad Salamé à la tête de la BDL en 2023, tente de restaurer la crédibilité d’une institution ternie par des décennies de scandales. Maya Dabbagh, à la tête de la Commission de contrôle des banques, joue un rôle pivot dans la supervision d’un secteur en lambeaux. Ces figures, soutenues par des conseillers comme Lamia Moubayed et Farhat Farhat, doivent surmonter les divisions internes et les résistances des lobbies bancaires, qui craignent de perdre leurs privilèges.

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