a crowd gathered in a concert waving flags
Photo by Charbel Karam on Pexels.com

Le ministère des finances envisagerait une augmentation des salaires de la fonction publique, apprend-on ce matin, cela afin de mettre fin aux menaces de grève de plusieurs secteurs clés et notamment de ceux qui assurent le financement de l’état comme Ogero avec le début d’un mouvement social qui démarre ce vendredi 24 mars, services de la mécanique ou encore des cadastres.

Une nouvelle grille des salaires serait ainsi présentée, allant de 300 USD pour les fonctionnaires de première catégorie, 250 USD pour ceux de deuxième catégorie et jusqu’à 100 USD pour les fonctionnaires de 5ème catégorie, un salaire payé en livres libanaises au taux Sayrafa. Parallèlement, les indemnités de déplacement devraient également augmentés passant de 95 000 LL à 120 000 LL.

Parallèlement, les salaires de la fonction privée devraient également être revu avec un nouveau minimum de 87 000 LL par jour de travail. Les bourses scolaires devraient passer d’un million à 3 millions minimum jusqu’à 9 millions maximum pour les écoles publiques et de 2 millions à 6 millions au minimum et 16 millions au maximum pour les écoles privées.

Ces nouvelles propositions devraient être présentées au cours d’un conseil des ministres qui aura lieu ce lundi, avec – pour une fois devant l’urgence de la situation – la présence de l’ensemble des ministres y compris de ceux qui précédemment boycottaient cette instance.

Pour l’heure, demeure également l’interrogation de savoir comment ces mesures seront financées au lendemain de la publication d’un rapport de la délégation du FMI en charge de négocier avec le Liban. Celle-ci a fortement critiqué les mécanismes actuels de financement via notamment la Banque du Liban et la politique de la planche à billet responsable de l’inflation et de la détérioration parallèle du pouvoir d’achat qui a accompagné celle de la livre libanaise.

Il ne s’agit pas de la première fois que les autorités libanaises décident d’augmenter les salaires puisque cela a déjà eu lieu en novembre 2022 et que s’est alors posé la question du financement d’une telle mesure sans gains de compétitivité. On ne peut pas augmenter les salaires sans créer parallèlement de la richesse et le Liban est loin d’être dans un tel cas. Toute augmentation des salaires est donc détruite par l’augmentation parallèle des prix ou autrement dit l’inflation et les répercussions sur le taux de change de la livre libanaise face au dollar pour un pays qui a importé en 2022, 19 milliards de dollars de marchandise ou environ 3 milliards de dollars d’exportation seulement.

Pour rappel, la parité de la livre libanaise, depuis le passage du taux officiel de 1 507 LL/USD à 15 000 LL/USD est passée de 57 000 LL/USD à 88 000 LL/USD fin février (et même 140 000 LL/USD au moins de mars) avec un taux d’inflation officiel de près de 26% pour ce seul mois, un record, sur fond d’augmentation également du dollar douanier porté à 45 000 LL/USD.

Ces augmentations de salaries sont directement responsables de ces détériorations et nourrissent le cycle de la crise sociale et économique que nous traversons.

Il convient au contraire de mettre en place d’autres types de mesures au niveau de la politique économique comme:

  • la diminution du nombre de fonctionnaires qui sont 300 000 environ au Liban et plus de la moitié le sont pas clientélisme sans tâche et travail effectif, – il s’agit aussi de porter attention sur le nombre notamment de fonctionnaires qui ont été nommés avant les élections sans qualification, au nombre de 32 000 personnes identifiées en 2018 sans qu’aucune mesure n’ait été jusqu’à présent prise –
  • augmenter les recettes fiscales dans un pays ou la moitié de l’économie est devenue aujourd’hui parallèle, une mesure facile à mettre en oeuvre sans augmenter parallèlement les autres taxes
  • encourager les entreprises à investir avec cependant la problématique du financement et l’incapacité et l’absence de confiance vis-à-vis du système financier et cela peut se faire avec une réforme fiscale accordant des exemptions notamment pour les matières premières importées et dont le produit sera réexporté, ou d’autres types de mesures
  • réduire les marges des importateurs au stricte minimum en parlant d’importation notamment sur les produits de première nécessité.

D’autres types de mesures sont aussi nécessaires à ce niveau.

Parallèlement au niveau de la politique monétaire, on doit casser la planche à billet et laisser la livre libanaise flotter afin de conserver les liquidités nécessaires en cas d’urgence.

Si d’un côté le financement de l’état est assuré, que de l’autre côté la BdL ne pratique plus la politique d’impression massive de livres libanaises et que des mesures visant à limiter l’inflation sont mises en place mais que des mesures visant au contraire à encourager la croissance sont prises, le pouvoir d’achat et non les salaires augmentera par lui-même.

Newsdesk Libnanews
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

Un commentaire?