mardi, avril 29, 2025

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Arrestation à la frontière : l’armée libanaise intensifie sa lutte contre le trafic humain

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Le 9 avril 2025, l’armée libanaise frappe un coup dans sa lutte contre le trafic humain. Une unité militaire arrête un passeur, identifié par les initiales M.D., dans la localité de Rasm el-Hadath, près de Baalbeck. Avec lui, 17 Syriens tentaient de franchir illégalement la frontière nord-est à bord d’un van. Ce nouvel incident met en lumière les efforts soutenus des forces armées pour juguler les flux migratoires clandestins et le commerce illicite dans une région sous tension. Entre sécurité nationale, crise humanitaire et défis logistiques, l’opération illustre les enjeux complexes auxquels le Liban fait face.

Une opération ciblée à Rasm el-Hadath

L’intervention se déroule dans une zone reculée de la Bekaa, proche de la frontière syrienne. L’unité de l’armée, en patrouille dans la localité de Rasm el-Hadath, intercepte un van suspect. À l’intérieur, 17 ressortissants syriens, hommes, femmes et enfants, entassés dans des conditions précaires. Le conducteur, un citoyen libanais connu sous les initiales M.D., est immédiatement appréhendé. Les autorités saisissent le véhicule et ouvrent une enquête sous la supervision du parquet compétent.

Cet incident n’est pas isolé. Depuis le début de 2025, les arrestations pour tentative de passage illégal se multiplient le long des 375 kilomètres de frontière avec la Syrie. La région de Baalbeck-Hermel, avec ses reliefs accidentés et ses chemins détournés, reste un point chaud. Les forces armées, déployées en nombre accru depuis le cessez-le-feu de novembre 2024 avec Israël, intensifient leurs contrôles pour contrer ces flux.

Le modus operandi est classique. Les passeurs exploitent des véhicules utilitaires – vans, pick-ups – pour transporter leurs « clients » à travers des routes secondaires. Les tarifs, oscillant entre 500 et 1 000 dollars par personne, reflètent un commerce lucratif, alimenté par la désespérance des Syriens fuyant un pays en ruines après des années de guerre et d’instabilité post-Assad.

Contexte d’une frontière sous pression

La frontière nord-est du Liban reste une passoire malgré les efforts militaires. Depuis la chute du régime syrien en décembre 2024, les flux migratoires ont repris de plus belle. La fin des combats majeurs n’a pas stabilisé la Syrie : l’effondrement économique, les luttes factionnelles et l’absence d’un gouvernement central poussent des milliers de personnes à chercher refuge au Liban. En 2025, plus de 50 000 Syriens auraient tenté la traversée, selon les estimations officielles.

Le Liban, déjà saturé, ploie sous le poids de cette vague. Avec 1,5 million de réfugiés syriens enregistrés avant 2024 – soit un quart de sa population – le pays n’a plus les moyens d’absorber ces arrivées. Les 100 000 déplacés internes, fuyant les frappes israéliennes au sud depuis mars 2025, aggravent la situation. La Bekaa, région agricole clé, devient un point de convergence pour ces populations vulnérables.

Les tensions régionales compliquent l’équation. Les 50 raids israéliens sur le Sud-Liban depuis le début de l’année maintiennent une pression militaire constante. Le Hezbollah, affaibli mais actif, surveille lui aussi la frontière pour ses propres intérêts, créant un enchevêtrement de priorités sécuritaires. Dans ce chaos, l’armée libanaise tente de réaffirmer son autorité.

Une lutte contre le trafic humain

L’arrestation de Rasm el-Hadath s’inscrit dans une campagne plus large. Depuis janvier 2025, les forces armées ont multiplié les opérations contre le trafic humain et la contrebande. Plus de 200 passeurs ont été arrêtés, et des centaines de Syriens refoulés ou placés en détention temporaire. Ces efforts visent à sécuriser une frontière poreuse, où les chemins de contrebande – utilisés jadis pour les armes et le carburant – servent désormais aux migrations illégales.

Le rôle de l’armée est crucial. Avec 80 000 soldats, elle reste l’une des rares institutions à jouir d’une légitimité nationale. Pourtant, ses moyens sont limités : un budget amputé de 70 % depuis 2020 et des équipements vétustes freinent son efficacité. Les 200 millions de dollars promis par les États-Unis en mars 2025, via Morgan Ortagus, visent à renforcer ces capacités, mais leur déblocage tarde.

Les passeurs, eux, prospèrent. Organisés en réseaux, ils exploitent la misère et la corruption locale. À Rasm el-Hadath, M.D. n’est qu’un maillon d’une chaîne plus vaste, reliant des intermédiaires syriens à des complices libanais. Chaque arrestation révèle l’ampleur d’un trafic devenu une industrie dans un pays en crise.

Les défis logistiques et humanitaires

L’opération soulève des questions pratiques. Les 17 Syriens arrêtés – dont plusieurs mineurs, selon les premiers rapports – sont placés sous enquête. Leur sort reste incertain : refoulement vers la Syrie ou transfert vers des centres déjà surpeuplés ? Le Liban, signataire de la Convention de Genève, s’est engagé à ne pas expulser les réfugiés vers des zones dangereuses, mais la réalité contredit souvent ce principe.

Les infrastructures manquent. Les camps de la Bekaa, comme celui d’Arsal, débordent, avec des conditions sanitaires déplorables. L’aide humanitaire, bien que vitale, s’essouffle : les 500 millions d’euros promis par l’UE en avril 2025 peinent à couvrir les besoins. Les Syriens interceptés à la frontière deviennent un fardeau supplémentaire pour un pays au bord de l’asphyxie.

L’armée doit aussi jongler avec ses priorités. Contrôler la frontière nord-est détourne des ressources du sud, où les violations israéliennes du cessez-le-feu persistent. Cette dispersion fragilise une institution déjà sous pression, dans un contexte où chaque incident teste sa crédibilité.

Réactions et implications politiques

L’arrestation suscite des réactions contrastées. Joseph Aoun, président depuis janvier 2025, salue l’opération comme une preuve de la fermeté de l’État. Lors d’une allocution le 8 avril, il appelle à un soutien international pour sécuriser les frontières, soulignant leur rôle dans la stabilité nationale. Nawaf Salam, Premier ministre, promet des mesures pour démanteler les réseaux de passeurs, tout en plaidant pour une aide humanitaire accrue.

La population locale oscille entre méfiance et lassitude. À Baalbeck, les habitants dénoncent l’afflux de Syriens, accusés de peser sur une économie en ruines. Les tensions communautaires, latentes depuis 2011, ressurgissent, alimentées par une crise qui ne trouve pas de fin.

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Newsdesk Libnanews
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