Syrie: Les « Meilleurs alliés de la coalition internationale contre Daech », exclus des pourparlers de Genève sur la Syrie

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Le Mic Mac occidental à propos des Kurdes de Syrie: Le côté tordu de la diplomatie occidentale.

Le Conseil Démocratique de Syrie a suspendu sa participation aux pourparlers de Genève en signe de protestation contre le veto mis à la présence d’un important membre de la coalition de l’opposition démocratique syrienne à ces négociations, Saleh Mouslem, président du Parti du peuple kurde.

En partenariat avec Al Madaniya – Sur injonction de la Turquie, soutenue par l’Arabie saoudite, Staffan Di Mistura, l’émissaire spécial de l’ONU sur la Syrie, n’a pas autorisé la présence du chef des combattants kurdes à la table des négociations.

Le chef de la délégation de l’opposition démocratique syrienne, non affiliée aux pétromonarchies, à la Turquie et à l’OTAN, Haytham Manna a dénoncé le «comportement troublant» de l’émissaire de l’ONU.

Enfin de texte le texte en arabe du communique de Haytham Manna, Chef de la délégation de l’opposition démocratique syrienne aux pourparlers de Genève sur la Syrie.

Réclamée par la Russie, alliée de Damas, la participation des combattants kurdes, qui luttent dans le nord de la Syrie contre Daech, était dénoncée par la Turquie qui menaçait de boycotter les négociations de Genève. Ce différend devrait être réglé le 11 février lors d’une rencontre à Munich en marge d’un sommet sur la sécurité entre les chefs de la diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov.

Selon des indiscrétions qui ont fuité dans la pesse, le compromis pourrait être le suivant: le chef des combattants kurdes Saleh Mouslem pourrait être accepté par ses détracteurs. En échange, la Russie consentirait à accepter Mohammed Allouche, le chef des négociateurs de l’opposition syrienne qui appartient à Jaych Al islam, l’Armée de l’islam, un groupe rebelle islamiste que Moscou considère comme terroriste.

Pour aller plus loin, voir à ce propos

Le récit du Canard Enchaîné

Le Canard Enchaîné, en date du 3 Février 2016, pointe les contradictions occidentale en faisant valoir «les Kurdes exclus des pourparlers de paix. Une exigence des Turcs et des Saoudiens la Turquie, mais leurs amis d’Al Qaida seront, eux, représentés à Genève.

«C’est le côté tordu de la diplomatie occidentale», poursuit l’hebdomadaire satirique français en énumérant les mauvaises manières faites aux Kurdes par les Occidentaux:

-Paris et Washington ont accepté de livrer des missiles anti-blindes (Tow américains et Milan français) et envoyé sur place quelques instructeurs pour le service après vente. Mais Obama et Hollande, qui ménagent toujours leurs faux amis au Proche Orient, ont toléré que la Turquie, membre de l’Otan, et la riche Arabie, cliente de nos marchands d’armes, exigent la mie à l’écart des Kurdes, pourtant considérés à Paris et Washington comme «les Meilleurs alliés de la coalition internationale contre Daech».

Autre preuve du «côté tordu», selon le Canard Enchaîné, de la diplomatie occidentale

«Un an plus tôt, les Kurdes avaient demandé une aide de la France pour espionner Daech et le ministère de la Défense y était favorable. Un système d’écoute de qualité pouvait leur être livré par la société française ERCOM. Mais début 2015, l’Élysée n’avait pas donné son aval. Hollande évitait d’énerver le président turc très hostile aux Kurdes d’où qu »ils viennent.

… «Explication possible: Erdogan veut pouvoir bombarder ses «concitoyens» Kurdes sans risquer de voir ses militaires placés sur écoute»,

…«En revanche à la table des négociations, le rôle de représentant officieux d’Al Nosra, la branche syrienne d’Al Qaida, sera dévolu à l’un de ses associés, Ahrar Al Cham», conclut l’auteur de cet article Claude Angeli

Jabhat An Nosra, rappelle-ton, est l’auteur de la prise d’otage des quatre journalistes français en Syrie, dont l’un des geôliers n’est autre que Hédi Nemmouche, et, via sa branche yéménite (AQPA), un des rouages de la tuerie de Charlie Hebdo (Janvier 2015). Au vu de ce bilan, Jabhat An Nosra, fait, selon l’expression mémorable de Laurent Fabius, en instance de dégagement, «du bon travail en Syrie».

Les forces pro wahhabites de l’opposition syrienne ne contrôlent que 11, 7 % du territoire syrien, alors que les forces de l’opposition démocratique syrienne en contrôlent une superficie supérieure, 14, 61 pour cent du territoire, selon un centre turc de sensibilité islamiste: Le Centre Omrane, un institut de sensibilité proche des Frères Musulmans.

Pour aller plus loin sur ce sujet

La perspective d’une possible relance du processus visant à une transition politique du pouvoir en Syrie, matérialisée par la conférence de Vienne 1 et Vienne 2 avec pour la première fois la participation de l’Iran, a déclenché une vague d’assassinats dans les rangs djihadistes dans une tentative de mise au pas des récalcitrants et son adaptation au nouveau momentum diplomatique régional et international, avec leur inhérente réplique djihadiste.

La Turquie a procédé à la liquidation physique de trois dirigeantes kurdes, notamment Siva Demir, coprésidente du Conseil du Peuple de Slopy et Fatma Wayar, activiste du Congrès des Femmes kurdes, dans la foulée de la constitution du «Conseil Démocratique de Syrie», le 13 Décembre 2015 et un dirigeants de Jabhat An Nosra, Jamil Raadoune, chef du «groupement des faucons de la forêt», a été assassiné à Antioche (sud de la Turquie).

Huit dirigeants de Jabhat An Nosra ont également été assassinés, dont Jamil Raadoune, chef du «groupement des faucons de la forêt», à Antioche (sud de la Turquie) et Ibrahim Said, officier dissident, membre de la Haute Cour relevant du Conseil des Oulémas de Homs, responsable législatif de la brigade 313.

Selon «l’office de recensement des martyrs du département de Déra’a», 105 opérations homicides visant 861 membres des groupements islamistes se sont produites au cours du dernier trimestre 2015 dans cette zone frontalière syro-jordanienne, point de passage des djihadistes vers la Turquie et l’Arabie saoudite, via la Jordanie.

ReneNaba
René Naba | Journaliste, Ecrivain, En partenariat avec https;//www.Madaniya.info Français d’origine libanaise, jouissant d’une double culture franco arabe, natif d’Afrique, juriste de formation et journaliste de profession ayant opéré pendant 40 ans au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe, l’auteur dont l’expérience internationale s’articule sur trois continents (Afrique Europe Asie) a été la première personne d’origine arabe à exercer, bien avant la diversité, des responsabilités journalistiques sur le Monde arabo-musulman au sein d’une grande entreprise de presse française de dimension mondiale.

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