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1975-2025 : 50 ans après la guerre civile libanaise, où en est le Liban ?

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Le 13 avril 1975, un bus transportant des Palestiniens est attaqué à Beyrouth par des miliciens phalangistes, déclenchant une guerre civile qui, jusqu’en 1990, déchire le Liban. Ce conflit, coûtant entre 150 000 et 250 000 vies et poussant près d’un million de personnes à l’exil, marque un tournant tragique. Cinquante ans plus tard, en avril 2025, les cicatrices demeurent visibles. Crises économiques, tensions communautaires et influences étrangères continuent de peser. À l’occasion de cet anniversaire, les évolutions, les efforts de reconstruction et les défis persistants révèlent un pays toujours en quête de stabilité.

Un conflit aux racines profondes

La guerre civile éclate le 13 avril 1975 dans le quartier d’Aïn el-Remmaneh à Beyrouth. L’attaque d’un bus palestinien par des phalangistes chrétiens, tuant 27 passagers, déclenche des représailles immédiates des factions musulmanes. Cet incident cristallise des tensions latentes, ancrées dans un système confessionnel déséquilibré et une crise régionale.

Le Pacte national de 1943 attribue la présidence aux maronites, le poste de Premier ministre aux sunnites et celui de président de l’Assemblée aux chiites, avec une répartition parlementaire de 6 sièges chrétiens pour 5 musulmans. En 1975, les musulmans, dont la population croît, revendiquent une égalité refusée par les élites chrétiennes. L’arrivée de 300 000 réfugiés palestiniens après 1948, renforcée par l’expulsion de l’OLP de Jordanie en 1970, exacerbe les frictions. L’OLP, forte de 15 000 combattants en 1975 selon l’ONU, lance des raids contre Israël depuis le sud, provoquant des représailles.

Les puissances étrangères entrent en jeu. La Syrie déploie 40 000 soldats en 1976, initialement pour soutenir les chrétiens, avant de basculer vers les musulmans en 1978, selon des archives militaires déclassifiées en 2020. Israël envahit le sud en 1978, puis occupe Beyrouth en 1982, chassant l’OLP après un siège de trois mois qui tue 6 000 civils, d’après le Croissant-Rouge. Les massacres de Sabra et Chatila, où 800 à 3 000 Palestiniens périssent sous les coups de milices chrétiennes les 16-18 septembre 1982, sous supervision israélienne, marquent un pic d’horreur, selon un rapport de l’ONU de 1983.

Les chiffres d’une tragédie

Le bilan humain varie selon les sources. Le ministère libanais de l’Intérieur estime en 1991 entre 150 000 et 250 000 morts, une fourchette confirmée en mars 2025 par une commission historique. Environ 17 000 personnes disparaissent, leurs proches organisant encore des sit-ins hebdomadaires devant le Parlement en avril 2025, rapporte l’ONG Act for the Disappeared.

L’exode touche 900 000 Libanais entre 1975 et 1990, selon l’UNHCR. Les destinations incluent la France (150 000), les États-Unis (200 000) et le Canada (100 000), d’après des registres migratoires. En 2025, la diaspora atteint 4 millions, contre 6 millions au Liban, selon le ministère des Affaires étrangères. Beyrouth, joyau économique avant 1975 avec 1,5 million d’habitants, perd 30 % de sa population pendant le conflit, selon un recensement municipal de 1992.

L’économie s’effondre. Le PIB par habitant chute de 3 000 dollars en 1974 à 800 dollars en 1990, selon la Banque mondiale. Les infrastructures subissent des dégâts massifs : 60 % des routes, 70 % des écoles et 50 % des hôpitaux sont détruits, estime un rapport de l’ONU en 1991. Le port de Beyrouth, qui traite 80 % du commerce en 1974, voit son activité réduite de 90 % en 1985, selon des archives portuaires.

L’accord de Taëf : une paix fragile

L’accord de Taëf, signé le 22 octobre 1989 en Arabie saoudite, met fin aux hostilités. Négocié sous la pression de Damas et Riyad, il rééquilibre le pouvoir : le Parlement passe à 128 sièges, répartis à parts égales entre chrétiens et musulmans (64-64). Le président maronite cède des prérogatives au Premier ministre sunnite, tandis que le président chiite de l’Assemblée gagne en influence.

Le 13 octobre 1990, les forces syriennes délogent le général Michel Aoun de Baabda après un assaut tuant 700 soldats, selon des archives militaires libanaises. Une loi d’amnistie en 1991 absout la plupart des crimes, sauf les assassinats de figures comme Bachir Gemayel, tué en 1982. En mars 2025, un rapport du ministère de la Justice indique que seuls 15 procès ont abouti depuis.

La paix reste précaire. Le Hezbollah, exclu du désarmement des milices, s’impose avec 20 000 combattants en 1990, selon un rapport de l’armée libanaise. En 2025, il en compte 50 000, d’après le ministère de la Défense, soutenu par l’Iran avec 200 millions de dollars annuels, estime le Trésor américain en avril 2025. Les tensions communautaires resurgissent lors des crises de 2019 et 2024.

La reconstruction : un élan inachevé

Après 1990, Rafic Hariri lance la reconstruction. Le projet Solidere, créé en 1994, rebâtit le centre de Beyrouth : 1,8 million de mètres carrés sont restaurés d’ici 2000, selon la municipalité. Les immeubles modernes remplacent les ruines, et le tourisme reprend : 2 millions de visiteurs affluent en 2009, générant 4 milliards de dollars, rapporte le ministère du Tourisme.

Ce renouveau a un coût. La dette publique grimpe à 32 milliards de dollars en 2005, soit 150 % du PIB, selon la Banque mondiale. Les inégalités s’accroissent : en 2010, 10 % des Libanais détiennent 55 % des richesses, d’après une étude de l’Université Saint-Joseph. La corruption prospère : en 2025, Transparency International classe le Liban 154e sur 180 pays.

La crise économique frappe dès 2019. Les banques gèlent 100 milliards de dollars de dépôts, selon la Banque centrale en mars 2025. L’explosion du port le 4 août 2020 tue 218 personnes, détruisant 15 000 bâtiments pour un coût de 8 milliards de dollars, estime la Banque mondiale en avril 2025. En 2025, le PIB par habitant stagne à 2 500 dollars, contre 7 000 en 2010.

Les cicatrices communautaires en 2025

Les divisions confessionnelles persistent. En mars 2025, un sondage de l’Institut Issam Fares montre que 65 % des Libanais se méfient des autres communautés. Les chiites, via le Hezbollah, contrôlent le sud et la Bekaa, avec 1,2 million d’habitants selon un recensement officieux de 2024. Les sunnites, affaiblis par le retrait de Saad Hariri en 2022, perdent en influence à Tripoli et Saïda.

Les chrétiens se divisent. Les Forces libanaises, dirigées par Samir Geagea, dominent le Mont-Liban avec 300 000 partisans en 2025, selon leurs estimations. Le Courant patriotique libre, lié au Hezbollah, conserve un fief à Jbeil et Batroun, avec 200 000 soutiens, d’après des chiffres internes. En avril 2025, une manifestation chrétienne à Achrafieh contre le Hezbollah réunit 5 000 personnes, selon la police.

Les réfugiés syriens, 1,5 million en 2025 selon l’UNHCR, ravivent les tensions. À Tripoli, des affrontements le 3 avril 2025 entre locaux et réfugiés font 5 morts et 20 blessés, rapporte le ministère de l’Intérieur. Ces incidents rappellent la crise palestinienne de 1975.

Les efforts pour panser les plaies

La mémoire reste vive. En avril 2025, l’exposition « 50 ans après » à Beyrouth attire 20 000 visiteurs en une semaine, présentant 500 photos et 200 objets d’époque, selon les organisateurs. L’ONG UMAM archive 10 000 témoignages en ligne depuis mars 2025, accessibles sur son portail.

Les disparus obsèdent. Act for the Disappeared recense 17 000 cas en avril 2025. Une commission créée en 2023 identifie 200 corps en deux ans, mais manque de 5 millions de dollars pour poursuivre, selon son rapport de mars 2025. Des fouilles à Yarzeh en avril 2025 découvrent 15 squelettes, sans avancée sur leur identité.

L’éducation tente d’unir. En 2025, 60 % des écoles adoptent un manuel d’histoire commun, décrivant la guerre en 50 pages, imposé en 2024 par le ministère de l’Éducation. Les partis chiites et chrétiens protestent, craignant une révision biaisée, note un rapport de l’UNESCO en mars 2025.

Une société face à son passé

La culture reflète ces blessures.

Les jeunes s’expriment. Un sondage de l’Université américaine de Beyrouth en mars 2025 révèle que 70 % des 18-30 ans veulent comprendre la guerre, mais 40 % rejettent le confessionnalisme. Le 5 avril 2025, une manifestation à Beyrouth réunit 10 000 personnes réclamant une Constitution laïque, selon la police.

L’économie freine tout progrès. En avril 2025, l’inflation atteint 150 %, selon la Banque centrale. Les coupures d’électricité durent 20 heures par jour, note Électricité du Liban, tandis que le chômage touche 35 % des jeunes, d’après le ministère du Travail en mars 2025.

Un Liban à la croisée des chemins

Le cessez-le-feu avec Israël, signé le 27 novembre 2024, offre un répit. Pourtant, 1,2 million de déplacés peinent à rentrer, selon l’ONU en mars 2025. Les négociations avec le FMI, relancées en avril 2025, promettent 5 milliards de dollars, mais exigent des réformes fiscales rejetées par 60 % des Libanais, selon un sondage IFPO.

Les ingérences étrangères persistent. En mars 2025, l’Iran livre 50 tonnes d’aide militaire au Hezbollah, selon le Trésor américain, tandis que les États-Unis renforcent leur soutien à l’armée libanaise avec 250 millions de dollars, note le Pentagone. Ces rivalités rappellent les dynamiques de 1975.

Un tableau illustre l’évolution :

Indicateur19752025Source
Population Beyrouth1,5 million2 millionsMunicipalité 2025
PIB par habitant3 000 $2 500 $Banque mondiale
Dette publique0 $90 milliards $Ministère Finances

Cinquante ans après, le Liban commémore une guerre qui a façonné son présent. Entre résilience et défis, son avenir reste suspendu à des réformes et à une paix durable, dans un contexte régional toujours instable.

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