dimanche, avril 27, 2025

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Affaires bancaires et soupçons d’évasion de fonds : le retour d’un dossier explosif

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Une affaire qui resurgit dans l’espace public

Un dossier sensible refait surface dans l’espace public et juridique libanais, ravivant les tensions autour des pratiques bancaires qui ont marqué les débuts de la crise financière entamée en 2019. Dans sa rubrique « Secrets », le quotidien Nahar met en lumière des transferts suspects de fonds, orchestrés selon lui par certains responsables de banques libanaises au détriment des épargnants. Ces révélations s’appuient sur des informations émanant de cercles juridiques qui appellent à la réouverture de dossiers impliquant des institutions bancaires et leurs propriétaires. L’objectif : faire la lumière sur des opérations qui auraient permis la fuite d’actifs majeurs alors que le pays sombrait dans une crise économique sans précédent. Ce regain d’intérêt intervient dans un climat où la défiance envers le système bancaire et les autorités monétaires atteint des sommets, alimentée par des années de silence et d’inaction.

Des structures écrans à Chypre et en Europe

Les informations avancées pointent du doigt la création de structures financières écrans, établies dans des juridictions à fiscalité avantageuse ou à réglementation laxiste, notamment à Chypre et dans plusieurs pays européens. Ces entités auraient servi de véhicules pour transférer une part significative des dépôts des clients libanais vers des comptes offshore. Les montages décrits impliqueraient des sociétés fictives, des prête-noms et des fonds d’investissement privés, formant un réseau complexe destiné à dissimuler l’origine et la destination des fonds. Ces pratiques, si elles sont confirmées, auraient permis à certains responsables bancaires de contourner les restrictions imposées aux épargnants, dont les comptes ont été gelés par des mesures informelles de contrôle des capitaux dès les premiers signes de la crise. Nahar souligne que ces opérations auraient eu lieu dans les phases initiales de l’effondrement financier, lorsque la panique s’emparait du secteur.

De nouveaux éléments pour relancer les enquêtes

Selon le journal, un groupe d’avocats et de magistrats à la retraite travaille activement à rassembler de nouveaux éléments pour relancer des dossiers jusque-là classés sans suite ou laissés en suspens depuis 2021. Ces initiatives visent à documenter les agissements présumés de plusieurs établissements bancaires bien connus, ainsi que de figures influentes du secteur. Bien que Nahar ne cite pas de noms spécifiques à ce stade, il indique que les investigations en cours pourraient mettre en cause des opérations de blanchiment présumé, réalisées via des circuits transnationaux reliant le Liban à des places financières comme la Suisse, le Luxembourg, Chypre et Malte. Ces pays, souvent associés à des régimes fiscaux souples, auraient servi de plaques tournantes pour des transferts qui échappent encore à une traçabilité complète, ravivant les soupçons sur l’ampleur des fuites de capitaux orchestrées pendant la crise.

Un climat de défiance envers les autorités

Ces révélations s’inscrivent dans un contexte où les demandes de transparence sur les responsabilités de la crise bancaire se font de plus en plus pressantes au sein de la société civile. Le silence prolongé des autorités monétaires et judiciaires, combiné à l’absence de poursuites concrètes contre les institutions ou individus mis en cause, alimente une méfiance croissante envers les mécanismes de contrôle. Les épargnants, dont les dépôts restent inaccessibles depuis des années, dénoncent une impunité qui semble protéger les responsables de ces pratiques. Cette frustration est d’autant plus vive que les enquêtes ouvertes dans le passé n’ont abouti à aucune sanction significative, laissant planer le doute sur la volonté réelle des institutions publiques de faire toute la lumière sur ces affaires.

Un impact potentiel sur la restructuration bancaire

Des économistes, cités par des sources proches du dossier, mettent en garde contre les conséquences possibles de cette remise en lumière. Ils estiment que la reprise des procédures judiciaires pourrait interférer avec les discussions en cours sur la restructuration du secteur bancaire, un chantier jugé essentiel pour stabiliser l’économie libanaise. Ces experts craignent que la révélation de telles pratiques ne ternisse davantage l’image du pays auprès des bailleurs internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI), avec lequel des négociations sont engagées. Une perception de non-conformité aux normes de gouvernance et de lutte contre la corruption pourrait compliquer l’obtention d’un soutien financier crucial, alors que le Liban dépend de ces fonds pour relancer son système bancaire et redonner un semblant de viabilité à ses institutions financières.

Les déposants en quête de justice

L’article fait également état d’une mobilisation croissante parmi les déposants, qui préparent des plaintes collectives avec le soutien d’associations locales et d’ONG spécialisées dans la lutte contre la corruption. Ces groupes exigent des investigations approfondies pour identifier les circuits financiers ayant permis le transfert de milliards de dollars hors du pays, alors que les citoyens étaient privés d’accès à leurs propres comptes. Cette revendication s’appuie sur un constat amer : pendant que les épargnants subissaient des restrictions draconiennes, des fonds conséquents auraient été exfiltrés via des mécanismes opaques. Les associations impliquées appellent à une transparence totale sur les bénéficiaires de ces opérations, ainsi qu’à des sanctions contre les responsables, qu’ils soient banquiers ou complices au sein des sphères politiques et économiques.

La levée du secret bancaire en question

Nahar rapporte que cette dynamique pourrait s’accélérer dans les semaines à venir, avec des échéances judiciaires liées à la loi sur la levée du secret bancaire. Adoptée sous la pression internationale, cette législation vise à faciliter l’accès aux informations financières dans les cas de corruption ou de détournement de fonds. Cependant, son application reste partielle, freinée par des résistances au sein du système bancaire et des cercles politiques. Cette loi, si elle était pleinement mise en œuvre, pourrait permettre de lever le voile sur les transactions suspectes évoquées dans le dossier, offrant aux enquêteurs des outils pour retracer les flux financiers vers Chypre, la Suisse, le Luxembourg et Malte. Les prochaines étapes de son application seront déterminantes pour évaluer la capacité du Liban à répondre aux attentes de transparence et de justice.

Des liens politiques dans le viseur

Enfin, le journal évoque des craintes parmi certaines personnalités politiques, qui redoutent que ces investigations ne mettent en lumière des connexions directes entre des responsables bancaires et des figures influentes du pouvoir exécutif et législatif, notamment celles en poste jusqu’en 2022. Ces liens, s’ils étaient établis, pourraient révéler une collusion entre le secteur financier et les élites politiques, amplifiant le scandale. Nahar laisse entendre que les enquêtes pourraient viser non seulement les banquiers impliqués dans les transferts suspects, mais aussi leurs soutiens au sein des institutions publiques, qui auraient fermé les yeux ou facilité ces opérations. Cette perspective ajoute une dimension politique explosive à un dossier déjà lourd de conséquences pour la crédibilité du système libanais.

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Newsdesk Libnanews
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