Alors que le Liban est en crise politique et économique depuis plusieurs années, un tournant semble se profiler avec la formation imminente d’un nouveau gouvernement sous la présidence du général Joseph Aoun et le mandat du Premier ministre désigné Nawaf Salam. Cependant, malgré des avancées notables, des blocages persistent, notamment sur la répartition des ministères, le rôle du Hezbollah et les exigences des différentes forces politiques. Dans ce contexte, le pays oscille entre espoir et incertitude quant à la stabilité à venir.
Un gouvernement en gestation : négociations et obstacles à la finalisation
D’après Al Joumhouriyat (03/02/2025), les négociations autour de la formation du gouvernement ont abouti à un accord sur 90 % de la composition ministérielle. Nawaf Salam, en coordination avec le président Joseph Aoun, a réussi à établir un cadre général pour la répartition des portefeuilles, mais plusieurs points de friction restent à résoudre.
Le principal enjeu concerne la participation des Forces libanaises, qui exigent une place significative au sein du cabinet. Selon Al Diyar (03/02/2025), le chef du parti, Samir Geagea, insiste pour obtenir un ministère de souveraineté, ce qui complique les arbitrages finaux. En parallèle, le Courant patriotique libre, sous la direction de Gebran Bassil, hésite encore à intégrer le gouvernement, dénonçant une représentation insuffisante de sa formation.
Les équilibres communautaires au cœur des tractations
Les équilibres entre les différentes communautés restent un point sensible dans les discussions. Al Akhbar (03/02/2025) rapporte que le Hezbollah et le mouvement Amal ont obtenu la garantie que le ministère des Finances reviendrait à un représentant chiite, probablement Yassine Jaber. Le parti chiite aurait cependant dû céder sur certains autres postes afin d’éviter des tensions avec les alliés chrétiens et sunnites.
Le bloc sunnite, de son côté, est en pleine recomposition. D’après Al Liwa’ (03/02/2025), Nawaf Salam a dû négocier avec plusieurs figures sunnites influentes, notamment les proches de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, afin d’assurer une représentation équilibrée. L’objectif est de maintenir une forme de continuité sans pour autant reproduire les schémas qui ont conduit à l’impasse politique des dernières années.
Joseph Aoun, un président en quête de consensus
L’arrivée de Joseph Aoun à la présidence marque une nouvelle phase dans la gouvernance du pays. Al Bina’(03/02/2025) souligne que le général jouit d’une crédibilité auprès de la communauté internationale et de plusieurs forces politiques locales. Toutefois, sa capacité à arbitrer entre les différentes factions reste une question ouverte. Son défi principal est de garantir un équilibre entre les intérêts des grandes formations politiques sans se laisser enfermer dans une logique partisane.
Al Sharq (03/02/2025) rappelle que Joseph Aoun a insisté sur l’urgence de rétablir l’ordre institutionnel. Dans un discours récent, il a affirmé que « la stabilité politique passe par un gouvernement opérationnel, capable de répondre aux attentes des citoyens et de rétablir la confiance dans l’État ». Ce positionnement renforce sa légitimité, mais l’efficacité de son action dépendra de la coopération entre les ministres et de leur capacité à gérer les crises économiques et sociales.
Le Hezbollah et les pressions internationales
La place du Hezbollah au sein du gouvernement reste un sujet de tension, notamment sous l’œil attentif de la communauté internationale. Al Akhbar (03/02/2025) rapporte que les États-Unis et plusieurs pays européens suivent de près la formation du cabinet, cherchant à limiter l’influence du parti chiite sur les décisions gouvernementales.
Dans ce contexte, Al Nahar (03/02/2025) indique que le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Sheikh Naim Qassem, a déclaré que le parti continuerait à jouer un rôle actif dans la gestion du pays. Il a insisté sur le fait que « le Hezbollah ne sera pas marginalisé, quelles que soient les pressions extérieures ». Cette posture pourrait compliquer les relations avec les partenaires internationaux, notamment dans les négociations avec le FMI.
Quels défis pour le futur gouvernement ?
Le prochain gouvernement devra rapidement faire face à des défis majeurs, à commencer par la crise économique qui paralyse le pays depuis 2019. Selon Al Quds (03/02/2025), la priorité sera de finaliser un accord avec le FMI afin de débloquer des aides financières essentielles. Cependant, la mise en place des réformes exigées par l’institution internationale risque de se heurter à des résistances politiques et sociales.
Le second enjeu majeur concerne la situation sécuritaire. Al Sharq Al Awsat (03/02/2025) rapporte que les tensions persistent dans le sud du pays, avec une recrudescence des affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Une escalade dans cette région pourrait rapidement mettre à l’épreuve la stabilité du gouvernement et affaiblir la position de Joseph Aoun.
Enfin, la question des réformes institutionnelles reste ouverte. Al Diyar (03/02/2025) souligne que certains acteurs politiques réclament une refonte du système électoral et une modernisation de l’administration publique. Cependant, ces réformes nécessitent un consensus qui pourrait s’avérer difficile à obtenir dans un contexte de rivalités exacerbées.
Diplomatie : Le Liban face aux pressions internationales et aux recompositions régionales
Le Liban, en pleine transition politique avec la formation du gouvernement de Nawaf Salam sous la présidence de Joseph Aoun, est confronté à plusieurs défis diplomatiques majeurs. Entre les attentes du Fonds monétaire international (FMI), la pression des puissances occidentales sur la place du Hezbollah, et les rééquilibrages stratégiques au Moyen-Orient, Beyrouth doit naviguer entre concessions et préservation de sa souveraineté.
Les négociations avec le FMI : conditionnalités et blocages politiques
D’après Al Nahar (03/02/2025), les discussions entre le gouvernement libanais et le FMI ont repris après une interruption de plusieurs mois. L’objectif de Beyrouth est d’obtenir un plan de sauvetage financier qui permettrait d’injecter plusieurs milliards de dollars dans une économie en grande difficulté. Toutefois, le FMI impose des réformes strictes :
- Réduction des subventions sur les produits de base.
- Réforme du secteur bancaire, notamment la restructuration des créances.
- Régulation des flux financiers et lutte contre la corruption.
- Privatisation de certaines infrastructures publiques.
Ces conditions provoquent une résistance de plusieurs partis politiques. Al Diyar (03/02/2025) souligne que le Hezbollah et ses alliés craignent une perte de souveraineté économique, tandis que certains dirigeants sunnites et chrétiens voient d’un bon œil cet accord qui garantirait un retour des investisseurs étrangers.
Selon Al Akhbar (03/02/2025), Nawaf Salam tente d’équilibrer ces exigences avec un plan de réformes plus progressif, afin d’éviter un choc social majeur. Il aurait obtenu des garanties de la France et des États-Unis pour débloquer des aides directes si les premières mesures économiques sont mises en place.
Le Hezbollah sous surveillance internationale
Le rôle du Hezbollah est scruté de près par la communauté internationale. Al Sharq Al Awsat (03/02/2025) rapporte que Washington et plusieurs capitales européennes insistent pour limiter son influence au sein du gouvernement. L’administration américaine aurait même menacé d’imposer de nouvelles sanctions si des ministères stratégiques étaient confiés à des proches du parti chiite.
De son côté, Al Bina’ (03/02/2025) défend la position du Hezbollah, affirmant que le parti est une composante essentielle de la scène politique libanaise et qu’il ne peut être écarté des négociations. Selon Sheikh Naim Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, « nous ne serons pas marginalisés, quelles que soient les pressions extérieures ».
Le gouvernement Nawaf Salam tente de ménager toutes les parties. Il aurait garanti à ses partenaires internationaux que le ministère des Finances ne serait pas sous influence directe du Hezbollah, ce qui a facilité la nomination de Yassine Jaber, un technocrate reconnu mais proche du tandem chiite.
Réchauffement des relations entre la Syrie et l’Arabie saoudite : un tournant pour le Liban ?
Un événement diplomatique majeur pourrait avoir des répercussions sur le Liban : la visite du président syrien intérimaire Ahmed Al-Shar’ en Arabie saoudite. Al Sharq Al Awsat (03/02/2025) révèle que cette rencontre marque un tournant dans les relations arabo-syriennes après plus d’une décennie de tensions.
L’enjeu de cette visite est d’établir une feuille de route pour la réintégration progressive de la Syrie dans la Ligue arabe et d’obtenir un soutien économique saoudien pour la reconstruction du pays. Selon Al Quds (03/02/2025), le prince Mohammed ben Salman aurait exprimé sa volonté d’aider Damas, mais sous certaines conditions :
- Un processus politique crédible avec une transition en Syrie.
- Un éloignement de l’Iran dans les affaires régionales.
- Un apaisement des tensions avec Israël.
Pour le Liban, cette reconfiguration régionale est stratégique. Une normalisation entre Damas et Riyad pourrait faciliter le retour des réfugiés syriens présents au Liban et atténuer la pression économique sur Beyrouth. Cependant, Al Diyar (03/02/2025) souligne que le Hezbollah reste méfiant face à un rapprochement saoudo-syrien qui pourrait affaiblir son rôle en Syrie et, par extension, au Liban.
Les tensions avec Israël et le spectre d’une escalade au sud du Liban
Le sud du Liban reste un foyer de tensions. Al Quds (03/02/2025) et Al Akhbar (03/02/2025) rapportent que les échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah se sont intensifiés ces dernières semaines.
Les enjeux de cette montée en tension sont multiples :
- Israël redoute un renforcement des positions du Hezbollah à la frontière.
- Le Hezbollah veut envoyer un message de dissuasion après la destruction d’immeubles à Jenin en Cisjordanie par l’armée israélienne.
- Les États-Unis tentent d’éviter une escalade et poussent pour une désescalade via la France et l’ONU.
Le président Joseph Aoun suit de près la situation et aurait dépêché des émissaires pour dialoguer avec les puissances occidentales afin de calmer les tensions. Selon Al Sharq (03/02/2025), Beyrouth veut éviter une confrontation ouverte qui affaiblirait davantage le pays.
Politique internationale : Un Moyen-Orient en pleine reconfiguration géopolitique
Le paysage politique international est en mutation, marqué par l’intensification des tensions entre Israël et la Palestine, le rapprochement entre la Syrie et l’Arabie saoudite ainsi que l’impact croissant de la politique étrangère américaine sur la région. En parallèle, des enjeux stratégiques majeurs se dessinent autour de la guerre commerciale initiée par Donald Trump et des nouvelles restructurations des alliances au sein du Golfe et du Proche-Orient.
Israël-Palestine : un cessez-le-feu fragile et des tensions en Cisjordanie
La situation en Palestine reste extrêmement volatile. Malgré la trêve négociée sous l’égide du Qatar et de l’Égypte, Al Quds (03/02/2025) rapporte que l’armée israélienne a intensifié ses frappes en Cisjordanie, notamment à Jénine, où plusieurs immeubles ont été détruits lors d’un raid récent. Selon Al Sharq Al Awsat (03/02/2025), le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est attendu à Washington pour une rencontre avec l’administration américaine afin d’évoquer la situation à Gaza et les négociations indirectes avec le Hamas. Toutefois, Netanyahou peine à imposer une ligne diplomatique stable face aux contestations internes en Israël et aux divergences avec son propre cabinet de guerre.
D’après Al Joumhouriyat (03/02/2025), les discussions entre le Qatar et Israël pour une deuxième phase de libération des prisonniers et un éventuel allègement du blocus de Gaza ont été retardées en raison de la méfiance israélienne vis-à-vis du Hamas. Pendant ce temps, Al Diyar (03/02/2025) souligne l’isolement croissant de Tel-Aviv sur la scène internationale, plusieurs capitales européennes appelant à sanctionner Israël pour ses violations présumées du droit international.
L’Arabie saoudite et la Syrie : vers une normalisation complète ?
L’événement diplomatique majeur du mois est la visite officielle du président syrien intérimaire Ahmed Al-Shar’ en Arabie saoudite, une première depuis plus de dix ans. Selon Al Sharq (03/02/2025), cette visite marque une volonté de Riyad de réintégrer la Syrie dans le jeu régional, après des années d’isolement imposé par la guerre civile.
Les objectifs de cette rencontre sont multiples : obtenir un engagement syrien sur un processus politique de stabilisation, freiner l’influence iranienne en Syrie en renforçant les relations avec les pays du Golfe et favoriser une reconstruction économique soutenue par des fonds saoudiens et émiratis.
Toutefois, Al Bina’ (03/02/2025) met en avant les réticences de plusieurs acteurs régionaux, notamment les Émirats arabes unis, qui considèrent que la Syrie reste trop proche de Téhéran. De plus, la Turquie surveille de près cette normalisation, craignant qu’elle ne renforce la légitimité du régime syrien et complique sa propre politique au nord de la Syrie.
Guerre commerciale : Donald Trump relance l’affrontement économique avec la Chine et l’Europe
Sur le front économique, la politique étrangère des États-Unis connaît un tournant avec l’annonce d’une nouvelle série de taxes douanières imposées par Donald Trump, visant la Chine, le Canada et l’Union européenne.
Selon Al Sharq Al Awsat (03/02/2025), Trump a justifié ces mesures comme un moyen de « ramener l’âge d’or de l’Amérique », mais les économistes préviennent d’une réaction brutale des partenaires commerciaux. L’Union européenne pourrait riposter avec des sanctions ciblées contre les entreprises américaines, tandis que Pékin réfléchit à des restrictions sur les exportations de terres rares, essentielles à l’industrie technologique américaine.
Les marchés financiers ont réagi négativement à cette annonce, Al Diyar (03/02/2025) signalant une baisse de 3 % des indices boursiers à New York et une chute des actions des grandes multinationales américaines.
Vers une recomposition des alliances stratégiques au Moyen-Orient ?
Le rapprochement entre plusieurs puissances régionales modifie les équilibres stratégiques. D’après Al Quds(03/02/2025), la Russie et la Chine renforcent leur présence au Moyen-Orient, profitant du désengagement progressif des États-Unis.
Trois dynamiques majeures sont à surveiller : l’axe Moscou-Téhéran-Pékin, qui s’affirme comme un contrepoids au bloc occidental dans la région, le repositionnement de l’Arabie saoudite, qui multiplie les accords stratégiques avec la Chine et la Russie tout en maintenant ses liens avec Washington, et la Turquie, qui oscille entre ses intérêts régionaux en Syrie et ses ambitions sur la scène internationale, notamment en Méditerranée orientale.
Selon Al Bina’ (03/02/2025), la situation au Moyen-Orient reste extrêmement fluide, et la priorité des grandes puissances est d’éviter une déstabilisation régionale majeure dans un contexte de tensions économiques et militaires croissantes.
Économie : Un Liban en crise entre restructuration bancaire, fermetures d’entreprises et instabilité des indicateurs économiques
Le Liban traverse une crise économique profonde, marquée par une récession persistante, une inflation incontrôlée et un système bancaire en pleine restructuration. Alors que le pays tente de finaliser un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour relancer son économie, les dernières données économiques montrent une situation alarmante : faillites d’entreprises, effondrement du pouvoir d’achat et instabilité des secteurs stratégiques.
Un classement inquiétant pour le Liban : dégradation de la compétitivité et chute des investissements étrangers
Selon le dernier rapport de la Banque mondiale cité par Al Joumhouriyat (03/02/2025), le Liban se classe désormais parmi les pays les plus à risque économiquement dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). L’indice de compétitivité du pays a chuté de 12 places, se classant désormais au 138ᵉ rang mondial sur 190 pays.
Plusieurs facteurs expliquent cette dégradation :
- L’absence de réformes économiques structurelles.
- La méfiance des investisseurs étrangers, qui hésitent à placer des capitaux dans un pays en crise monétaire.
- Une inflation galopante qui réduit la consommation intérieure et freine la croissance.
D’après Al Diyar (03/02/2025), les investissements étrangers au Liban ont chuté de 40 % en 2024, atteignant leur plus bas niveau depuis 1990. Le secteur du tourisme, autrefois pilier de l’économie libanaise, enregistre une baisse de 35 % des revenus, ce qui aggrave les difficultés du marché de l’emploi.
Banques libanaises : une restructuration douloureuse et une perte de confiance des déposants
Le secteur bancaire libanais, autrefois l’un des plus robustes de la région, est en pleine mutation forcée. Al Akhbar(03/02/2025) rapporte que plusieurs banques majeures sont sous surveillance de la Banque du Liban, avec un risque de fermeture pour certaines d’entre elles.
Les principales mesures prévues dans le cadre de la restructuration du secteur bancaire incluent :
- La fermeture de 15 % des agences bancaires pour réduire les coûts.
- Un plafonnement des retraits pour limiter l’érosion des réserves en dollars.
- Une recapitalisation des établissements bancaires avec des obligations émises par la Banque du Liban.
Le principal problème reste la confiance des déposants. Selon Al Nahar (03/02/2025), près de 75 % des Libanais refusent désormais de déposer leurs économies en banque, préférant garder leur argent en liquide ou le transférer à l’étranger.
Fermetures d’entreprises : une hécatombe dans le secteur privé
La crise économique frappe de plein fouet les entreprises libanaises. Selon la Chambre de Commerce de Beyrouth citée par Al Bina’ (03/02/2025), près de 2 000 entreprises ont fermé leurs portes en 2024, entraînant une perte massive d’emplois et une montée du chômage qui atteint 36 % de la population active.
Les secteurs les plus touchés sont :
- Le commerce de détail, avec une baisse de 50 % du chiffre d’affaires moyen des magasins.
- L’industrie agroalimentaire, en raison des difficultés d’importation des matières premières.
- Les start-ups et PME, qui ne trouvent plus de financements bancaires ou d’investisseurs privés.
Selon Al Sharq (03/02/2025), plusieurs grandes enseignes internationales ont annoncé la fermeture définitive de leurs succursales au Liban, notamment dans le secteur du luxe et de la grande distribution.
Les indicateurs économiques sous tension : inflation record et dette incontrôlable
D’après Al Quds (03/02/2025), le taux d’inflation au Liban a atteint 142 % en janvier 2025, une des hausses les plus élevées du monde. Cette flambée des prix est due à plusieurs facteurs :
- La dépréciation continue de la livre libanaise, qui s’échange désormais à 98 000 livres pour un dollar sur le marché noir.
- L’augmentation des prix des denrées alimentaires de 180 % en un an.
- Une explosion des prix du carburant et de l’électricité, rendant le coût de la vie insoutenable.
En parallèle, la dette publique libanaise continue de croître, atteignant plus de 102 milliards de dollars, soit 192 % du PIB national. Selon Al Diyar (03/02/2025), le Liban n’a toujours pas trouvé de solution viable pour restructurer cette dette, et le gouvernement de Nawaf Salam devra impérativement prendre des décisions pour éviter un effondrement total de l’économie.
Justice : Meurtres, affaires judiciaires et corruption sous tension au Liban
La justice libanaise est confrontée à une recrudescence des crimes violents ainsi qu’à des affaires judiciaires de grande ampleur, notamment liées à des scandales de corruption et à la restructuration des entreprises en faillite. Ces derniers jours, plusieurs meurtres ont secoué l’opinion publique, notamment l’assassinat d’un dignitaire religieux et d’un jeune homme à Faraya.
L’assassinat de l’archimandrite arménien : un crime à dimension politique ?
L’affaire qui a le plus marqué les médias libanais ces derniers jours est l’assassinat de l’archimandrite Anania Koghanian, haut dignitaire de l’Église arménienne orthodoxe, retrouvé mort chez lui dans la région de Bsalim, au Metn. Selon Al Nahar (03/02/2025), le religieux aurait été tué lors d’un cambriolage qui a mal tourné, le principal suspect étant un ouvrier syrien ayant travaillé dans son domicile.
Cependant, certaines sources judiciaires citées par Al Sharq (03/02/2025) évoquent une possible implication d’acteurs politiques, en raison de la stature de Koghanian au sein de la communauté arménienne. Sa disparition a provoqué une grande vague d’émotion, notamment à Zahlé et Anjar, où il jouait un rôle clé dans l’administration religieuse de sa communauté.
Un jeune homme tué à Faraya après une dispute
Une autre affaire criminelle a choqué le pays : le meurtre du jeune Khalil Khalil, né en 2005, dans la station de montagne de Faraya. Selon Al Nahar (03/02/2025), l’auteur du crime, Jonathan Chmaoun, l’a volontairement percuté avec sa voiture après une altercation sur un droit de passage. L’enquête a révélé que Chmaoun et son complice, Romario Salim, avaient poursuivi la victime jusqu’à son hôtel avant de l’écraser intentionnellement.
Les autorités judiciaires ont ordonné l’arrestation immédiate des suspects, et l’affaire est désormais entre les mains du parquet général. Selon Al Akhbar (03/02/2025), la recrudescence des violences urbaines inquiète les forces de sécurité, qui peinent à contrôler l’augmentation des crimes violents malgré une baisse statistique des homicides ces dernières années.
Affaire de corruption : liquidation d’Inprotrade International
Sur le plan judiciaire, une autre affaire retient l’attention : la liquidation forcée de l’entreprise Inprotrade International, une société commerciale en faillite impliquée dans des pratiques financières douteuses. Selon Al Nahar(03/02/2025), le tribunal de commerce de Beyrouth a ordonné sa dissolution, désignant un liquidateur judiciaire pour superviser la redistribution des actifs.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une série de mesures judiciaires visant à lutter contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent, dans un contexte où plusieurs entreprises libanaises sont sous enquête pour fraude financière.
Le verdict controversé sur l’assassinat de Lokman Slim
L’affaire Lokman Slim, l’intellectuel et activiste assassiné en 2021, a refait surface après la publication du verdict de la justice libanaise. Selon Al Liwa’ (03/02/2025), les juges ont conclu à « l’absence d’éléments suffisants » pour identifier les auteurs du crime, classant l’affaire contre inconnu.
Cette décision a suscité une vive polémique, notamment parmi les défenseurs des droits de l’homme et la communauté internationale, qui estiment que l’assassinat de Lokman Slim était politiquement motivé. Al Nahar (03/02/2025) rappelle que plusieurs personnalités assassinées au Liban, comme Samir Kassir, Gebran Tueni et Pierre Gemayel, n’ont jamais obtenu justice en raison d’obstructions politiques.
Les enjeux de la réforme judiciaire et des nouvelles nominations
Face à cette accumulation de crises judiciaires, le gouvernement de Nawaf Salam envisage une réforme du système judiciaire pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions. Selon Al Sharq Al Awsat (03/02/2025), plusieurs magistrats sont sous enquête pour des soupçons de collusion avec des hommes politiques, ce qui compromet la transparence des décisions judiciaires.
En parallèle, Al Quds (03/02/2025) rapporte que le gouvernement souhaite mettre en place une autorité indépendante de surveillance de la magistrature, mais cette initiative se heurte à de nombreuses résistances internes.
Société : Précarité, inégalités et tensions sociales en hausse au Liban
Le Liban fait face à une montée des tensions sociales exacerbée par la crise économique, la précarité grandissante et les inégalités croissantes. Plusieurs sujets sont au cœur des préoccupations : la pauvreté extrême, la situation des réfugiés syriens, la marginalisation des minorités et la dégradation des conditions de vie des travailleurs libanais.
Un taux de pauvreté alarmant et une explosion des inégalités
Selon Al Liwa’ (03/02/2025), la crise économique qui frappe le Liban depuis 2019 a plongé près de 80 % de la population dans la pauvreté. Le taux de chômage dépasse désormais 36 %, et la classe moyenne a pratiquement disparu. La précarité s’étend à toutes les catégories sociales, y compris celles qui étaient autrefois protégées, comme les fonctionnaires et les enseignants.
La montée des inégalités est visible dans l’écart entre les revenus de l’élite politique et ceux de la population. Tandis que certaines familles proches du pouvoir maintiennent un train de vie luxueux, de nombreux Libanais peinent à se nourrir. Al Akhbar (03/02/2025) signale que le coût des denrées alimentaires a été multiplié par cinq en deux ans, rendant l’accès à une alimentation de base de plus en plus difficile.
La situation critique des réfugiés syriens : rejet croissant et conditions de vie précaires
Le Liban accueille près de 1,5 million de réfugiés syriens, mais leur présence est de plus en plus contestée. Selon Al Diyar (03/02/2025), les tensions entre réfugiés syriens et Libanais se sont aggravées, notamment en raison de la concurrence pour les emplois et les aides sociales.
Les conditions de vie dans les camps de réfugiés sont dramatiques :
- Manque d’accès aux soins médicaux en raison de la faillite du système de santé libanais.
- Réductions des aides du HCR, qui ne peuvent plus couvrir les besoins de base des réfugiés.
- Violences et discriminations croissantes à l’encontre des Syriens, notamment dans les zones rurales.
Plusieurs municipalités libanaises ont imposé des couvre-feux et des restrictions de déplacement aux réfugiés, une mesure dénoncée par les ONG locales. Selon Al Joumhouriyat (03/02/2025), certains politiciens libanais demandent un plan de retour massif des réfugiés en Syrie, malgré les dangers que cela représente.
Les minorités de plus en plus marginalisées
La crise économique affecte particulièrement les minorités ethniques et religieuses. Al Quds (03/02/2025) rapporte que les communautés kurdes et palestiniennes souffrent d’une exclusion sociale et d’un manque d’accès à l’emploi.
Les travailleurs migrants sont également touchés par une explosion du travail au noir et une exploitation accrue. Plusieurs affaires récentes impliquent des employeurs refusant de payer leurs salariés étrangers, principalement des travailleuses domestiques originaires d’Éthiopie et des Philippines.
Les droits de l’homme en recul : torture et répression des manifestations
Selon Al Bina’ (03/02/2025), les violations des droits de l’homme se sont multipliées ces derniers mois. Plusieurs rapports dénoncent :
- L’usage excessif de la force par les forces de sécurité contre les manifestants, notamment lors des récentes protestations contre l’inflation.
- La torture en détention, documentée par plusieurs organisations internationales.
- La censure croissante contre les journalistes et activistes dénonçant la corruption.
L’État libanais est critiqué pour son manque de transparence et d’engagement en faveur des libertés individuelles, alors que la répression s’intensifie contre les opposants au gouvernement.
Culture : Festivals, cinéma et concerts rythment la scène artistique libanaise
Malgré la crise économique qui frappe le pays, la scène culturelle libanaise reste dynamique. Plusieurs événements majeurs ont marqué ce début d’année, notamment dans le domaine du cinéma, de la musique et des arts visuels.
Mille secrets, mille dangers : Georges Khabbaz brille sur la scène cinématographique
L’acteur et réalisateur Georges Khabbaz continue d’imposer son empreinte dans le monde du cinéma. Après son succès au Festival du Caire, il est désormais à l’affiche du film « Mille secrets, mille dangers », une production canadienne réalisée par Philippe Falardeau, cinéaste nommé aux Oscars. Selon Al Nahar (03/02/2025), le film traite des difficultés de l’intégration des migrants et de leur quête d’identité en exil.
Par ailleurs, Khabbaz a également été choisi pour superviser la mise en scène d’un concert nationaliste intitulé « Liban en chanson », prévu dans le cadre du Festival du Busta. L’événement mettra en avant les chants patriotiques libanais interprétés par une orchestre dirigée par le maestro Liban Baalbaki, avec la participation de la chorale de l’Université Notre-Dame et de la chanteuse Soumaya Baalbaki.
Exposition « Currency of Decay » : l’effondrement économique vu par l’art
L’artiste contemporaine Christine Kattana explore l’impact de la crise financière libanaise à travers son exposition « Currency of Decay », présentée à la galerie Janine Rubeiz à Beyrouth. Selon Al Akhbar (03/02/2025), cette exposition propose des installations artistiques et des œuvres visuelles évoquant la dévaluation monétaire, la corruption et la disparition du patrimoine économique libanais.
« Otel Labriche » : le théâtre universitaire reprend vie
Une autre initiative culturelle majeure est la pièce « Otel Labriche », présentée à l’Université Notre-Dame de Louaizé. Cette pièce satirique, portée par un collectif d’étudiants, vise à revitaliser le théâtre universitaire au Liban. Selon Al Akhbar (03/02/2025), le spectacle met en lumière les difficultés de la jeunesse libanaise face aux crises successives, tout en adoptant un ton humoristique et engagé.
Concert de Chantal Bitar : hommage aux icônes de la musique arabe
La chanteuse Chantal Bitar donnera un concert exceptionnel le 6 février 2025 au Métro Al Madina à Beyrouth. Intitulé « Ghani Yalli », ce spectacle revisite les classiques de la chanson arabe, en rendant hommage à des icônes comme Fairouz, Sabah et Wadih El Safi. Selon Al Akhbar (03/02/2025), ce concert s’inscrit dans une volonté de préserver et transmettre l’héritage musical arabe aux nouvelles générations.