L’une des principales problématiques d’une négociation concerne l’information asymétrique: on a ainsi appris hier soir qu’un cessez le feu “humanitaire” serait en train d’être négocié entre rebelles syriens d’Al Nosra et Armée Libanaise afin de libérer les otages détenus par les terroristes et cela par l’intermédiaire des ministres de l’intérieur Machnouq et de la justice Rifi qui leur sont favorables. Parmi les otages, 15 militaires portés disparus alors qu’ils étaient en permissions auprès de leurs familles et de nombreux civils. Certains seraient même utilisés comme boucliers humains.

Face à ces éléments, plusieurs réflexions nous viennent à l’esprit, d’où l’information asymétrique évoquée au début:

  • 1- s’agit-il réellement d’otages pour certains et on peut se poser légitimement la question après que certains habitants d’Arsal ont aidé les rebelles depuis 2011 lors du début de la guerre civile syrienne. Plus encore, certains même sont impliqués dans les attaques ayant visé l’institution militaire libanaise en 2013 et qui s’étaient soldées par la mort de 8 soldats. Cet élément est également renforcé par la désertion la semaine dernière d’un soldat libanais en faveur des rebelles syriens.
  • 2- doit-on négocier avec des preneurs d’otages? Toute négociation au Liban peut s’avérer plus dangereuse dans ses impacts à long terme que ses intérêts immédiats. Nous avons connu au Liban le résultat des accords du Caire, permettant l’installation au Sud Liban de 200 miliciens palestiniens seulement et qui s’est soldé par le déclenchement de la guerre civile de 1975.
  • 3- ne risque-t-on pas en négociant avec des terroristes de leur donner une légitimité politique? Cette légitimité est d’autant plus dangereuse qu’une partie de la communauté sunnite libanaise verra dans l’extrémisme salafiste un élément encourageant à l’importation du conflit civil syrien au Liban et cet élément doit absolument être rappelé aux négociateurs.

La conclusion toute est que nous ne possédons pas toutes les informations pour dire si ces négociations sont légitimes ou non, mais cependant face à ces éléments, force est de constater que les désavantages à court, moyen et long terme sont plus importants que la seule libération des otages:Cette négociation signifiant tout simplement un nouvel abandon de la souveraineté de la république libanaise sur son territoire et de sa responsabilité vis-à-vis de l’ensemble de la population libanaise au mépris de quelques individus dont on ne peut peut être même pas juger de leur loyauté vis-à-vis de nos institutions.

Notre solidarité avec l’armée libanaise doit donc être sincère, dénuée de tout calcul politique, totale et toute négociation avec des mouvements terroristes qui sont, de plus, des entités étrangères intervenant au Liban, doit être refusé. Il s’agira sinon d’une défaite de l’idée d’une nation libanaise et d’une victoire face à ceux qui militent pour un califat, négation même de l’idée de la coexistence libanaise.

Post-scriptum: Nos pensées les meilleures vont aux familles des militaires morts et disparus ainsi qu’à toutes les victimes innocentes de ce nouveau conflit, en espérant que ce dernier cessera évidemment dans l’intérêt de tout le Liban. 

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