Au moment même où l’alliance Renault Nissan était ébranlée par la mise hors jeu de Carlos Ghosn, le Directeur de Fiat propose un projet de mariage à celui de Renault, avec à la clé une opération de séduction envers ce dernier. Visiblement, séduction il y a bien eu. Opération réussie donc avec brio et sans coup ferrure, reconnaissons le.

Notons en passant que Peugeot a été, en attendant, le premier cocu de l’affaire. Très bien implanté, et de loin, en Iran, et inexistant aux États-Unis, Peugeot va plier bagage du jour au lendemain. On n’a jamais compris pourquoi une soumission aussi rapide au dictat de Trump dans ces conditions, et on n’a jamais cherché à comprendre. Une nouvelle faillite du journalisme d’investigation ?

Un premier dindon de la farce

On peut en entrevoir maintenant la raison. Peugeot s’était tout simplement fait promettre l’ouverture au marché américain grâce à l’appât d’un mariage avec Fiat Chrysler. Une fois le divorce de Peugeot avec le marché iranien bien consolidé, la promesse de mariage a été rangée brusquement bien au fond d’un tiroir… Bien sûr, cela n’exclut nullement que Peugeot ne devienne à l’avenir une proie du fait de la présence du moteur électrique d’Opel.

Par contre, cette technique de l’appât du marché américain qui vient de faire brillamment ses preuves, n’a pas été jetée aux oubliettes. Elle est mise au service d’un autre projet, autrement plus ambitieux cette fois, casser un nouveau fleuron de l’industrie européenne au profit des États-Unis, après en avoir aspiré le cœur technologique.

J’ai évoqué cet aspect dans mon article publié au moment de la mise en accusation de Carlos Ghosn et de son emprisonnement au Japon. J’avais avancé deux objectifs à cette affaire : d’une part punir Carlos Ghosn d’avoir refusé de quitter l’Iran et de se soumettre en conséquence au dictat de Trump, d’autre part ouvrir un processus de démantèlement d’un fleuron européen et son alliance avec Nissan.

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La proposition de mariage Renault / Fiat Chrysler entre dans cette logique et représente une étape vers ce démantèlement annoncé pour en extraire le cœur de sa puissance future, et faire ainsi main basse sur son moteur électrique en particulier.

Fiat Chrysler est en déperdition et totalement absent et privé de cette technologie du futur, condition sine qua non pour affronter la concurrence mondiale dans le secteur automobile.

Le mariage avec un constructeur américain, fût-il par le biais d’un italien, ne sera qu’un cheval de Troie pour une mainmise de cette technologie et de tous les brevets de Renault, avant une nouvelle étape vers la catastrophe annoncée.

Notons au passage qu’aucun des grands constructeurs américains ne possède la technologie du moteur électrique. D’où l’intérêt de faire main basse sur la technologie de Renault. C’est le chemin le plus court et la voie privilégiée des bandits de grand chemin qu’ils sont et qu’ils ont toujours été.

Toujours est-il que l’autre effet immédiat de l’annonce de ce projet est que nous assistons à une nouvelle dégradation des rapports de confiance avec Nissan et dont la conséquence est d’approfondir le fossé entre les deux alliés.

Nombre de thuriféraires de l’ultra libéralisme dans les médias mainstream et les marchés vantent massivement les vertus de ce mariage, avec le même élan et autant d’aveuglement que les précédentes offensives de démantèlement de fleurons européens par les États-Unis. Ils continuent de ne tirer aucune leçon des précédents exemples, pourtant si vifs encore dans leurs effets et dans nos mémoires. Simple aveuglement ? Peut-on continuer réduire cela à un simple aveuglement ou ne s’agirait-il pas plutôt d’une nouvelle tentative de trahison  en œuvre mises en œuvre par certains journalistes de la presse économique dans les médias  et par notre oligarchie financière ?

Il appartient aux travailleurs, aux syndicats et au mouvement des Gilets jaunes de se mobiliser rapidement et massivement pour s’opposer à ce projet et à appeler à s’orienter vers d’autres partenariats strictement européens mais aussi avec des constructeurs sud coréens comme chinois, tout en sauvegardant, si tant est que cela est encore possible, l’alliance avec Nissan. Il ne s’agit pas seulement de préserver des emplois, mais aussi de sauvegarder le tissu et le potentiel  industriels et technologiques français.

Scandre Hachem

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