Les derniers articles

Articles liés

Dans la presse: Nawaf Salam à la tête du Liban, un gouvernement réellement pour le renouveau ?

- Advertisement -

Le 8 février 2025, le président libanais Joseph Aoun a signé les décrets officialisant la formation du gouvernement dirigé par Nawaf Salam. Après 26 jours de négociations ardues, ce gouvernement voit enfin le jour, mais sa composition soulève déjà des interrogations. Alors que le Premier ministre promet des réformes et un redressement économique, la forte présence du secteur bancaire parmi les ministres suscite des doutes sur la capacité du cabinet à négocier efficacement avec le Fonds monétaire international (FMI) et à mener une restructuration crédible du système financier.

D’après Al Quds (9 février 2025), ce gouvernement marque une rupture avec les précédents en n’incluant pas de « tiers de blocage », évitant ainsi qu’une seule faction politique puisse paralyser son action. Toutefois, si Nawaf Salam se veut le porteur d’un changement, l’influence de figures issues du monde bancaire, dont 11 membres de conseils d’administration de banques libanaises, dont trois de la banque Saradar, risque de biaiser les réformes nécessaires à la relance du pays.

Un accouchement difficile dans un contexte explosif

La formation de ce gouvernement a été marquée par des tensions politiques intenses. Selon Al Sharq Al Awsat (9 février 2025)le Hezbollah et le mouvement Amal ont tenu à conserver des portefeuilles stratégiques, notamment le ministère des Finances. En face, le Courant patriotique libre et les Forces libanaises ont cherché à maximiser leur influence sur les ministères régaliens.

L’un des blocages majeurs a concerné la nomination du cinquième ministre chiite, un point de friction qui a retardé l’annonce du gouvernement de deux jours. Finalement, après des négociations tendues, Fadi Maki a été nommé au ministère du Développement administratif.

Les pressions extérieures ont aussi pesé dans le processus. Al 3arabi Al Jadid (9 février 2025) souligne que la France et les États-Unis ont insisté pour la formation rapide d’un cabinet apte à mettre en œuvre des réformes économiques profondes. De leur côté, les pays du Golfe, autrefois piliers du soutien financier libanais, ont posé leurs conditions : une politique plus transparente et un éloignement du Hezbollah des décisions économiques stratégiques.

Une composition marquée par l’influence des banques

Ce gouvernement de 24 ministres présente une particularité inquiétante pour les négociations avec le FMI : la présence massive de figures issues du secteur bancaire. Selon Al Quds (9 février 2025)11 ministres ont occupé des postes dans des conseils d’administration de banques libanaises, dont trois pour la banque Saradar.

Cette forte représentation du « parti des banques » pourrait entraver toute réforme sérieuse du système financier. Le FMI réclame une restructuration profonde du secteur bancaire, avec un effacement d’une partie des pertes et une contribution des banques au redressement économique. Or, les ministres issus du monde bancaire pourraient chercher à protéger les intérêts des établissements financiers, ce qui limiterait l’ampleur des réformes.

L’économiste Ali Zaatari, cité par Al Sharq Al Awsat (9 février 2025), explique que « sans une réforme bancaire ambitieuse, la population continuera de payer la crise par une inflation galopante et une dévaluation sans fin de la livre libanaise ».

Répartition des ministères : équilibre fragile et enjeux politiques

D’après Al Quds (9 février 2025), le gouvernement de Nawaf Salam est composé de profils mixtes entre figures politiques et technocrates, mais le Hezbollah et Amal conservent des ministères clés.

Voici la répartition des principaux ministères :

  • Premier ministre : Nawaf Salam
  • Vice-Premier ministre : Tarek Mitri
  • Ministre de l’Intérieur : Ahmad Al-Hajjar
  • Ministre des Finances : Yassine Jaber
  • Ministre des Affaires étrangères : Youssef Raji
  • Ministre de la Défense : Michel Mounseh
  • Ministre de l’Économie et du Commerce : Amer Al-Bassat
  • Ministre de l’Énergie et de l’Eau : Joseph Sadi
  • Ministre de la Santé publique : Rakan Nasreddine
  • Ministre de la Justice : Adel Nassar
  • Ministre des Télécommunications : Charles Al-Haj

Plusieurs de ces ministres, en particulier à l’Économie et aux Finances, sont étroitement liés aux banques, ce qui soulève des doutes sur leur volonté de mener une restructuration douloureuse du système bancaire.

Les défis majeurs du gouvernement

Le gouvernement Nawaf Salam se retrouve face à des défis colossaux. En tête de liste, la négociation avec le FMI, indispensable pour débloquer des financements et stabiliser l’économie. Or, les discussions risquent d’être entravées par les tensions internes sur la gestion de la crise bancaire.

Autre dossier brûlant : la réforme de la gouvernance et de la lutte contre la corruption. Nawaf Salam a promis un renforcement de la Commission nationale de lutte contre la corruption et une réforme judiciaire. Mais selon Al Sharq Al Awsat (9 février 2025), plusieurs ministres nommés ont été impliqués dans des affaires de favoritisme, ce qui pourrait freiner toute tentative de réforme en profondeur.

Le gouvernement devra aussi gérer la crise énergétique qui paralyse l’économie. Les tentatives de réformer Électricité du Liban (EDL) ont toujours échoué face aux intérêts des partis politiques, notamment du Hezbollah et du Courant patriotique libre.

Enfin, sur le plan diplomatique, Nawaf Salam devra rétablir les relations avec les partenaires internationaux. Selon Al Quds (9 février 2025)la France et les États-Unis attendent des gestes concrets, notamment un engagement plus ferme contre la corruption et une réforme sérieuse du secteur bancaireLes pays du Golfe, quant à eux, restent prudents et conditionnent toute aide à une stabilité politique durable.

Un gouvernement sous surveillance

La nomination de Nawaf Salam marque un tournant potentiel pour le Liban, mais sa composition même contient les germes de conflits internesL’influence des banques, la présence de figures controversées et les tensions politiques latentes risquent de limiter sa capacité à mettre en œuvre des réformes structurelles.

L’avenir du pays dépendra de la capacité de ce gouvernement à surmonter les divisions et à restaurer la confiance de la population et des bailleurs de fonds. Mais face aux résistances internes et aux intérêts bien ancrés, l’espoir d’un redressement rapide semble encore fragile.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

A lire aussi