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Dans la presse: Blocage des nominations administratives sous Nawaf Salam

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Le gouvernement libanais dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam, formé en février 2025, fait face à une impasse significative dans la finalisation des nominations administratives, rapporte le quotidien Al Joumhouriyat en date du 17 mars 2025. Ce blocage, centré sur les postes stratégiques de la fonction publique, met en lumière les tensions persistantes entre les principaux acteurs politiques du pays, notamment le président du Parlement Nabih Berri et le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil. Une réunion du Conseil des ministres est annoncée pour tenter de résoudre ce différend, mais les rivalités partisanes menacent de compromettre les efforts de stabilisation d’un pays en crise.

Une formation récente, des défis immédiats

Nawaf Salam a été désigné Premier ministre le 13 janvier 2025 par le président Joseph Aoun, fraîchement élu le 9 janvier après plus de deux ans de vacance présidentielle. Le 8 février 2025, un décret présidentiel officialise la création d’un cabinet de 24 ministres, mettant fin à une période de gouvernance intérimaire sous Najib Mikati. Le gouvernement obtient un vote de confiance du Parlement le 26 février, soutenu par 95 des 128 députés, y compris les blocs du Hezbollah et d’Amal, malgré leur réticence initiale envers Salam. Lors de son discours d’investiture, Salam promet des réformes économiques, des négociations avec le FMI et une reconstruction post-conflit avec Israël, tout en insistant sur l’exclusivité de l’État dans les décisions de guerre et de paix.

Cependant, moins de deux mois après sa formation, ce gouvernement se trouve entravé par des désaccords sur les nominations administratives. Ces postes, qui incluent des directions générales et des rôles dans les institutions publiques, sont cruciaux pour la mise en œuvre des politiques promises par Salam. Selon Al Joumhouriyat, les partis politiques cherchent à y placer leurs alliés, perpétuant une pratique de clientélisme bien ancrée dans le système libanais.

Berri contre Bassil : une lutte de pouvoir

Les tensions se concentrent autour de Nabih Berri et Gebran Bassil, deux figures influentes aux agendas divergents. Berri, président du Parlement depuis 1992 et leader du mouvement Amal, représente un pilier de la communauté chiite, souvent aligné avec le Hezbollah. Bassil, chef du CPL depuis 2015 et gendre de l’ex-président Michel Aoun, est une voix dominante parmi les chrétiens maronites. Leur opposition sur « plusieurs dossiers sensibles », comme le note Al Joumhouriyat, reflète une lutte pour le contrôle des leviers administratifs dans un contexte de recomposition politique post-crise.

Berri, dont le mouvement a obtenu cinq ministères dans le cabinet Salam (en alliance avec le Hezbollah), chercherait à sécuriser des postes influents pour maintenir son emprise sur les institutions publiques. Bassil, affaibli depuis la fin du mandat d’Aoun en 2022 et l’érosion de l’influence du CPL, voit dans ces nominations une chance de regagner du terrain. Les deux hommes ont une longue histoire de rivalités, notamment sur la répartition des portefeuilles ministériels et des ressources publiques, un schéma qui se répète dans ce nouveau différend.

Une réunion décisive en vue

Pour sortir de cette paralysie, une réunion du Conseil des ministres est prévue dans les prochains jours, selon Al Joumhouriyat. Cette session sera un test crucial pour Nawaf Salam, qui doit concilier les intérêts divergents tout en avançant sur son programme de réformes. Lors de sa première réunion gouvernementale le 11 février 2025 à Baabda, Salam avait souligné son engagement envers la reconstruction et la stabilité, notamment via l’application de la résolution 1701 des Nations unies pour sécuriser la frontière sud avec Israël. Cependant, le blocage des nominations risque de retarder ces priorités, alors que le Liban doit respecter un calendrier serré imposé par le cessez-le-feu avec Israël, expirant le 18 février 2025, et les attentes des bailleurs internationaux.

Un système sous tension

Ce différend s’inscrit dans le cadre du système confessionnel libanais, établi par les accords de Taëf en 1989, qui répartit le pouvoir entre les communautés religieuses. Les nominations administratives, bien que non codifiées dans cet arrangement, sont devenues un terrain de négociation entre partis pour consolider leur influence. Le Hezbollah, bien que discret sur ce dossier spécifique, soutient tacitement Berri, tandis que d’autres factions, comme les Forces libanaises, pourraient chercher à exploiter ces tensions pour affaiblir leurs rivaux.

Le Liban traverse une crise économique sans précédent depuis 2019, avec une dévaluation de la livre libanaise, une inflation record et une pauvreté touchant plus de 80 % de la population, selon les chiffres de l’ONU en 2023. Les réformes demandées par le FMI – restructuration bancaire, transparence budgétaire – dépendent d’une administration efficace, rendant ce blocage d’autant plus préjudiciable. Lors d’une visite dans le sud le 28 février, Salam avait promis aux habitants des villages frontaliers une reconstruction rapide, mais ces engagements restent suspendus à la résolution des conflits internes.

Enjeux et perspectives

La réunion à venir du Conseil des ministres pourrait aboutir à un compromis temporaire, comme un partage des postes disputés entre les camps de Berri et Bassil. Cependant, sans réforme du processus de nomination, le problème risque de se reproduire, minant la crédibilité de Salam. Ce dernier, fort de son passé à la Cour internationale de justice, pourrait tenter de promouvoir des candidats indépendants pour réduire l’emprise des partis, mais cette approche nécessiterait un soutien parlementaire difficile à obtenir.

Alors que le Liban lutte pour sa survie économique et sa stabilité politique, le blocage des nominations administratives sous Nawaf Salam illustre les défis d’un système où les intérêts partisans priment souvent sur l’intérêt national. La réunion du Conseil des ministres sera scrutée de près, tant par les Libanais que par la communauté internationale, qui attend des signes concrets de progrès dans un pays au bord de l’effondrement.

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Newsdesk Libnanews
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